Patrimoine
La mission Bern au chevet du château de Bouillancourt-en-Sery
Rachetée en 2020 pour en faire un lieu d'accueil, de mixité sociale et de vie collective, l’ancienne forteresse défensive a besoin d’importants travaux. Après avoir séduit la Fondation du patrimoine, ses propriétaires peuvent compter sur la Mission Bern pour les épauler.
En rachetant en 2020 le château de Bouillancourt-en-Séry, la famille de Lardemelle a hérité des imposants trophées de chasse - dont un phoque veau marin naturalisé - et de son mauvais état, en particulier celui des toitures.
Une première tranche de travaux est évaluée à environ 700 000 euros, elle concerne les charpentes et toitures du corps de logis et des écuries, les façades devant et derrière ainsi que les huisseries et les sous-sol archéologiques médiévaux de la basse cour. Le démarrage des travaux de ces parties, inscrites à l’inventaire des Monuments historiques, est attendu pour début 2023, et leur terme avant l’automne.
Une aide extraordinaire
Pour mener à bien ce sauvetage, la famille pourra compter sur des indispensables aides de la Direction des affaires régionales culturelles (Drac), de la Fondation du patrimoine et de Mission Bern : « Nous ne connaîtrons la somme allouée qu’en fin d’année, expliquent Fabienne et Vincent de Lardemelle. Cette annonce est le fruit de deux ans de travail, c’est une aide absolument extraordinaire, un accélérateur de contacts médiatiques et une caution morale. C’est aussi une reconnaissance de l’intérêt pour notre projet, nous sommes bien entourés : cet été, nous avons pu compter sur de jeunes bénévoles de la région, pour des petits travaux du peinture, de débarras, de nettoyage… »
Plus que jamais, cette annonce démontre que le site n’est pas comme les autres. L’histoire de la forteresse militaire défensive de Bouillancourt-en-Sery remonte en effet au XIIIe siècle. Au XVIIIe siècle, quatre tours en pierre (sur les six existantes) ont été supprimées afin notamment de construire un corps de logis pour la faire évoluer vers une fonction résidentielle.
Au siècle suivant, le château est devenu relais de chasse d’un avocat d’Abbeville. Le corps de logis, une aile de services, une extension pour un bureau, des dépendances réunissant écuries, bâtiments de ferme et maison du gardien, sont toujours debout.
Un tiers-lieu ouvert
Dans la prolongation de ce riche passé, les propriétaires, qui habitent dans un village voisin, tiennent à faire du château et de certaines des dépendances un site ouvert au public, un tiers-lieu où se croiseront plusieurs activités, tournées vers la mixité sociale et la culture.
Leur projet repose sur trois thématiques associatives : terre, homme et patrimoine. La terre, car un maraîcher s’est installé dans l’anciens potager et occupe les serres du château. Baptisé Bouillon de potager, un jardin de démonstration en permaculture est ouvert au public, le but étant de pouvoir en aménager chez des particuliers, des entreprises et des collectivités.
Dans le corps de logis, deux chambres d’hôtes sont déjà disponibles et deux autres - dont une suite familiale - le seront dans les prochaines semaines. Ce sont des logements insolites (avec toilettes et salles de bains) : bougies et lampes à leds sont indispensables car les étages ne sont pas électrifiés. Pour se chauffer, il faut entretenir les poêles à bois. Le couple envisage aussi d’organiser des séminaires et des réceptions.
Rapidement, L’EpiSéry du Bouillon, une épicerie participative sans salariés, va ouvrir chaque samedi matin dans les dépendances, elle offrira du lien social de proximité dans cette commune de 565 habitants. Il sera possible de commander des produits en ligne, en grande majorité locaux, vendus au prix d’achat.
Bouillon de Printemps assure l'animation culturelle dans l'ensemble des bâtiments, comme par exemple lors d’Halloween. La restauration du château permettra la création d’un espace d’hébergement collectif (dortoir pour les artistes dormant au château, et/ ou bénévoles participant aux travaux) qui seront confiés à Bouillons d’Espoirs, entreprise d’insertion de l’Économie sociale et solidaire. Dans l’ancien fruitier, une dalle va être coulée pour transformer le lieu en résidence d’artistes, salle de répétitions, d’exposition, de concerts…
En 2021, 600 personnes sont venues découvrir le château lors des Journées européennes du patrimoine. Avec la mise en lumière de la Mission Bern, elles devraient être encore plus nombreuses cette année…
« Je me félicite de la sélection par la Mission Bern du château de Bouillancourt-en-Séry dans le cadre du Loto du patrimoine. C’est un véritable "accélérateur" qui va permettre aux propriétaires de concrétiser leur projet de tiers-lieu en lien avec les habitants. L’État et les collectivités sont au rendez-vous du projet. Le Département s’implique déjà dans l’animation culturelle des lieux et je suis ravi d’avoir pu rencontrer les propriétaires hier. Je les remercie encore de leur accueil, en présence des conseillers départementaux du canton, Guislaine Sire et Arnaud Bihet, ainsi que le maire, Xavier Duval », a assuré Stéphane Haussoulier, président du Département, lors de sa visite des lieux en compagnie des propriétaires.