La nouvelle guerre des tranchées
«1916 : chair à canon, 2016 : chair à patrons». La comparaison et le raccourci sont plutôt choquants, mais le slogan a fait mouche et s’est distingué parmi tous ceux qui ont été scandés lors des manifestations de fin mars et début avril contre le projet de loi travail de la ministre Myriam El Khomri. Provoquant, outrancier, il est surtout le signe d’un malaise qui gangrène, un peu plus, notre société chaque jour. Il symbolise, à lui seul, cette véritable guerre des tranchées où tout le monde reste campé sur ses positions. La stagnation des troupes de tous bords provoque un immobilisme rampant et surtout inquiétant de part et d’autre. La colombe de la paix sociale ne semble pas prête à survoler cette ligne de front d’un genre nouveau et encore moins vouloir s’y poser. Un front où des mouvements apparaissent tel que celui de «Nuit Debout», rassemblement parti des réseaux sociaux et qui s’est formé à Paris, place la République après la manifestation du 31 mars. D’autres ont suivi aussi bien à Toulouse qu’à Nantes. Pendant ce temps à l’Assemblée nationale, l’examen des articles sur le projet de loi par la commission des affaires sociales continue. La «rue» s’est de nouveau fait entendre les 5 et 9 avril. À côté de ce marathon (et bataille) parlementaire qui s’annonce à partir du 3 mai où les débats en séance sont programmés, c’est le sentiment d’une guerre des tranchées stérile mais aux positions fervemment défendues qui prévaut. L’offensive finale souhaitée par le gouvernement avant l’été (période envisagée pour le vote définitif de la loi) pourrait bien être contrecarrée par ces nouveaux mouvements ressemblant fort à ceux des Indignés d’Espagne il y a quelques temps. La fin avril et le début du mois de mai risquent d’être chauds… avant un été caniculaire ?
emmanuel.varrier