«La plus grosse galère a été la course aux équipements de protection»
Avec son mari, Stéphanie Pauzat dirige l’entreprise familiale de propreté, laquelle se sort plutôt bien de la crise. La dynamique semble revenue, même si la prudence reste de mise. Durant la pandémie, les prestations de désinfection ont compensé la diminution de visites chez des clients, obligés de fermer.
A quoi ressemblait Mil Eclair, avant que ne commence la crise ?
Notre activité consiste principalement dans l’entretien régulier ou ponctuel de locaux professionnels, auquel s’ajoutent d’autres prestations comme le nettoyage en fin de chantier, ainsi qu’une partie hôtellerie. Basée en Normandie et à Paris, l’entreprise compte 500 salariés, soit 250 ETP, pour un chiffre d’affaires de 8,5 millions d’euros. 60% environ de notre clientèle appartient au secteur privé : médical, syndics de copropriété, bureaux…tous les secteurs sont présents. Mon père avait créé l’entreprise en 1980, équipé de son scooter et d’une raclette… En 2009, après avoir travaillé dans le secteur bancaire, j’ai racheté ses parts. Et si j’ai choisi de devenir chef d’entreprise, c’est parce que j’ai l’âme entrepreneuriale, mais aussi parce que je considère que l’entreprise a un rôle à jouer dans la société et sur son territoire. C’est pourquoi nous sommes engagés dans une démarche RSE. Par exemple, nous travaillons avec des produits éco-labélisés lorsque c’est possible, ce qui n’est pas toujours le cas, notamment en désinfection.
La pandémie… choc ou opportunité, pour une entreprise de propreté ?
Durant la crise, nos équipes ont été exceptionnelles. Chacun a donné beaucoup d’énergie pour que l’activité se poursuive. Dès l’annonce du confinement, nous avons dû nous adapter en 48 heures, notamment en mettant en place le télétravail pour le personnel administratif et les chargés de clientèle. Mais la plus grosse galère a été la course aux équipements de protection, masques et gel hydroalcoolique. Il fallait protéger nos salariés, tout en continuant à répondre aux demandes des clients restants. Une partie d’entre eux, comme les commerces ou les restaurants, ont fait l’objet d’une fermeture administrative. Et l’hôtellerie s’est arrêtée du jour au lendemain. Nous avons dû mettre une partie des salariés au chômage partiel, dont 60 femmes de chambre. En 15 jours de mars, nous avons perdu 50% de notre chiffre d’affaires. Ce qui nous a permis de maintenir notre activité se sont les cabinets médicaux, les cliniques, les halls d’immeuble… A cela, se sont ajoutées des prestations de désinfection qui ont fini par compenser les pertes. Aujourd’hui, hors hôtellerie, nous avons regagné plus de 96% de notre chiffre d’affaires. Par rapport à d’autres secteurs, nous ne nous plaignons pas…
Votre activité se transforme-t-elle ?
En Normandie, nous espérons continuer sur notre dynamique actuelle, qui est plutôt positive. En revanche, à Paris, nous manquons de visibilité sur l’hôtellerie, où nous sommes toujours à 30% environ de notre activité normale. Le plan de relance devrait avoir un impact sur notre activité, mais de manière indirecte et différée, en générant de nouvelles dynamiques dont nous devrions bénéficier. Pour anticiper de potentielles difficultés de paiement de clients, nous n’avons pas touché au PGE [Prêt garanti par l’État, NDLR] que nous avons obtenu et nous avons mis en place des process de relance rigoureux. Aujourd’hui, la situation est plus fluide, mais durant le confinement, il y a eu des retards importants. Sur le fond, la crise n’a pas révolutionné les services que nous proposons. Simplement, à présent, nous intégrons quasi systématiquement la désinfection dans nos prestations. Vis à vis de nos clients, nous tenons davantage un discours de valorisation de notre travail : c’est un vrai métier qui leur garantit un environnement plus agréable et plus sain. C’est aussi une manière de lutter contre le Covid ensemble…
Anne DAUBREE