Etude de l’Institut Montaigne

La Métropole européenne de Lille a «les clés» du plein-emploi

Dans la Métropole européenne de Lille, les difficultés de recrutement, tout comme le chômage, restent très marqués. Face à ce constat, l’Institut Montaigne, propose des actions. Synthèse.

Une partie des acteurs économiques interrogés par l’Institut Montaigne. © Aletheia Press/L.Péron
Une partie des acteurs économiques interrogés par l’Institut Montaigne. © Aletheia Press/L.Péron

Les politiques, tant au niveau local que national, ont un rêve commun : le plein-emploi. Dans la Métropole Européenne de Lille, malgré une économie dynamique et un tissu entrepreneurial diversifié, ce rêve est encore loin d’être atteint. Il suffit de jeter un œil aux chiffres. Le taux de chômage s’élève à 9,4% dans le Nord contre 7,2% au niveau national. Quant au taux de pauvreté, il atteint les 18,9% dans la région contre 14,5% en France. Et cela, alors même que de nombreux secteurs d’activités sont en tension et peinent à recruter.

Face à ce constat, l’Institut Montaigne, plateforme d’étude et de débat autour des politiques publics, a décidé de mener un travail d’analyse et de réflexion. Durant un an, les experts ont interrogé plus d’une centaine d’acteurs économiques du territoire (public, associatifs, et académiques…). Le but ? Identifier les défis auxquels est confronté la Métropole Européenne de Lille afin de proposer des solutions concrètes pour agir en faveur du plein-emploi. Un travail restitué publiquement le 7 juin, à la Cité des échanges,  à Marcq-en-Barœul. 

L’une des clefs : le dialogue

Dans les pages de son étude, l’Institut Montaigne est clair, si la Métropole Européenne de Lille veut atteindre le plein-emploi, les acteurs économiques doivent se mettre autour de la table. «L’inéquation entre l’offre et la demande d’emploi s’explique par l’inéquation des compétences, le manque de main d’œuvre et le manque d’attractivité des conditions de travail» affirme Marie-Pierre de Builliencourt, directrice de l’Institut Montaigne.

C’est pourquoi, pour créer une véritable stratégie, l’organisme propose la création d’un dialogue social territorial (DST) «L’idée est de créer un dialogue social de propositions d’actions permettant aux partenaires sociaux de négocier des accords interprofessionnels locaux. Cette mesure, qui sera d’abord une expérimentation, est une véritable innovation du droit du travail» détaille Jean-Pierre Letartre président d’Entreprises & Cités.

Ce n’est pas tout. L’Institut Montaigne pousse les 480 acteurs locaux agissant pour la formation et l’emploi à se structurer. «Nous avons de nombreux organismes sur le territoire qui viennent en aide aux demandeurs d’emploi et aux invisibles, mais il est facile de se perdre. Comme le dit l’Institut, il faut simplifier et clarifier le rôle de chacun et surtout échanger» poursuit Jean-Pierre Letartre.

S’appuyer sur les compétences acquises

Autre constat qu’a relevé l’Institut Montaigne, c’est que 25% des chômeurs de la Métropole Européenne de Lille, ne possèdent pas de diplôme. Là encore, des pistes concrètes sont données. «Pour les personnes sans diplôme ou peu diplômé, nous pourrions renforcer la validation des acquis expérientiels. En d’autres termes, renforcer la validation des compétences que les demandeurs d’emploi auraient développer dans leur quotidien ou dans leurs anciens jobs» détaille Jean-Yves Doisy, directeur de Vitamine T.

De plus, dans la Métropole européenne de Lille, le secteur de l’économie social et solidaire s’est fortement développé. 50 000 personnes sont salariées dans ce domaine. Ainsi, Jean-Yves Doisy, n’a pas hésité à parler de la création d’un site d’excellence autour de l’ESS pour favoriser la création individuelle d’entreprises par les demandeurs d’emploi.

Trouver la bonne orientation

Dernier axe abordé, l’orientation des jeunes. Pierre Mathiot, directeur de l’IEP de Lille, l’a rappelé : «Dans 80% des cas, l’orientation en bac professionnel est subie. » De ce fait, l’Institut Montaigne a souligné l’importance des stages de troisième et les échanges avec les entreprises du territoire. « L’industrie souffre de moins en moins d’une image poussiéreuse et bruyante, mais il faut poursuivre nos efforts pour attirer les jeunes vers nos filières en tension» complète Pierre Mathiot.

Enfin, le département, la région et les villes, doivent poursuivre les actions engagées pour lever les freins rencontrés par les demandeurs d’emploi en termes de mobilité ou de logement par exemple. Et Camille, qui est venu témoigner ce jour-là, ne dira pas le contraire. «J’ai eu du mal à trouver un travail stable, car je n’avais pas le permis et que c’était compliqué pour moi de faire garder mon enfant.» Sur le territoire, elle est loin d’être la seule dans ce cas.

Des actions concrètes détaillées

Les points précédemment évoqués, ne sont que quelques pistes de réflexions. Toutes les actions concrètes sont à retrouver dans un livre de l’Institut Montaigne nommé : «Métropole Européenne de Lille : des clés pour le plein-emploi». Un livre de 194 pages qui doit permettre au territoire d’agir et de devenir un territoire zéro chômeur.