La Picardie embarquée au Bourget
C’est la grand-messe des professionnels de l’aéronautique : la 51e édition du Salon international de l’aéronautique et de l’espace (SIAE) s’est tenue du 15 au 21 juin au Bourget, avec 2 260 exposants de 47 pays. La Picardie était elle aussi présente, dans un hall dédié aux régions. L’occasion de promouvoir les entreprises gravitant autour de cette filière, et d’exposer leur savoir-faire.
En 2013, la biennale avait accueilli 139 000 visiteurs professionnels et plus de 176 000 visiteurs grand public avec 285 délégations en provenance de 102 pays et 115 milliards de commandes pour l’ensemble de la filière aéronautique. L’édition 2015 a une fois de plus fait carton plein, avec 5% d’exposants de plus qu’en 2013 et avec les mêmes recettes, réunir en un même lieu les équipementiers, constructeurs, décideurs et principaux des donneurs d’ordre du secteur avec pour le plaisir des yeux les présentations de 120 aéronefs civils et militaires avec 40 vols quotidiens, qui attirent toujours autant les foules. Le SIAE est le salon de l’aéronautique le plus plébiscité, du grand public et des professionnels, porté par un secteur qui a le vent en poupe, avec la forte croissance du trafic aérien mondial – un peu plus de 3 milliards de passagers en 2013 (les 6 milliards devraient être atteints en 2030). La Picardie a quant à elle une longue tradition aéronautique sur son territoire, tradition qui a débuté avec le presque centenaire groupe Potez (qui conçoit des éléments d’aérostructures) dont l’histoire a débuté à Méaulte, et se poursuit depuis avec l’implantation de nombreuses entreprises : Stelia Aérospace – numéro trois mondial des aérostructures, sièges et équipements aéronautiques implanté à Méaulte, une centaine d’établissements sous-traitants, une grappe de 30 entreprises dédiées avec le Pôle hydraulique et mécanique d’Albert (PHMA), sans oublier l’aéropôle Albert- Picardie (plus de 100 hectares) et la plateforme d’innovation IndustriLAB.
Un CFA dédié à l’aéronautique
Cette année, le conseil régional accompagnait une vingtaine d’entreprises ainsi que l’UPJV et l’UTC de Compiègne, rassemblées sous le pavillon picard de 266 m² au sein des French Aerospace suppliers – premier collectif d’entreprises présentes au Bourget où sont rassemblées sur plus de 5 000 m² plus de 400 entreprises françaises exposant sur les collectifs régionaux pilotés par les CCI et les régions. Une formidable vitrine donc qui permet aux entreprises picardes de toucher des prospects, et d’exposer leurs savoir-faire. « L’industrie aéronautique est un milieu fermé, tempère cependant Antoine Sérafini, président de RDO Springs, spécialisé dans la fabrication industrielle de ressorts basé à Bresles dans l’Oise. Mais notre présence sur le salon est importante, il faut montrer que nous existons, nos fournisseurs sont présents, c’est plus acte de communication… » Vanessa Vasset, directrice de la recherche à l’UPJV, entend elle générer des partenariats avec le monde économique : « Exposer au Bourget permet notamment de présenter nos avancées technologiques. Ce sont des projets financés par la région et des industriels. Nos équipes travaillent sur des mécanismes plus performants, pour alléger les systèmes embarqués électroniques, comme le stabilisateur de drone. » La tenue du Bourget a également été l’occasion pour la région de signer la convention actant la naissance du nouveau CFA de Nogent-sur-Oise (au sein du lycée Marie-Curie), dédié aux métiers de l’aéroportuaire et présidé par Didier Chong a Thung. Baptisé Apprentissage des métiers des services aéroportuaires (Amesa) il ouvrira ses portes à la rentrée prochaine et aura pour missions d’assurer, favoriser, promouvoir et organiser la formation initiale par l’apprentissage des métiers et services aéroportuaires et des activités connexes afin de répondre aux besoins des entreprises. Deux formations y seront délivrées : un CAP Entreposage et messagerie colorée aéroportuaire et un bac professionnel Logistique coloré aéroportuaire.
Méduse au Bourget
Implantée à Saint-Just-en-Chaussée (Oise) l’entreprise AQLElectronique – 150 personnes -participait pour la première fois au SIAE. Et pour son président Érick Maillet, il s’agissait de marquer le coup… Le stand de l’entreprise isarienne, spécialisée dans le câblage des cartes et filaires et la fabrication d’électronique assurant la sécurité de l’installation, ne passait pas inaperçu : son dirigeant a imaginé avec ses équipes et l’artiste picarde Ève Gaillard une œuvre technologique baptisée Méduse, mère de… Pégase et en l’occurrence allégorie de l’entreprise. Un projet conçu spécialement pour le salon en quelques mois auquel les équipes d’AQLElectronique ont adhéré pour s’en emparer, guidées par Ève Gaillard. « Les visiteurs qui passent devant notre stand sont émerveillés », assure Érick Maillet. Prouesse artistique et technologique, Méduse change d’expression, et réagit aux mouvements grâce à la fibre optique… « Cette œuvre collective reflète l’esprit de notre entreprise, et ses quatre valeurs que sont l’exigence, la globalisation, l’expertise et l’organisation », énumère son président. Et au-delà elle constitue un moyen, atypique, de mettre en avant auprès de ses clients le savoir-faire d’AQLElectronique. « Notre credo c’est de faire avec excellence des petites séries, explique Érick Maillet, pour des grands noms de l’électronique, à 80% à l’étranger. » Un niveau d’excellence atteint grâce à sa politique poussée de formation de ses équipes : « Quand j’ai pris les rênes de l’entreprise il y a 20 ans, j’ai misé sur la formation, il était pour moi primordial qu’une même personne maîtrise plusieurs techniques et savoir-faire, et que les plus anciens transmettent leurs compétences », poursuit-il. Côté organisation, le patron a joué la carte de la flexibilité, « sans influer sur les salaires ni les modes de vie, il s’agit de faire confiance et d’établir un management de proximité avec une forte délégation, et d’oublier l’organisation pyramidale. En contrepartie, les salariés doivent s’impliquer, donner leur avis, et être les meilleurs, la motivation, c’est d’avoir le sentiment d’appartenir à un ensemble », sourit-il.