La lutte contre le gaspillage, un business florissant
Le spécialiste de l’économie solidaire et de la lutte contre le gaspillage, la start-up parisienne Phenix SAS vise dorénavant la région du Grand Est après s’être développée ces dernières années dans plusieurs régions françaises.
Faire de la lutte contre le gaspillage alimentaire un business rentable est l’idée développée par la startup parisienne Phenix SAS qui a réalisé deux levées de fonds pour un montant de 2,5 millions d’euros en 2015 auprès, notamment, de Starquest Capital. Une premier tour de table à propos de la holding nationale et un second au niveau de la filiale Breizh Phenix. «La société attire les investisseurs d’une part grâce à son positionnement original et d’autre part le contexte réglementaire avec la loi contre le gaspillage alimentaire qui favorise notre développement» précise Nicolas Langlet, directeur de la région Grand Est. Créée en 2014 par Jean Moreau et Baptiste Corval, la jeune société se déploie sur tout le territoire et fait du Grand Est sa nouvelle priorité. «Nous avons ouvert un bureau à Strasbourg, depuis cette tête de pont, nous prospectons l’ensemble de la nouvelle grande région», précise Nicolas Langlet. En se positionnant comme un intermédiaire entre les acteurs de la grande distribution et le milieu associatif, Phenix veut diminuer le volume des déchets en valorisant au maximum les invendus : «Nous donnons une seconde vie aux produits en fin de cycle, alimentaires et non alimentaires. La poubelle ne doit plus être un réflexe» développe le directeur. D’autant que les Français brillent par leur capacité de gaspillage avec en moyenne entre 20 et 30 kg de nourriture viable, par an, jeter à la poubelle par chaque citoyen. Des partenariats multiples Phenix a déjà signé une centaine de contrats avec des partenaires privés en particulier les grandes surfaces dont l’enseigne de distribution Franprix. «Les grandes surfaces sont contraintes de jeter ou de retirer de leurs linéaires des produits dont la date d’expiration est proche ou pire des produits saisonniers que les consommateurs ne souhaitent plus acheter. Ces magasins constituent le cœur de nos approvisionnements» constate le directeur de la région Grand Est qui vient de signer un partenariat avec un hypermarché Leclerc en Lorraine. Par ailleurs, la société a créé un réseau de 300 associations partenaires émaillant tout le territoire : «Les associations viennent récupérer la marchandise directement auprès des enseignes de la distribution pour ensuite la distribuer» explique Nicolas Langlet. Pour fluidifier l’organisation, Phenix a développé une plateforme web où chaque partenaire peut gérer ses surplus, «des alertes automatiques préviennent les associations situées dans un rayon proche du distributeur» ajoute le directeur. Un business model fondé sur un avantage fiscal Outre la liquidation d’un stock invendable et les économies de stockage réalisées, les enseignes de distribution y trouvent un avantage fiscal en déduisant 60 % de la valeur de la marchandise donnée dans la limite de 5 pour 1000 du chiffre d’affaires. Quant à Phenix, elle se rémunère en captant une commission sur cette déduction fiscale : «Elle est variable, cela dépend de la négociation menée avec les partenaires» explique Nicolas Langlet. Phenix SAS a réalisé en 2015 un chiffre d’affaires de 500 000 euros qui devrait encore progresser dans les prochaines années. D’autant que la jeune pousse est soutenue par la BPI et est lauréate du Prix Coup de Cœur du concours
alban.le.meur