La MEL alimente le robinet de la solidarité

La MEL alimente le robinet de la solidarité

Avec ses deux distributeurs, Iléo et Noréade, la Métropole européenne de Lille a unifié le tarif en diminuant la part fixe et a mis en place un chèque pour les personnes en difficulté.

 

L’eau est, comme l’air qu’on respire, un bien devant rester accessible à tous en toute circonstance, même au creux des pires difficultés financières. Hélas ! L’eau distribuée au robinet a un coût que n’a pas (encore) l’air. Et il faut bien la payer coûte que coûte. Faute de quoi on la coupe parfois, ce que plus personne ne veut désormais voir, au point que la loi a interdit les coupures pour impayés. Telle est la raison d’être de deux dispositions prises par la MEL.

La Métropole européenne de Lille et son président, Damien Castelain, ont voulu que nul ne soit plus écarté de la distribution d’eau potable. Lors du changement d’opérateur (des Eaux du Nord vers Iléo), la MEL a voulu unifier le tarif et a donc réuni les deux opérateurs Iléo et Noréade. En effet, la vieille régie du SIDEN, qui dessert 700 communes du Nord, du Pas-de-Calais, de la Somme et de l’Aisne, compte 23 communes raccordées à son réseau dans la métropole lilloise, les 63 autres étant desservies par Iléo.

La première tâche d’Alain Détournay, vice-président, a été de créer une tarification unique dite sociale et éco-solidaire avec, pour premier effet, une baisse de la part fixe de 37 à 5 € pour la plupart des compteurs. Pour une famille consommant 85 m3, cette baisse peut être de 9%. Une tarification spéciale peut être proposée pour les bénéficiaires de la CMU-C grâce à un croisement de données avec la CPAM.

Opération pionnière. À cela vient s’ajouter une nouveauté, le chèque-eau. D’un montant de 10 €, il peut être distribué aux ménages en difficulté bénéficiant du Fonds de solidarité logement géré quant à lui par le Département du Nord. Il s’adresse aussi aux personnes sans ressources soit en raison de leur âge, de 18 à 25 ans, soit parce qu’elles sont en attente ou en rupture de droits ou exclues du Fonds de solidarité logement.

Pour les recenser et les toucher, la MEL s’est associée aux CCAS, les mieux à même de connaître toutes les situations individuelles dans chaque commune. Les bénéficiaires disposeront d’un chéquier dont ils useront en cas de difficulté de paiement de leur facture d’eau. Ceci pour Iléo, Noréade ayant mis en place un dispositif d’accompagnement personnalisé en partenariat avec les CCAS. Mais le résultat est le même, tout autant que l’effort financier : une enveloppe de 200 000 € pour les clients d’Iléo et une de 100 000 € pour ceux de Noréade. Pour 2016, l’opération intervenant en cours d’exercice, seule une enveloppe de 100 000 € a été débloquée. 10 000 chèques de 10 € seront ainsi distribués avec les mêmes règles dans toutes les communes.

Toutes ces mesures sont considérées comme un dispositif curatif et préventif afin d’éviter les impayés. Au passage, Paul Raoult, président de Noréade, a souligné que toute bonne idée ayant son revers, l’interdiction des coupures d’eau, voulue par le législateur dans un élan de générosité, a entraîné des impayés chez des mauvais payeurs qui pourraient sans problèmes s’acquitter de leurs factures, soit 80% de ceux qui ne paient pas. Cependant, ceux-là ne devraient pas bénéficier du chèque-eau.

Inclus dans la DSP. Alain Détournay a souligné que ce dispositif avait été intégré au contrat de délégation de service public pour les deux opérateurs, cette aide devant toutefois rester exceptionnelle pour les personnes en situation de précarité. Pour que le chèque-eau ne soit pas qu’une nouvelle pompe, tous les intervenants veilleront à sa juste application en établissant notamment des échéanciers de paiement. De même seront menées des opérations pédagogiques pour apprendre à gérer correctement l’eau, tant il vaut toujours mieux prévenir que guérir, et pour éviter que le chèque-eau ne devienne une incitation au gaspillage. Seront donc étudiées les pratiques qui mènent parfois à l’impossibilité de payer par surconsommation. On incitera à faire des économies pour éviter le recours au chèque-eau. Ce qui sera bon pour les consommateurs, pour les finances publiques et aussi pour la préservation de la ressource. Iléo va mettre en place une équipe (dite “pôle solidarité”) «pour établir des liens sociaux étroits». En accord avec l’association Interface, seront démultipliés les sites d’accueil. Enfin, sera mis en place un bus mobile pour les communes rurales car rien n’est semblable de la ville à la campagne et du collectif à l’individuel. Damien Castelain et tous les promoteurs de cette opération pionnière espèrent qu’elle fera école et irriguera le territoire national.

 

 

 

 

 

 

 D.R.