La guerre du feu
La forêt vosgienne a brûlé ! Un important incendie s’est déclaré le 13 juin à Bois-de-Champ, au lieu-dit d’Auberfosse près de Brouvelieures. Plus d’une trentaine d’hectares ont été dévastés par les flammes. C’est le troisième feu de forêt de la saison que connaît le département vosgien.
Tout le monde a en mémoire le triste bilan ravageur de l’été dernier. Un été meurtrier, où en une semaine près de quatre-vingt départs de feu avaient été répertoriés dans ce département entraînant la dévastation de 150 hectares de forêts. La veille, la Meurthe-et-Moselle et la Meuse sont classées pour une durée de deux jours en vigilance élevée «orage-feu de forêts». Les informations préfectorales tombent, appelant à la vigilance et à la responsabilité collective. Il y a encore quelques années, les feux de forêts de l’été étaient l’apanage des zones du littoral du sud de la France. Les interventions des soldats du feu faisaient l’actualité estivale où les images de murs de flammes aux abords des campings de vacanciers ou à la lisière des belles villas sur les hauteurs provoquaient émoi et sidération. Dans nos contrées, à l’époque, personne ne pouvait croire que cela pouvait nous concerner. Aujourd’hui, tout l’Hexagone est potentiellement en proie aux flammes, le Grand Est et la Lorraine n’échappent pas à la règle. L’été 2022 a vu près de 72 000 hectares de forêts partir en fumée au niveau national, un nombre sept fois supérieur à celui de la moyenne annuelle depuis dix ans. Depuis le début de la saison 2023, ce sont déjà plus de 21 000 hectares qui ont été réduits en cendres. Une résultante directe des effets du changement climatique et, pas la peine de se voiler la face, la situation risque de se détériorer de plus en plus au fil du temps. Cet état de fait est malheureusement connu. Les études du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sont pourtant là. Elles démontrent que le risque d’incendie va s’intensifier avec comme conséquence inexorable, une augmentation du nombre de feux ainsi que des surfaces brûlées. D’ici 2050, les surfaces brulées vont augmenter de 80 % et plus de la moitié des Landes et forêts hexagonales seront concernées par un niveau élevé d’incendie. À l’instar du feu, les autres catastrophes s’enchaînent. Les épisodes orageux ultra-violents, les pluies torrentielles sont légion balayant tout sur leur passage et laissant derrière eux des paysages d’apocalypse. Et nous ne sommes qu’à la mi-juin...