La Picardie perd ses diplômés
La moitié des diplômés du supérieur natifs de la Picardie n’y résident plus en 2012. C’est ce qui ressort d’une des dernières études de l’Insee. La faute à une population diplômée plus mobile, attirée selon les tranches d’âge par la région parisienne ou le sud de la France…
En 2012, la Picardie se classe – avec 329 600 diplômés du supérieur ou étudiants (soit 22,4% des résidents de 18 ans et plus, contre 29,8% au niveau national) – parmi les régions les moins diplômées du pays. Des populations diplômées issues pour près de la moitié (49%) d’une autre région, un tiers est d’origine francilienne et un sixième du Nord-Pas de-Calais. Si la Picardie attire les étudiants pour son cadre de vie, elle peine à retenir ses natifs diplômés, plus de la moitié ont élu domicile dans une autre région, notamment les diplômés du supérieur (32,7%), la part de ceux restant en Picardie n’atteint elle que 18,6%. Logiquement, ces jeunes diplômés se tournent vers les proches régions, le Nord-Pas-de-Calais dont le pôle universitaire séduit plus volontiers les jeunes étudiants et diplômés, les actifs de tous âges à la recherche d’un emploi qualifié privilégiant eux l’Île-de-France – 6 400 natifs étudiants et diplômés de 18 à 24 ans y résident mais ceux qui font le chemin inverse sont plus nombreux (9 600). Et lorsque le cadre de vie prend le pas sur la carrière professionnelle, c’est le soleil du sud qui est convoité… 11 100 natifs de Picardie de 35 à 54 ans et diplômés du supérieur ont élu domicile en Provence- Alpes-Côte d’Azur et Rhône-Alpes.
Un écart selon les âges
Bon point pour la région : les jeunes générations bénéficient, accroissement global du niveau d’éducation oblige, d’un niveau de qualification supérieur à leurs aînés : 37,7% des 18-24 ans sont diplômés du supérieur ou en étude, contre 24,5% pour les 25-64 ans et 7,2% pour les 65 ans et plus. La proportion des diplômés résidant en Picardie demeure néanmoins à tous les âges inférieure à celle de la France métropolitaine et l’écart est d’autant plus grand que les générations sont jeunes, 48,5% des 18-24 du territoire national sont diplômés du supérieur ou étudiants, soit 10,8 points de plus que dans notre région. La faute à des conditions sociales et économiques défavorables, qui constituent de vrais freins à la poursuite des études chez les jeunes après le bac : en 2013, 62% des bacheliers ont opté pour des études supérieures, soit 2,8 points de moins que la moyenne nationale. Qu’en sera-t-il une fois la fusion effective avec le Nord- Pas-de-Calais, les deux régions ayant en la matière des dynamiques différentes ? La future région rassemblera 1,1 million de résidents titulaires d’un diplôme du supérieur ou en cours d’étude (soit un résident sur quatre, trois diplômés sur dix étant situés dans l’actuelle Picardie). Le nouveau territoire regroupera deux régions marquées par un faible taux de diplômés parmi leurs résidents : 2,4% pour la Picardie, et 25,7% pour le Nord-Pas-de-Calais, avec des profils divergents dans le jeu des mobilités interrégionales…