International
La reprise économie mondiale entravée
Le Fonds Monétaire International (FMI) vient de revoir fortement à la baisse ses prévisions de croissance dans le monde. L’Union européenne n’est pas épargnée par ce ralentissement…
Dans ses dernières prévisions du mois de janvier, le FMI anticipe une reprise économique entravée par une conjonction de facteurs négatifs, de sorte que la croissance mondiale devrait passer de 5,9 % en 2021 à 4,4 % en 2022 et 3,8 % en 2023. Les deux plus grandes économies, les États-Unis et la Chine, connaîtront une décélération sensible, la première passant de 5,6 % en 2021 à 4,0 % en 2022 (2,6 % en 2023) et la seconde de 8,1 % en 2021 à 4,8 % en 2022 (5,2 % en 2023). Cette situation est d’autant plus ennuyeuse, que beaucoup attendaient de la Chine qu’elle tire la croissance des autres régions du monde, alors même que les nuages noirs s’amoncellent depuis un certain temps : perturbations de la production liée à la résurgence de foyers de Covid-19 - malgré une politique de tolérance zéro - et aux pannes d’électricité, recul des investissements immobiliers et même des investissements publics, etc. Et il semble flotter comme un soupçon de repli national dans l’Empire du Milieu… Quant aux États-Unis, entre taux d’activité en berne et inflation en hausse, le tout sur fond de vague de démissions dans le privé et de combats politiques incessants, la reprise économique demeure fragile.
Covid-19, toujours et encore…
Quelle que soit sa létalité, la variante Omicron se répand à vive allure dans le monde et oblige à prendre des mesures sanitaires défavorables à l’activité économique. De plus, rien n’indique à ce stade que la Covid-19 ne mutera pas encore une fois à la prochaine saison froide... Les prévisions du scénario de référence du FMI reposent alors sur l’hypothèse que «les effets sanitaires néfastes (maladies graves, hospitalisations et décès) atteignent de faibles niveaux dans la plupart des pays, d’ici à la fin de 2022.» En tout état de cause, il n’aura échappé à personne que le rythme de la vie (économique) se joue désormais en deux saisons : une accélération très forte de la circulation du virus de l’automne jusqu’à la fin de l’hiver, avec son lot de restrictions en tous genres (confinement, couvre-feu, fermeture de commerces et de lieux culturels…), puis un ralentissement progressif les six mois suivants, avec son lot de perspectives trop optimistes, et très vite démenties par la reprise de la pandémie.
Des prix à la hausse
Le FMI pointe également des facteurs économiques qui pèseront sur l’activité en 2022, dont les hausses de prix. Selon les régions du monde, cette augmentation résulte, certes de causes différentes, mais le dénominateur commun demeure la hausse des prix de l’énergie, en particulier en Europe et aux États-Unis. Par ailleurs, la reprise concomitante de toutes les économies après la première année de pandémie a conduit à de nombreux goulets d’étranglement, notamment dans les ports qui assurent le transport maritime de marchandises. Et si tout le monde garde en tête la pénurie de semi-conducteurs frappant l’industrie automobile, l’on oublie un peu vite les ruptures d’approvisionnement qui touchent désormais des produits de tous les secteurs, dont le bâtiment, le textile et même la papeterie ! De là, une augmentation des prix des produits importés, pourtant indispensables à l’activité économique. Et face à des anticipations d’inflation revues à la hausse, les Banques centrales sont en passe de resserrer leurs conditions monétaires, ce qui pourrait limiter encore plus la croissance.
La zone euro à la peine
L’économie de la zone euro n’échappera pas au ralentissement mondial, puisque les facteurs négatifs évoqués ci-dessus sont également à la manœuvre sur le vieux continent. Dès lors, le FMI prévoit que le taux de croissance ne sera plus que de 3,9 % en 2022 et même 2,5 % en 2023, contre 5,2 % en 2021 ! En Allemagne, en particulier, le taux de croissance atteindrait 3,8 % cette année, et seulement 2,5 % en 2023 (respectivement, 3,5 % et 1,8 % en France), contre 2,7 % en 2021 (6,7 % en France). Il est vrai que l’industrie allemande, très dépendante des exportations, subit de plein fouet les ruptures dans les chaînes d’approvisionnement et il n’est donc pas certain que les appels à «une économie sociale et écologique de marché» par les écologistes allemands soient en mesure de changer durablement les perspectives. Quant à l’économie française, si elle a plutôt bien traversé la pandémie, c’est au prix d’un soutien public massif. Mais globalement, dans la zone euro, si la demande est forte pour certains types de biens, elle reste timorée dans son ensemble, les ménages européens n’ayant, à l’évidence, pas fait le choix de dépenser immédiatement leur épargne de précaution. Du moins, pour ceux qui en disposent…
Raphaël DIDIER