La région au ralenti
4 042 015 habitants dans 1 545 communes. Le Nord-Pas-de-Calais reste la troisième région française en termes démographiques. Mais, peu à peu, son poids se réduit (7,2% en 1982 et 6,4% en 2011), sa croissance stagne et son dynamisme démographique reste à réinventer.
C’est l’annonce du début de cette nouvelle année. L’Institut national de la statistiques et des études économiques (INSEE) a dévoilé les résultats du dernier recensement de la population du Nord-Pas-de-Calais. Au-delà de l’intérêt électoral à quelques mois des scrutins municipaux et européens, les derniers chiffres de l’Insee montrent un Nord-Pas-de-Calais toujours coincé dans un paradoxe démographique où l’on décrypte sans peine des fractures économiques pas encore guéries et leurs conséquences sur la mobilité des habitants. «L’atonie de la population régionale est imputable au manque d’attractivité de la région et non aux composantes démographiques naturelles», indique clairement l’Insee. Le dynamisme issu de la différence entre naissances et décès affiche pourtant un gain de plus de 22 000 personnes (supérieur à la moyenne nationale). En fait, là ou la région pêche, c’est sur le solde migratoire : on a beau faire des enfants, ils finissent par partir… Au final, la croissance naturelle des Nordistes stagne à + 0,12%. Une misère pour une région jeune et marquée par une très riche histoire migratoire qui rappelle combien elle avait été attractive.
Périurbanité. La population régionale tend à quitter les aires urbaines, renversant ainsi un mouvement né il y a une quarantaine d’année : «Jusque dans les années soixante-dix, les ménages ont bénéficié d’une attractivité résidentielle au détriment des espaces ruraux, concentrant alors la plus grande partie des gains de population, notamment du fait d’un excédent migratoire. Sur les 30 dernières années, elles ont connu une perte de vitesse au profit des espaces périurbains.» Sur le littoral, la décrue est du même type. A Boulogne-sur-Mer, Calais ou Dunkerque, la population décroît. C’est un cas unique qui va à rebours de l’inclinaison naturelle des êtres humains à vivre sur les côtes. «C’est vrai qu’il y a un haliotropisme très marqué sur les côtes françaises ou d’autres pays. Mais du Sud ou de l’Ouest. Sur la Côte d’Opale, il y a eu une industrialisation très forte», explique Arnaud Degorre, directeur régional de l’Insee. L’image seule est-elle rédhibitoire ? «L’attractivité dépend de la santé économique des pôles. A Dunkerque et à Calais, les difficultés économiques ne suscitent pas l’engouement, même si le chômage n’atteint pas des chiffres catastrophiques à Dunkerque.» Si l’image n’attire pas, elle ne pousse pas non plus les locaux à rester. «On observe des mouvements de populations locales vers les arrière-pays de la Côte. Des départs qui deviennent de plus en plus lointains», ajoute Arnaud Degorre.