La Socarenam livre deux chalutiers pour des armateurs de Saint-Brieuc

Les lancements de navires s’enchaînent à la Socarenam de Boulogne. Huit mois après la mise à l’eau de l’Arpège et du Melizenn, le chantier naval, qui a vraiment retrouvé la pêche, a encore lancé deux chalutiers, simultanément le vendredi 6 mai.

Le Maranello.
Le Maranello.
D.R.

Le Maranello.

 

D.R.

Le Marguerite.

Le Marguerite (25 mètres) est de nouveau destiné à l’armateur des Côtes d’Armor Jean Porcher, habitué du chantier boulonnais depuis plus de vingt-cinq ans. C’est son 17ème ou 18ème navire… quand on aime, on ne compte pas !

Le Maranello (21,50 mètres), au design profilé, va également rejoindre la baie de Saint-Brieuc et la flottille des armateurs Jimmy Eouzan et Antoine Travadon qui avaient déjà fait confiance à Socarenam en 2012 et en 2014 pour la construction de leurs Stradale et Scuderia.

Daytona, Modena, Stradale et Scuderia hier, Maranello aujourd’hui… Antoine Travadon et la famille Eouzan  – dont Emile, le patron fondateur – restent fidèles à l’admiration qu’ils vouent tous aux modèles de Ferrari, à la beauté de leurs lignes tendues et à la compétition automobile. Le mythique cheval cabré noir sur fond jaune du célèbre constructeur italien est affiché à l’extérieur de la passerelle en aluminium.

Si le pêche arrière à pont couvert de l’armateur Porcher, conçu pour accueillir un équipage de sept marins affiche une jauge de 200 UMS et dispose d’une cale à poissons de 96 m3, le second est un peu plus modeste : 150 UMS, équipage de 6 hommes, 72 m3 de cale. D’ores et déjà, Porcher et Eouzan-Travadon ont resigné, chacun, pour un sister-ship. Pour ce dernier, ce sera le California : la découpe des tôles est déjà en cours.

Socarenam garde la pêche. La société, confirme son patron Philippe Gobert, « mettra également à l’eau l’an prochain deux chalutiers de 25 mètres  pour les frères Sagot (Le Tréport), un de 22,50 m pour David et Sophie Leroy de l’Armement Cherbourgeois, déjà propriétaire du Maranatha II construit lui aussi à Boulogne, et un de 16 m 50 pour le Lorientais Jean-Pierre Camenen. Nous faisons le pari du renouvellement de la flottille française. Il n’y a pas eu de renouvellement depuis dix ans, mais ça devient un impératif et cela représente un vrai potentiel pour nous. »

L’innovant Arpège s’inscrit dans cette volonté. Ce prototype d’un modèle de chalutier du futur plus économe, plus sûr et plus respectueux de l’environnement, sélectionné par l’Ademe, doit bien sûr constituer un atout. « Nous disposons d’un modèle éprouvé, point de départ d’une construction en série, même si l’économie d’énergie est moins recherchée par les armateurs à l’heure où le prix du carburant a diminué de moitié, estime Philippe Gobert. Nous étudions comment l’industrialiser de façon à réduire son coût face à un chalutier classique qui tourne autour de 3 millions d’euros. Nous avons des touches auprès d’armateurs français. »

Parallèlement, le chantier doit encore livrer, d’ici un an, trois bateaux « gris » : le garde-côtes Seudre (32 m) pour les douanes de Royan (mi-juillet), les patrouilleurs léger La Confiance pour la Guyane (septembre) et la Résolue (été 2017). « Pour ces trois navires, précise l’attaché de direction Matthieu Gobert, la coque est construite sur le site de Saint-Malo et acheminée à Boulogne pour y être armée. » Fin 2016, sera aussi livré le baliseur multifonctions Sirius (45 m) pour l’administration flamande Dab Floot à Ostende, dont la coque construite en Pologne vient d’être remorquée jusqu’au port de Boulogne. Au total, seize navires sont à terminer avant la fin 2017.

Dans un souci de diversification, la Socarenam, qui emploie entre 200 et 250 salariés pour un chiffre d’affaires de 44 millions d’euros en 2015, répond effectivement à tous les appels d’offres et à tous ses clients potentiels. Jusqu’à la taille de 60 mètres et même au-delà, le chantier boulonnais, et ses sites de Saint-Malo et désormais d’Etaples-sur-Mer, sont candidats à la construction de tout engin flottant, en acier ou en aluminium, tandis que Dunkerque et Calais sont plutôt spécialisés dans la réparation navale, la transformation et la chaudronnerie industrielle.

Benoît LOBEZ