La passion dans la peau
Bzzzzzzzz ! Depuis mars dernier, un bourdonnement se fait entendre dans les rues de Pont-à-Mousson, celui du dermographe d’Alex Blaizot, 48 ans, artiste tatoueur de son état. Une petite entreprise qui ne connaît pas la crise, il faut attendre plusieurs semaines pour un rendez-vous, et qui est surtout la concrétisation d’une passion. Rencontre avec un piqué de l’encre.
Depuis mars dernier, Alex Blaizot peut se piquer de connaître un beau succès avec son salon de tatouage. «Je ne pensais pas que ça allait démarrer aussi vite et bien, le bouche à oreille fonctionne bien et j’ai déjà des fidèles.» Une clientèle en majorité féminine, à laquelle est offerte une réduction de 20%, «tant qu’il n’y aura pas l’égalité salariale», issue des CSP + et qui se presse pour passer sous ses aiguilles. Le tatouage, véritable phénomène de société, touche désormais toutes les catégories sociales, un retour en grâce pour une pratique qui a eu longtemps mauvaise réputation. «Le tatouage était associé aux marginaux, alors qu’il fut longtemps une marque de noblesse.» S’il se démocratise, le regard sur cette pratique est encore marqué par les préjugés et les clichés. Hors, en franchissant le seuil du salon, on est presque étonné par la normalité des lieux, couleurs douces, canapé accueillant, le lieu semble familier. Seuls quelques posters et les tatouages ornant les bras de l’équipe, composée de Claire à l’accueil et de Clément, le perceur, nous rappellent où nous sommes.
Feeling et style
C’est dans la pièce tout de blanc carrelée, très clinique, où il dessine sur les corps comme d’autres sur des toiles, que le maître des lieux revient sur son parcours atypique. A l’origine le dessin, «j’ai toujours dessiné, je voulais d’ailleurs faire les Beaux-Arts, mais à l’époque dans mon milieu, ouvrier, ça ne se faisait pas». Il tâte du dermographe pour la première fois dans les années 80, «l’époque du tatouage underground». Qu’il fréquente quelques années avant de revenir à la surface, «je me suis marié, j’ai fondé une famille. J’ai repris des études et travaillé comme consultant, auditeur…» Deux décennies sans toucher un dermographe, mais sans lâcher son crayon. Et puis il y a 4 ans, l’envie d’y retourner, «j’ai du me remettre à niveau, j’ai été accueilli par des confrères de la région, à Epinal et Mirecourt, qui m’ont conseillé et formé et des clients m’ont fait confiance». La confiance, un élément primordial dans la relation avec les clients, «avant d’encrer, je dois sentir une connivence, car je partage un moment très intime avec cette personne». Entre le tatoueur et le futur tatoué c’est une question de feeling, mais aussi de style, Alex Blaizot fait de tout, sauf l’hyper réaliste «qui ne vieillit pas bien», même s’il a une prédilection pour la BD et l’esthétique steampunk, soit la science-fiction du 19ème siècle, laissant libre cours à son imagination débordante. Mais le talent lui est bien réel… encré !