Entretien avec Joseph Graceffa, président du Clusir Nord de France
«La surface d'attaque est devenue énorme»
Le Clusir Nord de France, fondé en 2001, réunit chaque mois les experts sécurité des entreprises régionales aussi bien des TPE, start-up, PME et ETI afin d'échanger sur les bonnes pratiques en matière de cybersécurité et d'aborder des thématiques bien précises relatives à l'amélioration de la sécurité des systèmes d'information. À l'heure où les cyberattaques n'épargnent plus personne, ce club de réflexion, d'échanges et de sensibilisation témoigne de toute son importance. Rencontre avec Joseph Graceffa, président du Clusir Nord de France.
La Gazette. Le Clusir est vu comme l'association de référence de la sécurité du numérique en France. Que pouvez-vous nous dire sur le Club Nord de France qui a plus de 20 ans d'histoire ?
Joseph Graceffa. Nous sommes le plus gros Clusir de France mais aussi l'un des plus
anciens ! Notre association réunit à la fois les
professionnels de la cyber et de la sécurité de l'information. Nos
membres sont dans le partage d'expérience. Plusieurs volets font
l'objet d'échanges à savoir comment se protéger face aux attaques,
comment la traiter, comment sensibiliser les collaborateurs, comment
assurer une mise en conformité des systèmes, etc... Certains
membres sont plus impactés mais tous traitent le sujet sérieusement.
On se nourrit de tous nos échanges. La parole
libérée, c'est l'une des forces du club. Le fait d'être installé
dans une région de cyber donne également tout son sens au club.
Qui
compose le Clusir Nord de France ?
Notre
club compte une cinquantaine de membres qui s’engagent
à promouvoir une politique active de sécurité dans leur
organisation. On
retrouve les entreprises utilisatrices, qui peuvent avoir subi des
cyber attaques et qui ont des besoins en matière de sécurité de
l'information. Cela concerne toute taille d'entreprise, des PME en
passant par les ETI aux grands groupes. Il y a également les
offreurs. Ce sont des vendeurs de service mais qui ne sont surtout
pas là pour vendre mais pour partager et sensibiliser. Le Clusir se
compose à 80% d'utilisateurs et 20% d'offreurs. C'est avant tout un
club d'utilisateurs de la sécurité, c'est l'essence même du club.
Le troisième type d'adhérents concerne les TPE et les start-up de
moins de dix collaborateurs. Ils font partie du Clusir en tant
qu'offreurs et seront trois en 2023.
Comment est structurée l'association et qu'est-ce qui est mis en place chaque mois ?
Nous avons un conseil
d'administration de huit personnes. Les décisions sont prises par
les responsables sécurité d'entreprises utilisatrices. Notre clusir
organise entre 8 à 10 rencontres par an. On se réunit chaque mois
autour de réunions, d'afterwork et de tables rondes avec un sujet,
une thématique bien précise. À titre d'exemple, les dernières
réflexions ont porté sur un retour d'expérience d'une cellule de
crise après une cyber attaque. Un sujet qui a réuni 75 personnes.
Ou encore dernièrement une thématique portée sur la réglementation
NIS2 (comparable au RGPD), qui arriverait en 2024 pour les
entreprises.
Les menaces sont-elles plus nombreuses,
plus dangereuses qu'il y a 10 ou 15 ans ?
Au début des années
2000, nous vivions la même chose avec des attaques de virus, des
malveillances. Il s'agissait exactement des mêmes techniques de
menace. Ce sont les technologies et le cloud qui ont évolué.
Aujourd'hui, ce ne sont pas des attaques à la même échelle. La
surface d'attaque est beaucoup plus grande. Actuellement, il y a
également la question de l'obligation de protection. Les amendes
peuvent atteindre jusqu'à 4% du chiffre d'affaires d'une entreprise
pour non respect du RGPD. Ce qui amène les entreprises à traiter
davantage leurs risques, à mettre en place des systèmes de
protection et à dresser un plan de sécurité. Il faut que les
entrepreneurs mettent les moyens. La surface d'attaque est devenue
énorme. Enfin, je ne dirai pas que la menace est plus dangereuse
mais plutôt qu'on en parle beaucoup plus. Il y a des conférences
sur la cyber, des grands événements dédiés à ce sujet comme le
FIC par exemple, donc on a l'impression que la menace est plus forte.
Comment se porte le marché de la cyber ?
C'est un marché
grandissant, passionnant et en perpétuelle évolution. Il suit une
croissance à 2 chiffres et pèse des milliards, c'est indéniable.
Mais aujourd'hui, la filière cyber ne compte pas assez de personnes
pour traiter la menace. Il manque environ 2 millions de personnes...
Qu'attendez-vous du FIC 2023 ?
L'objectif est de
rassembler nos membres. On les invite à passer du temps entre eux
sur le salon. Pour nos membres, l'idée est de faire de la veille, voir
le maximum de partenaires et prestataires. Notre stand reste le plan
d'ancrage pour rassembler nos membres.
Quel regard portez-vous sur le campus cyber ?
C'est très bien pour la
métropole lilloise d'héberger une structure d'une telle dimension !
Nous sommes contents que le campus cyber soit implanté à Lille et
non à Paris, cela confirme le fait que nous sommes une région de
cyber. En France, les 3 grandes régions de cyber sont
l'Ile-de-France, les Hauts-de-France et la Bretagne. Si le campus
cyber nous sollicite, nous interviendrons bien entendu mais pour le
moment nous regardons ça de loin.
Quelle est votre feuille de route pour les années à venir ?
Etre toujours plus
nombreux dans l'aventure ! Nous souhaitons nous ouvrir davantage
aux start-up. Puis l'idée d'ici les prochaines années est
d'apporter toujours plus de valeur à nos membres, partager des
sujets, des débats toujours plus intéressants et arriver à garder
cette énergie collective.