La Haye choisit le français Naval Group pour la construction de sous-marins

Les Pays-Bas ont annoncé vendredi avoir choisi le français Naval Group pour la construction de quatre sous-marins, un projet de plusieurs milliards d'euros, au détriment notamment du tandem formé par...

Une membre de l'armée des Pays-Bas se tient à l'entrée d'un sous-marin néerlandais, le 22 janvier 2020 au Helder aux Pays-Bas © Robin VAN LONKHUIJSEN
Une membre de l'armée des Pays-Bas se tient à l'entrée d'un sous-marin néerlandais, le 22 janvier 2020 au Helder aux Pays-Bas © Robin VAN LONKHUIJSEN

Les Pays-Bas ont annoncé vendredi avoir choisi le français Naval Group pour la construction de quatre sous-marins, un projet de plusieurs milliards d'euros, au détriment notamment du tandem formé par le suédois Saab et le néerlandais Damen.

La victoire de Naval Group marque le premier succès à l'export de son sous-marin Barracuda, dont 12 exemplaires avaient été vendus à l'Australie avant que Canberra n'annule le contrat en 2021.

"Après un processus de devis minutieux, Naval Group construira les nouveaux sous-marins", a déclaré le secrétaire d'Etat néerlandais à la Défense, Christophe van der Maat, à Le Helder (nord), où se situe la plus grande base navale de la marine néerlandaise.

"Ils ont réussi à proposer une offre équilibrée, polyvalente et réaliste. L'industrie néerlandaise a également un rôle important à jouer, condition importante dans le processus d'attribution", a-t-il ajouté.

La Haye n'a pas indiqué le prix du contrat mais selon les médias locaux, il pourrait s'élever entre 4 et 6 milliards d'euros. Interrogé à ce sujet, Christophe van der Maat a indiqué à l'AFP que le budget du projet était de 5,6 milliards d'euros, et que l'offre de Naval Group était "inférieure" à ce montant.

La compétition opposait le groupe public français Naval Group, allié au néerlandais Royal IHC, à l'allemand thyssenkrupp Marine Systems (TKMS) et au suédois Saab qui a fait alliance avec le constructeur naval néerlandais Damen.

Ce long processus entamé en 2015 vise à remplacer les quatre sous-marins de classe Walrus lancés au début des années 1990 et dont le premier a été retiré du service à l'automne dernier pour que ses pièces puissent servir à l'entretien des autres.

"Equipés des derniers systèmes et technologies, les nouveaux sous-marins sont un digne successeur de la classe Walrus", a souligné le ministère néerlandais de la Défense dans un communiqué.

Le PDG de Naval Group Pierre-Eric Pommellet s'est dit "honoré" que le groupe ait été sélectionné "à l'issue d'une compétition acharnée et de participer à ce projet d'importance stratégique".

Naval Group promet de veiller à ce que "l'écosystème néerlandais développe et conserve son expertise et son implication tout au long du cycle de vie du sous-marin", selon un communiqué.

"Les nouveaux sous-marins constituent une étape importante dans le renforcement de notre sécurité", a affirmé sur X Kajsa Ollongren, ministre néerlandaise de la Défense.

Remous au Parlement

L'annonce de La Haye officialise une information qui circulait déjà dans la presse. Elle avait provoqué des remous au sein du Parlement néerlandais, qui sera appelé à entériner le choix du gouvernement avant toute signature de contrat.

Le cabinet du Premier ministre Mark Rutte expédie les affaires courantes depuis les élections de novembre qui ont vu la victoire du dirigeant d'extrême droite islamophobe Geert Wilders.

Mais dans le système politique néerlandais très fragmenté, où aucun parti n'est assez fort pour gouverner seul, M. Wilders a dû renoncer à devenir Premier ministre au profit d'un gouvernement partiellement technocrate qui reste à constituer.

Mercredi soir lors d'un débat parlementaire, le député Chris Stoffer du parti réformé SGP - avec une forte base en Zélande, où est basé Damen - a appelé à "ne pas laisser ce gouvernement décider, mais un nouveau gouvernement qui choisit dans l'intérêt des Pays-Bas".

Mais avec Naval Group, l'industrie néerlandaise a bel et bien un rôle à jouer, non seulement dans la construction des nouveaux sous-marins, mais aussi dans la maintenance, s'est défendu le secrétaire d'Etat vendredi.

"Cette décision est donc non seulement bonne pour la marine et nos intérêts en matière de sécurité, mais certainement aussi pour les entreprises néerlandaises et le développement de notre savoir-faire", a-t-il expliqué.

Coopération industrielle

Le contrat comprendra également un accord de coopération industrielle (ICA), visant à renforcer la base technologique et industrielle de défense néerlandaise, même si l'assemblage des sous-marins sera réalisé dans le chantier naval de l'entreprise retenue.

La sélection de Naval Group "permettra aux Pays-Bas de disposer de sous-marins de classe océanique au plus haut standard mondial, renforçant ainsi les forces armées néerlandaises ainsi que les capacités européennes au sein de l'OTAN", a déclaré le ministère français des Armées.

"Ce projet mobilisera le tissu industriel néerlandais", a-t-il souligné dans un communiqué.

Les deux premiers sous-marins doivent entrer en service dans les dix ans suivant la signature du contrat.

Un premier Barracuda, le Suffren, équipe la Marine française dans une version à propulsion nucléaire. Le modèle destiné aux Pays-Bas est lui à propulsion conventionnelle diesel-électrique et un peu plus petit, 3.000 tonnes contre 4.500 tonnes.

La Marine néerlandaise a fait part de son besoin d'être dotée de sous-marins océaniques de grande autonomie afin de pouvoir opérer loin de ses bases, ce pour quoi le Barracuda a été conçu.

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