La MEL connecte ses réseaux électriques
La Métropole européenne de Lille a lancé le 20 mars son projet So Mel So Connected, en partenariat avec Enedis et l'ADEME. L'objectif ? Expérimenter sur le territoire, par de multiples dispositifs, des réseaux intelligents, «smart grids», afin d’accélérer la transition énergétique.
«Nous réfléchissons depuis 2014 aux smart grids», annonce Damien Castelain, président de la Métropole européenne de Lille. Avec So Mel So Connected, la MEL a décidé de mettre le pied au plancher sur la transition énergétique. Sous cette bannière, 15 projets visant à inclure les énergies renouvelables, favoriser l’autoconsommation et la mobilité électrique, sans oublier la lutte contre la précarité énergétique. Près de 200 000 habitants sur 17 communes seraient concernés, pour un investissement global de 20 millions d’euros. «Nous sommes en passe de devenir un acteur de l’énergie durable», poursuit-il. Pour lui, les habitants ne doivent plus être consommateurs mais «consom’acteurs». Le président de la MEL en a profité pour saluer ses principaux partenaires, de l’Enedis, représentée par Philippe Monloubou son président du directoire, et Arnaud Leroy, président du conseil d’administration de l’ADEME. «14 000 sociétés sont embarquées dans ce projet, nous sommes une région test», a déclaré ce dernier. Selon lui, il est important que la transition énergétique ne devienne pas anxiogène. À noter que la loi de transition énergétique pour la croissance verte a fixé un objectif de 32% de parts d’énergies renouvelables dans la consommation d’ici 2030.
Relier privé et professionnel
Deux tables rondes ont rythmé le lancement de So Mel So Connected. Elles ont notamment réuni des représentants de la MEL, de l’Enedis, de l’Université catholique de Lille et d’EDF. Valérie-Anne Lencznar, directrice générale de l’association Think Smartgrids, et Frédéric Motte, président du Medef Hauts-de-France, sont également intervenus sur les enjeux des 15 projets énergétiques présentés. Regroupés en quatre grands axes, ils concernent l’autoconsommation, l’énergie locale et la flexibilité électrique, la mobilité électrique et la lutte contre la précarité. «Un réseau électrique adapté, digitalisé, permet d’absorber les énergies renouvelables et de gérer de manière plus précise la consommation et l’efficacité énergétique par le biais de capteurs, mais aussi de développer la mobilité électrique», souligne Valérie-Anne Lencznar. Le marché des réseaux intelligents pèse 30 milliards d’euros dans le monde, dont 4 milliards en France, avec une exportation à 50%. «L’association Think Smartgrids fédère cet écosystème composé de PME, start-up, grands groupes, centres de recherche et universités», ajoute-t-elle. Alain Bezirard, vice-président énergie-transition énergétique et maîtrise de la demande électrique à la MEL, juge, quant à lui, ces réseaux essentiels pour éviter une hausse de la consommation d’énergie malgré la construction de nouveaux logements au sein de la Métropole. L’intelligence artificielle est quant à elle considérée comme indispensable au bon fonctionnement de ces réseaux, selon lui.
Un nouveau modèle économique
La flexibilité électrique, dans une logique d’économie circulaire, consiste à exploiter les gisements d’énergies perdues, soit les énergies fatales (récupération de chaleur produite par une machine ou d’hydrogène). Elles devraient être réinjectées dans le réseau local, notamment le chauffage des logements. Les réseaux intelligents seraient ainsi utilisés pour gérer de manière plus précise la demande en énergie. «S’il y a trop de demandes, l’entreprise peut stopper un appareil trop énergivore. Dans le cas contraire, elle peut vendre le surplus énergétique», indique Thierry Pages, directeur régional Nord – Pas-de-Calais Enedis. Second challenge, l’autoconsommation par l’installation de panneaux photovoltaïques sur la toitures de bâtiments publics et privés. «Nous avons accompagné 891 projets d’autoconsommation en février 2018.» Selon Valérie-Anne Lencznar, la France compte «20 000 installations en autoconsommation, soit une augmentation de 150% par rapport à 2016». Frédéric Motte, président du Medef Hauts-de-France, lance pour sa part «un appel aux acteurs économiques» et identifie plusieurs enjeux à la sensibilisation des chefs d’entreprise. Le premier est la formation, primordiale pour convaincre les dirigeants sur la transformation des métiers, le second réside dans la notion d’attractivité des Hauts-de-France. Il prêche par ailleurs en faveur de la mobilisation des universités afin de former aux métiers de demain. «Le monde de l’éducation doit monter dans le train», souligne-t-il.
Quatre axes d’action
- Autoconsommation. La MEL et ses partenaires prévoient d’accompagner la pose de panneaux photovoltaïques sur la toiture d’établissements publics et privés afin de favoriser une autoconsommation énergétique.
- Flexibilité électrique. Réinjecter les énergies dites «fatales», libérées lors du fonctionnement d’installations industrielles, soit la chaleur ou l’hydrogène, dans le réseau énergétique. Certaines entreprises ont déjà adopté ce réflexe, comme la station d’épuration Ovilléo à Marquette-lez-Lille.
- Mobilité électronique. La MEL prévoit l’expérimentation de bornes de recharge de véhicules électriques intelligentes sur plusieurs parkings du territoire. Elles permettront notamment d’adapter le temps de recharge par rapport à la durée de stationnement, mais aussi de choisir entre énergie solaire ou électricité classique.
- Lutte contre la précarité énergétique. Aspect important du plan d’action de So Mel So Connected, la maîtrise du budget énergie et l’évolution des comportement des ménages les plus modestes avec un accompagnement par la mise à disposition de compteurs Linky et autres outils numériques.