La planète Communication à la recherche de sens...
Événements reportés, publicités en pause, budgets annulés, les professionnels de la communication de la région ont été touchés de plein fouet par la crise sanitaire. Reste que cette période délicate les à inciter à se repositionner, à construire de nouveaux modèles, histoire de continuer à perdurer dans leur mission de faire passer des messages. Certains se sont engouffrés dans des brèches inexplorées y voyant des marchés plus ou moins juteux, avec plus ou moins de réussite. À l’heure où le déconfinement s’accélère où le retour à une vie sociale et interactive semble réellement apparaître, c’est un nouveau challenge qui s’annonce : celui de retisser du lien dans, et en dehors, des structures et de tenter de recréer de l’émotion. Le tout en canalisant et maîtrisant les outils digitaux et numériques.
«La pandémie, les confinements, la crise sanitaire, ont considérablement réduits et meurtris les relations sociales. La distanciation est devenue la règle. Dans les entreprises, le lien avec les collaborateurs est difficile à garder. La donne est la même à l’extérieur avec les clients. Tout, ou quasiment tout, a été remplacé par une communication numérique extrême et aux dérives certaines. Les échanges ont perdu en réelle proximité et en émotions.» Constat établi début avril par un professionnel lorrain de la communication par l’objet média. «Il devient impératif de permettre de proposer de nouvelles façons de communiquer. Offrir une nouvelle alternative dans une philosophie positive tout en gardant l’ADN d’une communication ciblée.» Retisser du lien, aussi bien en interne, qu’en externe apparaît aujourd’hui le maître mot des différents professionnels et secteurs gravitant dans l’univers de la communication. «C’est l’un des principaux enseignements de la période que nous vivons, retisser du lien devient primordial et tout simplement vital pour la survie des structures et des organisations.»
Canaliser les nouveaux supports
Quid du comment ? Cette sortie progressive d’une certaine forme de léthargie masquée par une recrudescence, une invasion inclusive de communication via les différents outils digitaux, entraîne les professionnels, en région comme partout dans l’Hexagone, à se repositionner, évoluer et tenter de faire naître de nouvelles formes de communication. «Les nouveaux canaux de diffusion que nous connaissons tous ont littéralement explosé ces derniers temps. Il ne faut pas aborder ou considérer ces canaux de diffusion comme des concurrents aux médias et moyens traditionnels classiques. Ils sont complémentaires et chacun se nourrit l’un de l’autre», assure le pilote d’une agence média nancéienne. Reste à maîtriser, canaliser, ces nouveaux supports de communication. Pendant les périodes de confinement, les virages à 360 degrés de certains professionnels s’orientant vers le développement de nouvelles approches de communication (à l’image du développement des outils vidéo sur les réseaux sociaux) s’affichent comme autant de tests, d’expérimentation pour tenter de construire la communication de demain. «Les différentes évolutions technologiques que nous connaissons révèlent surtout l’omniprésence de toutes sortes de communications. La communication devient de plus en plus globale et intégrée. Cette vision plus globale et plus intégrée concerne dès lors aussi la mesure et le contrôle de l’efficacité de l’ensemble des actions mises en œuvre pour promouvoir l’entreprise ou la marque», analyse Jean-Luc Herrmann, directeur du Cerefige (Centre européen de recherche en économie financière et gestion des entreprises) de l’Université de Lorraine.
Des codes chamboulés
«La communication de demain pourrait devenir plus indirecte, plus subtile (moins directement commerciale) dans la manière de délivrer le message de la marque ou de l’entreprise afin d’atténuer la perception d’une trop explicite tentative de persuasion et d’éviter les réactions négatives susceptibles d’en résulter.» Un juste dosage recherché où le matraquage du message ne semble plus avoir lieu d’être. Un chamboulement total des codes chez certains professionnels du secteur. «Notre métier a toujours été en constante évolution mais là, ces quatorze mois qui viennent de s’écouler ouvrent, naturellement des champs du possible, mais interrogent surtout sur la bonne façon de communiquer aujourd’hui», confie une responsable Création d’une agence de communication indépendante. Penser l’après apparaît donc aujourd’hui comme l’un des moteurs pour les différents satellites de la planète Communication. «Nos clients veulent savoir comment ils vont pouvoir faire passer leur message. Qu’est-ce-qui sera acceptable et attendu de la part des cibles et publics qu’ils souhaitent toucher», constate une professionnelle des relations publiques. Les effets collatéraux de l’épisode pandémique (qui perdure) et de la crise économique et sociale qui n’a pas encore montré tous ses aspects, ont renforcé l’intérêt pour les enjeux environnementaux, sociaux et sociétaux. «La période actuelle a mis en avant l’importance de la transition écologique, des circuits courts, de la proximité. Ce sont autant de valeurs aujourd’hui que toute structure se doit d’intégrer dans sa stratégie de communication.» Donner du sens, et surtout le retrouver, reste à prendre la bonne direction pour les professionnels de la com.
La Com : un moteur pour la relance ?
«La Communication, moteur essentiel pour la relance ?» C’est la question que s’est posée, le 6 mai, la filière Communication avec l’Union des marques, l’Association des agences-conseils en communication) et l’Udecam (Union des entreprises conseil en achat média), à l’occasion d’une rencontre-émission dans le cadre des États généraux de la Communication. La réponse se veut naturellement affirmative. «Pour chaque euro investi en publicité par les marques en France, 7,85 euros de PIB sont générés (source : Deloitte, «The economic contribution of advertising in Europe»), le marché de la communication constitue l’un des grands moteurs de notre économie. Les investissements de la communication contribuent à la vivacité d’un certain nombre de secteurs économiques et culturels», assurent Mercedes Erra, vice-présidente de la Filière Communication et Hervé Navellou, président de l’Union des marques. Quatre axes prioritaires de réflexion se sont dégagés de cette session : valoriser l’effet de levier du secteur de la communication sur l’économie nationale par la mise en œuvre d’un baromètre annuelle mesurant l’impact économique direct et indirect, évaluer à sa juste mesure le poids des communications responsables et vertueuses, définir des moyens pour développer une culture de la marque en France «pour faire comprendre au plus grand nombre que la communication n’est pas un coût mais un investissement rentable», adopter des mesures concrètes pour mettre un terme aux mécanisme structurels de déperdition de valeur et pour jeter les bases de modèles économiques plus durables et vertueux.