Conjoncture
La relance de l’activité, priorité des chefs d’entreprise
Après une crise sanitaire et économique jugée «déstabilisante», 55 % des chefs d’entreprise donnent la priorité à la relance de leur activité. Avec combativité et meilleur moral. Et ils comptent préserver l’équilibre entre leur vie personnelle et professionnelle, selon la Fondation d’entreprise MMA des Entrepreneurs du Futur.
Les patrons sont prêts à relever le défi de la relance économique, après des mois d’incertitudes. La majorité des dirigeants d’entreprises ont jugé la crise sanitaire comme «déstabilisante» (68 %) et «fragilisante» (56 %). L’impact a été très hétérogène selon les secteurs d’activité, confirme l’enquête OpinionWay pour la Fondation d’entreprise MMA des Entrepreneurs du Futur(*). Dans les services aux particuliers, cette période a été perçue comme «déstabilisante», alors qu’elle a été jugée «transformatrice» dans le secteur de la santé. Les disparités se creusent également en fonction des régions : les dirigeants sont nettement déstabilisés (80 %) ou fragilisés dans la région Grand Est, fortement impactée par la crise sanitaire, en 2020.
De nouvelles actions appliquées
La pandémie de la Covid-19 et ses conséquences économiques ont déclenché de nouvelles pratiques professionnelles et personnelles chez les dirigeants d’entreprises, précise l’étude. Afin de maintenir leur activité durant la crise, sept dirigeants sur dix ont ainsi mis en place de nouvelles actions, notamment la rationalisation des coûts, la transformation digitale et la diversification des services. Et une grande majorité (87 %) prévoit de pérenniser au moins une de ces mesures, dont le déploiement varie selon les secteurs d’activité : dans les services aux particuliers, les dirigeants misent sur la digitalisation des process, tandis qu’ils souhaitent diversifier leurs services dans le secteur du commerce. Côté vie personnelle aussi, la quasi-totalité des chefs d’entreprise ont l’intention de poursuivre les habitudes nées pendant la crise. Pour se sentir en forme, deux dirigeants sur trois ont instauré de nouvelles pratiques. Ils ont ainsi démarré une activité physique et sportive (53 %, + 18 points par rapport à 2020) et se sont ressourcés grâce à leur entourage (+ 13 points).
Un moral plutôt «au beau fixe»
Dans un contexte de relance économique, les chefs d’entreprise révèlent un fort sentiment de combativité et d’investissement. Ils expriment également une grande confiance quant à la mobilisation de leurs équipes et le retour de leurs employés sur site. Motivés pour l’avenir, les dirigeants restent attentifs au vécu de leurs collaborateurs et s’inscrivent dans une dynamique collective. Leur moral est plutôt «au beau fixe» , ils se disent «moins inquiets», 39 % contre 44 % en juin dernier, à l’exception des agriculteurs dont la moitié se montrent encore soucieux, dévoile l’étude.
Recrutement et les difficultés d’approvisionnement, motifs d’inquiétude
Pour Patrick Miliotis, directeur général de la Fondation MMA des Entrepreneurs du Futur «ce nouveau baromètre révèle une perception de la crise et des sources d’inquiétudes très différentes selon les secteurs d’activités et les territoires.» Le recrutement et les difficultés d’approvisionnement, notamment en matières premières, constituent les premiers motifs d’inquiétude évoqués par les dirigeants interrogés (42 et 41 %, respectivement). La crainte de se trouver confrontés à des contraintes d’approvisionnement est, sans surprise, plus élevée chez les dirigeants du secteur du BTP, tandis que le problème de recrutement préoccupe principalement les responsables d’ETI. En régions, si le recrutement reste une problématique en Nouvelle-Aquitaine, le manque de nouvelles opportunités est une autre contrainte soulevée par les dirigeants du Grand Est. Le niveau de crainte reste très disparate selon les territoires, selon l’étude : plus de la moitié des dirigeants se montrent inquiets en Bourgogne-Franche-Comté, alors que seuls 21 % partagent ce sentiment en Pays de la Loire.
En bonne forme psychologique
Côté santé, par rapport à l’année dernière, les chefs d’entreprise sont en meilleure forme psychologique, aussi bien sur le plan professionnel qu’au niveau personnel. Pour cette rentrée, quatre dirigeants sur dix n’ont signalé aucun problème de santé, hormis un mal de dos (44 %). Mais avec la reprise, ils font face à une montée de la charge de travail et, en conséquence, à davantage de stress : 56 % des dirigeants se sentent «débordés» et la moitié stressés (+ 6 points, par rapport à juin 2020).
(*) Étude menée auprès de 1 502 chefs d’entreprise interrogés par téléphone, du 30 août au 22 septembre 2021.
Aicha BAGHDAD et B.L