Entreprises

La grande inconnue des défaillances d’entreprises en Moselle

Les récentes universités du Medef, auxquelles a pris part l’Union des Entreprises 57, se sont déroulées sur fond de crise énergétique. On serait tenté d’écrire de crises, tant depuis maintenant plus de deux ans elles se superposent ou s’entremêlent. Dans une économie française alourdie de nombreuses incertitudes, un voyant inquiète, car repassant au rouge. Celui des défaillances d’entreprises, dépôts de bilan et liquidations judiciaires. Dans un contexte national peu enthousiasmant, où en est-on en Moselle sur ce point crucial ? Ici, comme ailleurs, les semaines à venir vont être décisives pour nombre d’entreprises.

233 défaillances d'entreprises de janvier à juin en Moselle. + 20 % par rapport à la même période en 2021.
233 défaillances d'entreprises de janvier à juin en Moselle. + 20 % par rapport à la même période en 2021.

Un rappel pour se souvenir d’où l’on vient, les crises qui se bousculent depuis les débuts de la pandémie au printemps 2020 nous faisant souvent oublier nombre de paramètres passés. Utile pour mieux jauger le présent immédiat. L’importance du «quoi qu’il en coûte» avait fait chuter le nombre de défaillances d'entreprises en France à quelque 27 000 en 2021, quand il dépassait 50 000 par an avant la crise sanitaire. Même effet pour la Moselle : plus de 700 défaillances en 2019, 392 un an plus tard, et 331 en 2021. En cette rentrée, la grande majorité des aides ont été supprimées, à l’exception de celles répondant aux crises ponctuelles, comme les incendies et conséquences de la sécheresse.

Un long tunnel de crises...

Le bilan mensuel, pour juillet de la Banque de France, note un nombre de défaillances un peu supérieur à 3 000, comme globalement depuis le début de l’année. Cette relative stabilité ne doit aucunement masquer une réalité. Durant cet été, les défaillances d’entreprises en France se sont poursuivies. Certes, on observe une accélération lente, mais elle est réelle. De juillet 2021 à juillet 2022, 34 653 entreprises ont déclaré avoir connu une cessation de paiement. C’est 23,1 % de plus sur la période entre 2021 et 2022. Cette tendance à la hausse augmente depuis plusieurs mois. En juin, elle était de + 15,9 % par rapport à la même période de 2021, de + 10 % en mai. Toutefois, malgré cette remontée, le taux annuel de défaillances reste inférieur de 32,2 % par rapport à la période précédant la Covid-19. En l’occurrence, dans un contexte inflationniste et où la crise de l’énergie nous rattrape brutalement, appelant à des mesures fortes individuelles et collectives, il semble bien difficile de dessiner ce que sera le portrait des défaillances sur un plus long terme, tant la pandémie a perturbé le rythme des défaillances. On y ajoutera la crise ukrainienne et ses effets systémiques, dont beaucoup demeurent encore insoupçonnés. La crise climatique et les changements de paradigme qu'elle impose et va nous contraindre n’arrange rien.

La fragilité des TPE/PME dans un contexte incertain

Dans ce paysage hexagonal aux horizons bien incertains, où on ne peut avoir de certitudes solides le jour même, tant elles peuvent être détricotées le lendemain, la Moselle se situe dans ce halo d'inconnues. Dans le département, les 6 premiers mois de 2022 avaient vu 233 défaillances d’entreprises. Sur la même période, l’an passé, la donnée était de 192. En 2020, de 211. 2019 affichait des statistiques à 401 et 2018 à 336. Dans un parallélisme au diapason de la situation nationale, les défaillances d’entreprises en Moselle montent régulièrement depuis plusieurs mois. Ici aussi, difficile de prédire un avenir sûr, tant le contexte international rejaillit sur le national, et en bout de chaîne impacte le local. On ne compte plus le nombre de TPE et de PME, tissu de l’économie de proximité et de l'attractivité des territoires, qui souffrent depuis des mois de la hausse des prix des matériaux et des matières premières, quand il n’y a pas pénurie. La crise énergétique est pour elles un choc supplémentaire. En première ligne, les TPE représentent une part de plus en plus importante des défaillances d’entreprises sur douze mois par rapport aux douze mois précédents. Même constat pour les PME. Au-delà des études et autres notes conjoncturelles, le bilan exact de la réelle santé financière des entreprises reste à appréhender. La pause estivale terminée, la rentrée est là. Avec elle son retour à la réalité. Quelle sera-t-elle dans les semaines à venir ? Le gouvernement multiplie les communications préventives pour parer à de nouveaux temps difficiles. La sphère entrepreneuriale doit s'y préparer, plus que jamais.