La loi Hamon l’installe à la table des grands

La crise a favorisé son essor. Le gouvernement s’en est emparé comme d’un modèle économique que l’on ne peut plus ignorer, chiffres à l’appui, et, grand avantage, elle est multiforme comme le prouve le World Forum lillois. Sa présence au salon Créer est logique.

Pierre Thomas, très satisfait du vote de la loi-cadre Benoît Hamon, est lui-même responsable d’une société ESS de formation professionnelle dans le bâtiment.
Pierre Thomas, très satisfait du vote de la loi-cadre Benoît Hamon, est lui-même responsable d’une société ESS de formation professionnelle dans le bâtiment.

 

Pierre Thomas, très satisfait du vote de la loi-cadre Benoît Hamon, est lui-même responsable d’une société ESS de formation professionnelle dans le bâtiment.

Pierre Thomas, très satisfait du vote de la loi-cadre Benoît Hamon, est lui-même responsable d’une société ESS de formation professionnelle dans le bâtiment.

L’ESS quitte chaque jour un peu plus l’image de gadget pour «petit-entrepreneur-en-manque-de-moyens-financiers». Une formule et quelques chiffres : l’ESS c’est d’abord des valeurs humaines, un projet social et économique et… des résultats. En Nord-Pas-de-Calais plus de 10 000 établissements ESS ont des salariés. Associations, coopératives, mutuelles, fondations, 9% des établissements de la région et 11,3% des salariés sont ESS (30 130 jeunes) contre 10% en France. Les secteurs d’activité : le «social» 44%, l’enseignement 15,4%, la santé 8,6%, le financement et les assurances 7,3%. Suivent l’industrie, l’agriculture, l’environnement, les services à la personne (la «locomotive»). Sont favorisés l’emploi féminin à responsabilité, celui des seniors (38,7% contre 33 dans l’économie classique), des personnes handicapées (qui patine dans l’économie non solidaire) et des jeunes.

 Des handicaps mais les avantages l’emportent. Certes, les financements étaient longtemps plafonnés par les organismes prêteurs (qui les ont tous remontés), mais beaucoup d’investisseurs privés sont attirés par ces nouveaux marchés et ces process innovants. Les entreprises de l’ESS se pérennisent et courent peu de risques engageant des fonds modérés. En 2020, 600 000 emplois remplaçant ceux des retraités sur le départ seront disponibles, favorisés par un bassin d’emploi qui se forme beaucoup générant des micro-structures souples et souvent très innovantes sur le fond et la forme. Et 160 métiers en région sont ouverts par l’ESS. Il existe des cursus universitaires, telle la licence de management et sciences sociales à l’université du Hainaut-Cambrésis. Des structures régionales se sont créées : l’URIOPS, puis des chambres régionales de l’ESS qui fédèrent, avec par exemple France active, des acteurs de l’ESS sur un observatoire de la santé économique et financière. Citons aussi un baromètre des offres d’emploi ESS avec le concours de CMN Partners, France active et le MOUVES qui procèdent par observation, évaluation, promotion des possibilités et réalisations.

 L’ESS mobilise surtout depuis la crise. Elle a créé plus d’emplois que l’économie classique grâce souvent à des méthodes révolutionnaires entrant dans le cadre du World Forum. Cet aspect séduit l’entrepreneur d’autant que, souvent, comme on le voit dans le crowdfunding et le coworking, elles ont fait leurs preuves aux USA et débutent avec succès en Europe. Ainsi, BFM business citait-il les 66 M€ qu’1 million de Français ont mobilisés en crowdfunding.

Tous les réseaux internet sont de plus en plus souvent au cœur des créations d’activités et de structures ESS, des start-up modernes, rapides et dans des domaines souvent inexplorés valorisant l’ingénierie de jeunes diplômés. Ces modes de création rejoignent l’un des objectifs de la troisième révolution industrielle, de petites unités ultra-modernes, souples et à vocation mondiale. Ce qui explique qu’on y retrouve essentiellement des indépendants au départ, tendance très contemporaine de la création entrepreneuriale.

 De nouveaux marchés. Le réseau régional des Cigales, le plus connu, s’est structuré d’importance par un élargissement de ses financements. Si la structure mutualisée reste identique via ses quatre établissements bancaires, il est possible de faire face aux différentes étapes de la croissance d’une société, y compris en fonds propres. Les Cigales comptent 150 clubs qui soutiennent au moins trois projets chacun, vers des SARL (68%), des associations (18%) et des SCOP (14%). Voilà qui attire des cabinets-conseils, experts-comptables notamment, qui voient là des opportunités à s’ouvrir à de nouveaux marchés moins bloqués et contraignants, bref décomplexés, optimistes et demandeurs. Récemment, Pierre Thomas, président de l’URSCOP, rappelait que la société coopérative 2014 n’avait plus rien à voir avec ses «ancêtres». Enfin, quel plus bel hommage que celui de la création en 2012 d’un premier ministre de l’ESS (Benoît Hamon) et du vote d’une loi-cadre fixant notamment les aides financières aux entreprises ESS ?