Buralistes de Meurthe-et-Moselle : La transformation continue, les interrogations se multiplient

«Un bureau de tabac qui ne se mue pas rapidement en véritable drugstore est voué tout simplement à disparaître.» Ce message, Hervé Garnier, le président de la Fédération des buralistes de Meurthe-et-Moselle et vice-président national n’a de cesse de le rappeler depuis le début du lancement du vaste programme de transformation engagé par ces commerces de proximité depuis 2018. «Aujourd’hui, le tabac représente 50 % de mon CA, l’autre moitié est réalisée par les différents autres produits.» Depuis un an, il a repris un établissement au cœur d’Essey-lès-Nancy où il adopte la même stratégie qu’il a mise en place pendant plus de vingt ans dans son ancienne affaire dombasloise. 

Le fonds de transformation présent et le nouveau protocole d’accord signé avec l’État qui coure jusqu’en 2027 doivent permettre au réseau des quelque 23 300 buralistes de l’Hexagone de réaliser cette mutation déjà en marche. Fin octobre, il en a de nouveau été question à l’occasion du congrès national de la Confédération des buralistes à Paris avec la présence de Thomas Cazenave, ministre délégué aux Comptes publics (le ministre de tutelle des buralistes) et Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des PME, du commerce et de l’artisanat. «L’objectif est d’atteindre au niveau national, 10 000 points de vente transformés à l’horizon 2027», assure Hervé Garnier.

Amazon et distributeurs bancaires

La Meurthe-et-Moselle n’est ni bonne ni mauvaise élève en la matière. Un peu plus de 30 % des adhérents de la fédération (184 au dernier chiffre de l’AG de mars dernier) ont ouvert un dossier de transformation. «Notre force aujourd’hui réside dans la diversification de notre offre.» Une offre de plus en plus variée. À côté des services traditionnels de distribution de la presse, des jeux, d’autres services comme les différents paiements de proximité de certains impôts et factures de la Direction générale des finances publiques, le dépôt et retrait de colis ou encore des services de néo-banque sont aujourd’hui présents. À l’horizon 2024-2025, le géant Amazon devrait avoir ce réseau de distribution ancré sur les territoires dans son offre «en complément du réseau qu’il possède déjà.» La société Loomis, spécialisée dans la gestion et le transport de fonds, passera par le réseau des buralistes pour des distributeurs bancaire à l’intérieur des bureaux de tabac. 

Ce nouveau service sera présenté à l’occasion du prochain salon des maires (du 21 au 23 novembre à Paris). Autre diversification : le marché de la cigarette électronique. Les buralistes ont réussi à se positionner avec un départ raté au début de l’émergence du vapotage dans l’Hexagone. À l’occasion du Mois sans Tabac, certains buralistes abattent de nouveau la carte du Mois de la Vape pour accompagner cette opération de santé publique même si l’opération commence à s’essouffler. 

À cette transformation en marche s’additionne les préoccupations toujours récurrentes à cette profession. Élisabeth Borne, la Première ministre a annoncé il y a un peu plus d’un mois qu’il n’y aurait pas de hausse de la fiscalité sur le tabac l’an prochain. «Il n’y aura pas de hausse sur la fiscalité mais le prix du tabac sera indexé sur l’inflation. Conséquence directe, les paquets vont prendre entre 40 et 50 centimes», assure Hervé Garnier. «Si on additionne à cela, un retour en arrière au niveau du nombre de cartouches possibles à ramener par personne des pays européens qui est aujourd’hui limité à une cartouche, cela va naturellement augmenter les marchés parallèles.» Référence faite à l’annonce fin septembre du Conseil d’État qui a donné six mois à l’État français pour prendre un décret pour relever les quantités de tabac que les Français sont autorisés à ramener chez eux depuis un pays de l’Union européenne pour s’aligner avec la réglementation européenne qui fixe ce seuil à 4 cartouches par personne. Côté santé publique, on peut mieux faire...