Dossier spécial

La Meuse joue la carte du collectif

Pour faire face aux difficultés de recrutement, notamment pour certains métiers en tension qui s’ajoutent sur son territoire aux freins liés à la ruralité, Meuse attractivité a proposé à des entreprises d’intégrer une campagne marketing métiers inédite. Initiée en juin 2024 autour des tourneurs-fraiseurs et usineurs, cette initiative a été relancée fin novembre avec les conducteurs SPL et les techniciens de maintenance.

© Meuse Attractivité
© Meuse Attractivité

L’union fait la force. Bien connue en Meuse, cette formule a été testée au cours des derniers mois avec une démarche collective portée par Meuse Attractivité. Depuis quelques années, l’agence de développement économique s’appuie sur un club RH qui rassemble différents chefs d’entreprise avec une problématique commune : les difficultés de recrutement. Si le constat est le même partout en France, le manque d’attractivité de ce département ou encore les problèmes de mobilité compliquent inexorablement la tâche des TPE ou des PME au moment de renforcer leurs équipes. Pour tenter d’apporter une réponse innovante, le choix s’est porté sur une opération collective. Six entreprises meusiennes ont accepté de tester une nouvelle méthode de recherche en utilisant les codes de la marque territoriale et les réseaux sociaux pour motiver les candidatures. L’objectif était «donner de la visibilité à la Meuse et cibler plus efficacement les compétences recherchées.» Les offres étaient recensées sur les moteurs d’emplois traditionnels d’un côté mais également via des publications ciblées sur Facebook avec des messages à l’image de la marque territoriale. Cette campagne a généré
400 000 vues sur les réseaux et s’est soldée par 254 candidatures. Un chiffre qui n’a rien d’anodin. Tous les candidats ont ensuite été contactés par les agents de Meuse Attractivité pour vérifier leurs profils et les diplômes requis. Après cette pré-sélection, 33 candidatures qualifiées ont été envoyées aux six entreprises parties prenantes. «Notre rôle n’est pas d’apporter des compétences RH mais de coordonner l’opération et de valoriser le territoire», confie Audrey Créancée, en charge des réseaux sociaux chez Meuse Attractivité. Parmi ses offres, 51 autres CV ont retenu leur attention avec d’autres profils jugés «intéressants». Certains ont été transmis à des entreprises du bâtiment, notamment.

La Meuse en opération séduction

Cette opération marketing ne s’est pas arrêtée aux seules frontières meusiennes mais s’est exportée sur l’ensemble du Grand Est ainsi que les régions voisines : Île-de-France, Hauts-de-France ou encore la Bourgogne-Franche-Comté. «La mission de notre agence est aussi d’attirer de nouveaux habitants, de nouveaux salariés séduits par la qualité de vie en Meuse», rappelle Christel Rigolot de Meuse Attractivité. Responsable des établissements Nowak, Christophe Marchand était partant, mettant en avant ses expériences dans le recrutement qui n’avaient pas aboutis. «En tant que TPE, c’est difficile de recruter, seul, là, l’idée était de profiter d’une force de frappe et de bénéficier de plusieurs CV qui avaient déjà été présélectionnés», estime le chef d’entreprise qui a finalement pu recruter un salarié qui a décidé de venir s’installer en Meuse après avoir fait passer des entretiens à trois candidats.

Bilan I et opération II

«Nous avons dressé un premier bilan qui nous a permis de nous rendre compte que pour ces métiers très spécifiques (tourneurs-fraiseurs et usineurs), le taux de qualification via les Jobboard (plateformes de recrutement) était de 27 % contre 8 % seulement pour les réseaux sociaux», analyse Audrey Créancée. L’autre enseignement est que finalement peu de Meusiens se sont portés volontaires. «La majorité des CV venaient des autres régions, ce qui signifie aussi peut être que dans notre département, peu de profils qualifiés sont disponibles sur ces trois métiers spécifiques», ajoute Christel Rigolot. Dans la continuité de cette opération, un second test est lancé depuis fin novembre avec trois métiers : conducteurs SPL (chauffeurs poids lourds) mais également les techniciens en maintenance électronique et mécanique. Trois entreprises ont répondu présent que ce soient Arcelor Mittal Construction de Contrisson, Sogefi Suspensions de Revigny-sur-Ornain ainsi que la société Stef Transport de Velaines. Si le même procédé va être utilisé en revanche, une nouvelle méthodologie avec appui de l’IA va être ajoutée pour mieux sourcer les profils en termes de qualification et de disponibilité pour les profils de techniciens de maintenance. Une solution déployée par la start-up lorraine R-Sight.