La profession comptable veut être au service de la croissance

«Financement : les missions incontournables» : tel était le thème retenu par la fédération nationale des experts-comptables et commissaires aux comptes de France (ECF) pour leur 31e congrès national qui s'est tenu à Lille Grand-Palais les 10 et 11 septembre derniers.

Julien Tokarz, président de la fédération ECF.
Julien Tokarz, président de la fédération ECF.

 

D.R.

Julien Tokarz, président de la fédération ECF.

Syndicat représentatif de la profession avec l’Institut français des exparts-comptables et des commissaires aux comptes (IFEC), ECF est le syndicat majoritaire au niveau régional avec Hubert Tondeur à la présidence du Conseil régional de l’ordre des experts-comptables (CROEC) et Régis Gourlet, président de la Compagnie régionale des commissaires aux comptes (CRCC) près la cour d’appel de Douai, alors qu’au niveau national, c’est l’ECF Philippe Arraou qui préside le Conseil supérieur de l’ordre (CSO) et l’IFEC Denis Lesprit qui préside la Compagnie nationale des commissaires aux comptes (CNCC).

Deux jours durant, les 220 adhérents ECF qui avaient fait le déplacement à Lille ont pu s’informer et se former sur toutes les clefs nécessaires que sont pour la profession comptable les nouvelles sources de financement pour les entreprises. Les thématiques des ateliers de travail étaient à cet égard symptomatiques : «Tout savoir sur le crowdfunding», «Osez les financements bpi», Osez la cession de créances», «Financer l’entreprise en difficulté»…

Profession en mutation. Pourquoi avoir choisi cette thématique du financement comme enjeu de développement et de valeur ajoutée pour la profession comptable, thématique qui, au final, n’aura pas mobilisé au maximum ? «Dès qu’on sort des thèmes classiques de la fiscalité et du social, les confrères sont moins réceptifs», expliquait à la fin du congrès le président national d’ECF, Julien Tokarz, ajoutant toutefois : «pour l’instant». Car «c’est aussi le rôle d’un syndicat d’être précurseur et de ne pas s’interdire de tels sujets pour que les confrères les inscrivent dans leur stratégie. (…) Il faut que la profession fasse sa mue, c’est indispensable pour elle et pour l’économie.»

Le contexte de l’exercice comptable est connu. La profession est bien «au cœur de l’entreprise et même de l’économie française (pour travailler) avec 75% des PME et même à 90% des entreprises de 0/19 salariés . Pour autant, Julien Tokarz dit «avoir parfaitement conscience du ras-le-bol et des frustrations de la profession». En cause, ici, une administration qui «témoigne d’une reconnaissance à géométrie variable», à l’origine «d‘obligations administratives nombreuses, complexes, peu ou pas rentables et parfois contre-productives»… Conséquence : «des clients qui ne veulent plus payer pour des tâches administratives sans valeur ajoutée perçue».

ECF entend bien sûr trouver des solutions concrètes à ce malaise : «faire entendre la voix de la profession auprès des pouvoirs publics», mais aussi et surtout «accompagner de toute urgence les cabinets vers la dématérialisation pour automatiser au maximum la saisie et la partie déclarative pour réorienter nos équipes vers l’accompagnement de l’entreprise et de son dirigeant. (…) La révolution numérique, c’est un bouleversement auquel nous devons nous adapter très vite. Innover, c’est le meilleur moyen de lutter contre la crise». Julien Tokarz n’imagine pas un monde qui pourrait un jour se passer de la profession comptable : «Nos clients auront toujours besoin d’une vraie expertise pour agréger, interpréter et diagnostiquer les chiffres et les données. Nous allons être au service de la croissance plutôt qu’au service de l’Etat.»

Défis. Ceci dit, et pour développer les chances d’y parvenir, la profession doit répondre à plusieurs défis. Celui d’une profession mieux formée, et ECF plaide ici pour une évolution de la formation initiale avec des programmes en management de cabinet, en communication marketing, etc., à même de permettre l’évolution d’un professionnel qui accompagne parfaitement le chef d’entreprise. Celui aussi d’une inscription à l’Ordre de tous les diplômés, qu’ils travaillent en cabinet ou en entreprise, pour mieux «concurrencer les grands diplômes anglo-saxons». Celui encore d’une institution unique «à concrétiser dans les cinq prochaines années » par la fusion des deux institutions actuelles, CSO et CNCC, pour parler d’une seule voix et éviter un risque de scission que certains appellent de leurs vœux et qui a réuni contre lui 1 300 signatures via une pétition en ligne. Celui encore de l’interprofessionnalité, opportunité d’une palette d’offres supplémentaires à valoriser par les cabinets. «Notre profession est en mouvement permanent et de manière accélérée. Le débat est lancé… Nos missions évoluent, nous ne pouvons pas rester les bras croisés.» ECF s’est engagé à inscrire ces sujets dans son programme de mandature 2016-2020.