La micro‑entreprise fait chuter la création d’entreprise en 2015

En 2015, les créations d’entreprises ont baissé de 5% par rapport à l’exercice précédent, pour s’établir à 525 100 nouvelles sociétés, selon l’Insee. Une chute importante qui s’explique par le net repli des micro‑entrepreneurs. Un constat qui cache une autre réalité, plus optimiste : la forte hausse des entreprises individuelles (+28%) et la part plus significative des femmes entrepreneuses. 

La baisse de régime du statut de microe n t r e p r e n e u r (ex-auto-entrepreneur), avec une chute vertigineuse de ses immatriculations (-21%, en 2015 contre +3% en 2014), a entraîné une diminution globale des créations d’entreprises sur l’année 2015 (525 100 nouvelles sociétés contre 550 700 en 2014). Pour la première fois depuis 2009, date de la mise en place du statut, les immatriculations de micro-entrepreneurs représentent moins d’une création sur deux (43%). Un désaveu pour ce régime qui s’expliquerait en partie, selon l’Institut de statistiques, par “les nouvelles mesures liées à la requalification du régime de l’auto-entrepreneur en celui de micro-entrepreneur. En particulier, l’obligation de s’immatriculer au registre du commerce et des sociétés pour les commerçants et au répertoire des métiers pour les artisans, qui s’accompagne de frais de Chambre et, parfois, de stages préalables à l’installation”. Baisse dans la plupart des secteurs. En conséquence, les créations d’entreprises diminuent dans de nombreux secteurs, en particulier dans ceux de la construction (-16,6%, contre -3% en 2014) où il s’accentue, de l’industrie (-15,2%), des services aux ménages (-15,5%) et du commerce de détail (-13%). Un repli dû, entre autres, à la chute des immatriculations de micro-entreprises avec, par exemple, des baisses de 35% et 41%, pour les deux premiers secteurs. “Le commerce est le secteur qui contribue le plus au repli des immatriculations de micro-entrepreneurs avec une baisse de 26 800 pour un recul total de 60 000”, rappelle l’Insee, soit -47%. Toutefois, la construction reste le secteur qui souffre le plus avec, en 2015, une baisse des créations, tous régimes confondus, de 12 700 pour un total, toutes activités confondues, de 25 700. Sur le plan géographique, les créations d’entreprises accusent un recul dans toutes les régions à l’exception de l’Ile-de-France (+1%), qui accueille plus du quart des sièges des entreprises créées sur l’année, portée aussi par le développement des transports en VTC. À l’inverse, la région Alsace-ChampagneArdenne-Lorraine détient la palme du plus fort repli des créations, avec une chute de 14% l’an dernier et de 35% pour les seules micro-entreprises.

Les autres formes d’entreprises progressent. Hors régime micro-entreprise, les créations d’entreprises progressent de 13%, portées par les entreprises individuelles (+28%). Cette dynamique permet de compenser en partie le fort recul des créations de micro-entreprises. Parmi les entités nouvellement lancées, la société par actions simplifiée (SAS) connaît un franc succès : elle fait jeu égal avec une autre forme très répandue : la SARL. Elles contribuent chacune pour près de la moitié des nouvelles créations de sociétés. Mais les créateurs semblent favoriser le régime de l’entreprise individuelle, notamment dans les secteurs les plus touchés par la chute des immatriculations en micro-entreprise. “Les créateurs d’entreprises commerciales ont favorisé le régime de l’entrepreneur individuel classique (+111%)”, remarque l’Insee. Ce report s’observe également dans l’hébergement-restauration (+30%) ou encore dans l’industrie (+25%). Autre constat, seules 5% des entreprises sont employeuses dès leur création (8% hors micro-entreprises) et celles qui embauchent emploient en moyenne 2,5 salariés. Des chiffres en baisse constante, depuis 2012.

Un profil de créateur qui se maintient. En 2015, l’Insee ne constate pas d’évolution significative sur le profil des nouveaux entrepreneurs, encore majoritairement des hommes et avec un âge moyen de 38 ans, qui change en fonction du secteur d’activité.  Quant aux femmes, elles représentent 44% des créateurs, un pourcentage qui augmente pour les entreprises individuelles où elles passent de 38% à 40%, en 2015. “Cette augmentation s’explique par le repli des immatriculations de micro-entrepreneurs dans des secteurs traditionnellement masculins, comme la construction”, précise l’étude. 

Alban LE MEUR