La première ligne de bus à hydrogène d’Europe inaugurée dans le Pas-de-Calais
Fin juin, le syndicat mixte des transports Artois Gohelle a inauguré la première ligne de bus à hydrogène d’Europe. Une révolution énergétique qui permet sur un territoire marqué par de nombreuses années d’extraction minière d’offrir un mode de transport plus écologique.
Le lancement de la première ligne de bus à hydrogène était attendu depuis plusieurs mois. Laurent Duporge l’avait annoncé il y a quelques semaines, lorsque le Syndicat mixte des transports Artois Gohelle (SMTAG) qu’il préside a inauguré le nouveau dépôt d’Houdain. Celui-ci abrite l’ensemble des installations permettant de faire fonctionner ces nouveaux bus à hydrogène, une des pièces maîtresses du nouveau réseau à haut niveau de service du bassin minier. «Nous avons eu un peu de folie. Nous avons été innovants parce que nous souhaitions être exemplaires et, aujourd’hui, nous en faisons la démonstration», a souligné Laurent Duporge. L’élu souhaite que le réseau s’inscrive dans la révolution énergétique et soit un modèle à suivre à l’échelle régionale mais aussi nationale. Une ambition pour un territoire plus connu pour l’industrie charbonnière que pour sa capacité à innover dans le domaine énergétique.
Coiffant au poteau Pau qui travaille sur un projet similaire, le SMTAG a mis en service une ligne de bus de 13 kilomètres permettant de relier Bruay-la-Buissière et Auchel, ainsi qu’une station-service permettant de recharger les bus. Cette ligne, 100% hydrogène, non polluante, s’inscrit dans un important projet de réorganisation et de rénovation du réseau lancé il y a plus de cinq ans, pour un montant total d’un peu plus de 405 millions d’euros (achat de nouveaux bus, travaux de voirie, rénovation des dépôts, mise en place d’un système de billetterie et de suivi en temps réel des bus). Le projet hydrogène aura quant à lui coûté 12,9 millions d’euros.
100% français
Le développement de ce bus hydrogène est un véritable défi industriel qui a nécessité plusieurs années de recherche et développement. Un groupement d’entreprises françaises a travaillé sur ce projet pour aboutir à un bus silencieux et respectueux de l’environnement. «Nous sommes fiers que ce projet soit une première française et même européenne. Nous le sommes aussi parce qu’il s’agit d’un projet 100% français. Preuve que notre pays est encore à la pointe dans ces domaines-là», a poursuivi le président du SMTAG. Parmi les entreprises qui ont contribué à la réalisation de ce bus, on trouve Safra qui produit le matériel roulant, avec à ses côtés Michelin, par sa filiale spécialisée dans la fabrication des piles à combustible Symbio, mais aussi Engie et McPhy qui ont développé la station-service hydrogène installée à Houdain. Le fonctionnement du nouveau bus à hydrogène est simple. «L’hydrogène est produit sur place grâce à un procédé d’électrolyse de l’eau. L’opération permet de séparer les molécules d’oxygène et d’hydrogène. Ce dernier est stocké et comprimé, et sert à alimenter la batterie par l’intermédiaire d’une pile à combustible», développe Sophie Masure, chef de projet au Syndicat mixte. Le plein des quatre réservoirs d’hydrogène se fait en moins d’un quart d’heure. Celle solution offre également une autonomie supérieure à l’utilisation de batteries. Elle assure également de la flexibilité dans l’exploitation des véhicules et est, enfin, 100% écologique puisqu’elle ne rejette dans l’atmosphère que de la vapeur d’eau. Six bus emprunteront cette ligne, ils parcourront 420 000 kilomètres par an et permettront d’économiser annuellement un peu plus de 530 tonnes de CO2. Pour les usagers, tout sera transparent : le bus à hydrogène offre les mêmes prestations de service que les bus thermiques, le bruit et la pollution en moins.
D’autres projets
Les Hauts-de-France sont engagés, depuis l’arrivée de Xavier Bertrand et de son équipe, vers le développement durable et la troisième révolution industrielle (rev3). La ligne de bus à hydrogène s’inscrit donc parfaitement dans cette dynamique qui mêle environnement, mobilité et emploi. Si actuellement de nombreux projets sont en cours de développement à l’échelle de la région (ndlr : 1 000 ont été recensés), Xavier Bertrand souhaite «passer à la vitesse supérieure et aller encore plus loin pour rester un territoire à la pointe et servir d’exemple». De fait, avec le bus à hydrogène du SMT, il s’agit d’un pari sur l’avenir pour atteindre le zéro carbone. D’ailleurs Thierry Mallet, PDG du groupe Transdev qui exploite le réseau TADAO sur le bassin minier dans le cadre d’une délégation de service public, l’assure : «L’hydrogène, ça fonctionne, c’est aujourd’hui, une réalité économique, même si nous devons encore optimiser les coûts». L’enjeu industriel est fort, il s’agit aussi d’une voie d’avenir pour le transport routier…