«La mondialisation est un atout manifeste»
«Réinventer l’espoir» ou comment sortir du marasme et profiter de la mondialisation avec la baisse de l’euro et du prix du pétrole. Thème accrocheur que celui de la conférence annoncée ce mardi 31 mars en clôture de la première édition du Salon de l’Entreprise Lorraine, organisé par votre hebdomadaire économique et régional au stade Marcel Picot de Tomblaine. Un thème révélateur surtout du moral des entrepreneurs. Ce moral est au plus bas. Si se résigner ne sert à rien, aller de l’avant en trouvant les bonnes directions à prendre est délicat. Yves Thréard, le directeur adjoint de la rédaction du Figaro, annoncé pour débattre sur le sujet, n’a pas de recette miracles à proposer mais force est de constater que ce polémiste affiché et affirmé n’a pas son pareil pour tenter de redonner un peu de convictions dans un univers sociétal plus qu’atone. De la mondialisation qui, pour lui, est un atout manifeste en passant par les atouts hexagonaux bien présents mais trop souvent occultés, petit entretien en avant-première avant le grand soir, plutôt la fin d’après-midi de ce 31 mars à noter sur vos tablettes.
Les Tablettes Lorraines : «Réinventer l’espoir», c’est sur ce thème que vous allez intervenir à l’occasion du premier Salon de l’Entreprise Lorraine le mardi 31 mars au stade Marcel Picot de Tomblaine, quel message allez-vous tenter de véhiculer face aux patrons de PME lorrains présents ?
Yves Thréard : Nous traversons aujourd’hui une période de fortes turbulences. Nous devons, à la fois faire face à une crise économique mais pas seulement, nous sommes confrontés à une véritable crise de civilisation. Cela n’empêche qu’il faut arrêter d’être résigné, pessimiste et dépressif. La France possède de nombreux atouts et nous avons tout, ou presque, pour réinventer l’espoir.
Quels sont ces fameux atouts et pourquoi n’arrivons-nous pas réellement à sortir de cette véritable impasse ?
La formation, sa qualité est l’un des principaux atouts que nous possédons. Nous avons les meilleurs systèmes qui forment bon nombre d’élites dans la quasi-totalité des domaines. Le problème est qu’elles partent rapidement vers d’autres contrées. D’autre part, quoi que l’on en dise, la France est encore une grande puissance militaire, il n’y a qu’à voir les interventions récentes au niveau de la lutte contre les djihadistes, nos militaires français sont bien présents derrière ceux des États-Unis. Notre laïcité est également un atout important, mais il est aujourd’hui temps d’affirmer notre propre culture et d’arrêter avec tous les communautarismes stériles. Au-delà de l’aspect purement économique, il nous faut jouer sur tous ces ressorts psychologiques forts pour faire comprendre, et admettre, la présence de nos atouts. Quand nous aurons réellement pris conscience de cela, les choses pourront alors réellement changer.
Cette évolution n’est-elle pas difficile et délicate à mettre en œuvre dans un marché aujourd’hui mondialisé et globalisé ?
Il faut arrêter de voir la mondialisation comme une menace. Il faut arrêter de la subir mais en tirer profit. La mondialisation et la globalisation sont des atouts manifestes et je crois beaucoup à la notion, à la force de la francophonie qu’il nous faut réellement se réapproprier pour changer la donne.
D’un point de vue purement économique, la loi Macron, adoptée au forceps, sur la croissance et l’activité, a été présentée comme une nouvelle approche de l’économie du moment, une libéralisation de certains freins soi-disant présents. Elle a été, et elle est toujours critiquée par bon nombre. Une loi qui ne sert à rien ?
Cette loi a été brandie pour relancer l’activité et la croissance mais, à coup sûr, elle ne relancera ni l’une ni l’autre. Le texte d’origine n’était pas dénué de bonnes intentions mais il n’en reste plus grand-chose. Elle se résume à une impasse, elle a occupé beaucoup de monde pendant un certain temps mais cela n’aboutit à pratiquement rien finalement. C’est tout le problème de nos Politiques, le personnel politique n’a pas le courage réel de mener les bonnes réformes. L’État devrait se concentrer sur ses missions régaliennes, en reprenant notamment en main l’Éducation nationale, et laisser la société civile s’occuper du reste. Quand on regarde par exemple la politique de la ville aujourd’hui, c’est un véritable désastre, il faut arrêter.
Quelles seraient donc les bonnes pistes à suivre pour changer réellement les choses ?
La première chose à faire est de réduire la dépense publique. En France, elle représente près de 56 % de notre PIB, il faut qu’elle revienne à hauteur de 46 % comme chez certains de nos voisins. Il est également indispensable de revoir la fiscalité et notamment la fiscalité concernant les entreprises, elle est trop lourde. Même chose pour le droit du travail, il faut le revoir à tout prix et le simplifier pour permettre aux entreprises d’embaucher. Il faut un droit du travail plus souple et plus simple. Avec cela, nous pourrons donc réellement réinventer l’espoir.