La hausse des radiations d’entreprises, symbole d’une économie en mutation
Alors que les créations d’entreprise continuent de progresser et que les procédures collectives se maintiennent à un niveau historiquement bas, le nombre de radiations d’entreprises n’a jamais été aussi important. Selon le Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce, ce phénomène témoigne de la mutation en cours de l’écosystème entrepreneurial.
C’est
un état des lieux assez encourageant que dresse, pour le troisième
trimestre 2021, le Baromètre national des entreprises du Conseil
national des greffiers des tribunaux de commerce (CNGTC). Réalisée
par l’Institut Xerfi à partir des bases de données des greffes
des tribunaux de commerce, la dernière édition de cette étude,
publiée le 19 octobre, témoigne ainsi «de
la vive reprise de l’économie, enclenchée parallèlement au
retrait progressif des aides gouvernementales»,
ainsi que de «la
mutation décisive – en cours – de l’écosystème
entrepreneurial en France».
Une dynamique entrepreneuriale favorable
Plusieurs
indicateurs sont en effet au vert. C’est le cas des créations
d’entreprises, qui continuent de progresser à un rythme soutenu,
alors qu’elles étaient déjà à des niveaux assez élevés, et
des défaillances d’entreprises, qui continuent de diminuer. Reste
que le nombre des radiations d’entreprises n’a jamais été aussi
haut. Entre le 1er juillet et le 30 septembre 2021,
73 541 entreprises ont été radiées du Registre du commerce
et des sociétés (RCS), en hausse de plus de 20% par rapport au
troisième trimestre 2020. Inhabituel, ce phénomène, qui a déjà
été identifié au cours du premier semestre, se
poursuit donc, sur sa lancée. Selon le CNGTC, il traduit
avant tout «le symbole d’une
économie en mutation».
Une
hausse globale des radiations d’entreprises, parfois difficile à
analyser
Sur
l’ensemble des motifs de radiation, ce sont celles prononcées à
la suite d’une procédure collective qui ont enregistré la plus
forte progression en pourcentage (+49 %), ce troisième trimestre.
Mais «cette variation n’est pas nécessairement liée à la
conjoncture récente et peut également émaner de difficultés
antérieures à la crise», souligne l’étude. En ce qui
concerne les radiations d’office, leur part a au contraire diminué
à un an d’intervalle (-7
points). Et là encore, «l’évolution des radiations
d’office doit cependant être analysée avec précaution, n’étant
pas nécessairement liée à la conjoncture, mais pouvant résulter
de décisions administratives ponctuelles (opérations de nettoyage
des registres décidées par certains tribunaux, par exemple)».
Le
nombre de radiations volontaires stabilisé à un niveau élevé
Quant
à la part des radiations volontaires d’entreprises, elle est
restée assez stable par rapport à l’an passé, mais à un niveau
élevé. Avec près de 6 000 fermetures supplémentaires, leur nombre
a même augmenté au cours du troisième trimestre 2021. «Il
semble donc que l’effet d’aubaine constaté au premier semestre
2021 se poursuive, avec des entreprises ayant profité du soutien
gouvernemental pour assainir leur situation financière, et
choisissant de disparaître avant la fin des mesures d’aide»,
explique l’étude. Ainsi, des dirigeants d’entreprises préfèrent
«mettre la clé sous la porte et se réinventer sur un créneau
plus porteur, plutôt que d’être confrontés à des problèmes
d’insolvabilité».
Cette hausse générale des radiations d’entreprises au troisième trimestre 2021 est perceptible dans tous les secteurs de l’économie, excepté dans celui de la construction. Deux secteurs enregistrent toutefois une explosion du nombre de radiations d’entreprises ces derniers mois : le commerce, et en particulier le e-commerce, et le transport et l’entreposage, et plus précisément la livraison à domicile. Selon le baromètre des greffiers des tribunaux de commerce, il s’agit bien souvent «de stratégies de survie et de reconversion des employés des secteurs sinistrés», et «le turnover est important dans ces secteurs émergents» que sont le e-commerce et la livraison à domicile.
Mais au-delà de ce phénomène remarquable en raison de sa nouveauté, ce sont les secteurs traditionnels qui continuent d’enregistrer la majorité des radiations d’entreprises : ainsi, «les secteurs de la location de logements et de terrains et de la restauration représentent près d’un quart du total des radiations», précise l’étude.