La mer est-elle l’avenir de la Terre ?

Chaque année, le Cercle Côte d'Opale synergie organise un grand débat ouvert gratuitement au grand public. Le 14 octobre, l’édition 2015 était consacrée aux atouts maritimes de la Côte d'Opale.

La mer est-elle l’avenir de la Terre ?

D.R.

Trois tables rondes ont réuni des chercheurs, des universitaires, des institutionnels et des chefs d’entreprises innovantes, tous désireux de mieux tirer profit de la mer. “70% de la mappemonde est bleue“, rappelle Philippe Vallette, directeur général de Nausicaà. “Il faut accélérer la maritimisation du monde“, conseille Francis Vallat, président du réseau des clusters maritimes européens. “Nous devons parier sur l’avenir et donner toute leur chance aux start-up du maritime“, ajoute l’ancien ministre en charge de l’Economie maritime Frédéric Cuvillier. Elles ont été plusieurs à faire partager au public leurs inventions, parfois étonnantes.

Ainsi, lors de la première table ronde consacrée aux ressources du vivant et aux biotechnologies, on a appris que l’arénicole – le ver marin recherché par les  pêcheurs à pied pour amorcer leurs lignes − possédait une hémoglobine qui pourrait être transfusée aux humains et sauver des vies. C’est la découverte de Franck Zal, fondateur de la société Hémarine qui crée du sang artificiel compatible avec tous les groupes sanguins. De même, la crépidule, mollusque marin qui envahit nos côtes, est en train de devenir une denrée comestible appréciée sur les grandes tables sous le nom de berlingot de mer. Pour Christophe Boucher de la société boulonnaise Copalis, “tous les coproduits de poisson sont source d’actifs qu’on peut utiliser en cosmétique, nutraceutique ou en complément alimentaire”.

La table ronde sur les énergies marines renouvelables a donné l’occasion à Franck Sylvain de faire le point sur le développement de l’hydrolienne ondulante à membrane inventée par le fondateur de la start-up Eel Energy, Jean-Baptiste Drevet. Actuellement testé au bassin d’essais d’Ifremer situé à Nausicaà, le prototype sera essayé en mer au large de Boulogne au début de 2016. Enfin, lors du troisième plateau (notre photo), Sylvie Logié, du Pôle métropolitain de la Côte d’Opale, a donné une vision optimiste du potentiel du nautisme sur le littoral du Nord-Pas-de-Calais, tandis qu’Eric Gavoty a plaidé pour les navires du futur en présentant Neoline, un navire de fret… à voile.

Jean-Marie Biette : La mer est l’avenir de la France

Invité par la CCI Côte d’Opale à présenter son dernier ouvrage La mer est l’avenir de la France (éditions Archipel), le journaliste Jean-Marie Biette, secrétaire général du pôle Mer de notre confrère Ouest-France, a développé son credo en faveur de la croissance bleue, en prélude du grand débat du Cercle Côte d’Opale synergie. “La mer, assure-t-il, reste l’un des seuls relais de croissance crédibles pour la France. En effet, les énergies maritimes renouvelables sont considérées comme l’or noir du futur.” Pourtant, il s’interroge et nous interroge tous, élus, journalistes, grand public : pourquoi la France, malgré ses atouts et son potentiel, n’a-t-elle encore réalisé qu’une timide apparition sur la scène maritime mondiale ? Qu’il s’agisse de la pêche, du réseau portuaire, de la Marine nationale, ou même du développement d’une véritable politique écologique autour du littoral, Jean-Marie Biette revient avec pédagogie sur les enjeux déterminants pour une nouvelle prise de cap… et sur les failles des gouvernements successifs. Optimiste, il souligne aussi les avancées permises par les promoteurs de l’économie maritime. Si la France ne veut pas boire la tasse, il n’est que temps pour elle de se tourner, enfin, vers le large.