Inauguration du Logistic'Tour sur le campus Euralogistic
La logistique, un enjeu pour l'emploi sur le territoire
Premier maillon de la future Cité de la logistique et de la supply chain qui verra le jour en 2022, le Logistic'Tour a été inauguré le 6 mai dernier. Parce que les métiers de la logistique sont encore trop méconnus, ce parcours immersif et ludique devrait susciter des vocations et pallier aux pénuries de main d'œuvre dans un secteur qui compte 150 000 emplois salariés privés en Hauts-de-France.
Véritable locomotive régionale en matière de logistique, le campus Euralogistic – créé il y a 10 ans à Dourges – s'enrichit d'une nouvelle offre avec le Logistic'Tour, un projet porté par la CCI Hauts-de-France, soutenu par l'Etat et le Conseil régional, et réalisé en partenariat avec Pôle Emploi et l'AFT Hauts-de-France. 500 m2 dédiés à la découverte des métiers pour les demandeurs d'emplois, les lycéens ou les personnes en reconversion.
«Nous
souhaitons accueillir 1
000 personnes chaque année.
Les métiers de la logistique sont insuffisamment connus alors que la
région est championne dans le domaine. Même si on présente les
métiers dans des brochures, c'est difficile de savoir si l'on est
fait vraiment pour ça», explique Laurent Desprez, directeur du pôle d'excellence régional
Euralogistic, qui forme chaque année 2 000 futurs professionnels de
la logistique.
Au
sein de ce Logistic'Tour, conçu
comme un escape game,
une immersion ludique dans les métiers de la logistique, à travers
des jeux de société, des vidéos... Unique en France, il était
attendu de pied ferme par Pôle Emploi : «Les
Hauts-de-France comptent plus de 500 000 demandeurs d'emploi dont la
moitié sont des chômeurs de longue durée. Nous avons rêvé de cet
outil ! Il va casser les représentations de la logistique. Si ce
secteur n'attire pas, c'est simplement parce qu'il est méconnu comme
l'étaient l'industrie et le bâtiment»
explique Frédéric Danel, directeur régional Hauts-de-France chez
Pôle Emploi.
Une
pénurie sur l'ensemble des métiers
Un
constat que les chefs d'entreprise ne vont pas contredire : «Nous
manquons de conducteurs routiers, de déclarants en douane, de
contrôleurs qualité, d'emballeurs, d'informaticiens... Combien de
fois les candidats arrivent chez nous et au bout de quelques jours,
se rendent compte qu'ils ne sont pas faits pour ça ? Il y a un
travail à faire en amont pour former»
explique Sébastien Delquignies, directeur général de Delquignies
Logistique (Mortagne-du-Nord).
Les
150 000 emplois salariés privés – soit 11% de l'emploi salarié
régional – ne suffisent donc plus. A l'heure du «juste à temps»
et des livraisons e-commerce en plein boom, la logistique recrute sur
des métiers sans qualifications jusqu'au bac +5. «Quand
il y a 10 ans, on se faisait livrer en trois semaines, cela ne
choquait personne. Aujourd'hui, c'est au jour le jour. Ce sont de
vrais défis à relever pour nos métiers, en plus de celui de
l'impact environnemental»
concède Saou Ghadfa, délégué régional à l'AFT Hauts-de-France,
association pour le développement de la formation professionnelle
Transport et Logistique.
Bientôt
une Cité Internationale de 10 hectares
Le
Logistic'Tour est la première étape d'un projet
de grande envergure :
la Cité Internationale de la logistique et de la supply chain, à
horizon 2022-2023. Porté par la CCI Hauts-de-France, ancrée dans
rev3, cette Cité comportera une école d'application («Supply
Tech»), un centre technologique R&D («Logistics Factory»), un
incubateur («Neo Hub») et un parc tertiaire d'innovations
logistiques de 5 hectares.
5 millions d'euros d'investissement pour la 1ère Cité logistique de France qui a vocation à faire des Hauts-de-France une «référence mondiale». «Cet équipement de haut niveau aura vocation à nous faire encore mieux connaître au-delà de la Région» ambitionne Philippe Hourdain, rejoint par Laurent Desprez : «Même si nous sommes champions, nous n'allons pas encore assez loin. Je pense notamment aux taux de remplissage des camions. Nous devons être au top au niveau mondial et européen.» Parmi les autres objectifs : la formation de plus de 500 personnes par an et l'accompagnement de 250 projets chaque année.
Alors
que la logistique représente 35% de l'empreinte carbone, cette Cité
internationale sera aussi un pas de plus vers la Green Logistique, un
secteur pour lequel Philippe Vasseur, président de la mission rev3, souhaite que la Région devienne un «haut
lieu chargé d'une puissance économique et environnementale.»
Cérélia : une base logistique à Arras pour desservir le Nord de l'Europe
C'est l'exemple type d'une entreprise cinquantenaire qui a mis la logistique au cœur de son business : Cérélia, ex-Euro Dough, fabricant de pâtes ménagères prêtes à cuire (marques Croustipate, Pop Bakery, Créapan, English Bay...), est en train de construire 30 000 m2 sur la zone Actiparc à Arras. L'entreprise de 1 600 salariés – dont 700 en France –, au chiffre d'affaires 2020 de près de 500 M€, consacre 10% de ses effectifs à la supply chain.
«Nous
nous devons d'être réactifs car on livre la grande distribution.
Notre future base logistique permettra d'optimiser la distribution,
de raccourcir le nombre de kilomètres parcourus...»
explique Cédric Marchipont, directeur des opérations sur l'usine de
production de Liévin. Ce site historique du groupe, construit en
1974, produit chaque année 43 000 tonnes de pâtes prêtes à garnir
(pâtes feuilletées, pâte à pizza...) à destination de la grande
distribution.
«Notre
croissance nous incite à augmenter notre capacité de production,
avec l'implantation de notre 'pôle opérationnel Nord', future base
logistique sur la zone Actiparc».
Cette base logistique viendra compléter la seconde base de Dôle,
dans le Jura, et desservira le Nord de l'Europe. «Il
ne s'agit pas uniquement d'augmenter notre capacité de production
mais aussi d'améliorer la sécurité de nos collaborateurs et de
réduire notre impact environnemental puisque les installations
n'auront aucun impact sur le CO2
ni sur la couche d'ozone»
explique-t-il.
A
la clé de ce nouveau site logistique, la création d'une trentaine
d'emplois. «La réalité
du métier de la supply chain, c'est sa méconnaissance. Tout le
monde sait que c'est important mais sans savoir vraiment ce que cela
regroupe comme métier. Il y a une expertise, une technicité et
aussi un vrai parcours de carrière. Une initiative comme le
Logistic'Tour permet de montrer ces métiers.»
La
business unit France de Cérélia – dont le siège est à Liévin –
réalise 25% de son chiffre d'affaires à l'export, est également
détentrice du label Supply Chain + qui certifie la robustesse de la
supply chain d'une entreprise, tout en identifiant les axes de
progrès.
Contexte logistique en Hauts-de-France
1ère façade maritime
de France
16% du parc français en bâtiments logistiques
2 000 décideurs qui travaillent avec le pôle Euralogistic
Du point de vue national, la
France n'occupe que la 16ème place de l'indice de performance
logistique, loin derrière l'Allemagne (1er), la Suède (2ème), la
Belgique (3ème).