La grande défaillance ?
Terminée la réalité virtuelle, bienvenue dans la vie économique réelle ! La hausse de 43,6 % sur un an dans l’Hexagone au premier trimestre des défaillances d’entreprises, dévoilée la semaine dernière par le cabinet Altares dans son étude trimestrielle sur les défaillances et les sauvegardes d’entreprises, peut naturellement jeter un froid.
Depuis le début de l’année, 14 137 procédures collectives ont été ouvertes et les défaillances retrouvent désormais des niveaux d’avant-crise. Dans la région, cette hausse n’est «que» de 38 %. Avec ses 1 026 procédures collectives, le Grand Est enregistre, pour le moment, un niveau de défaillances encore inférieur à celui de 2019. Au remboursement des PGE (Prêts garantis par l’État) et des autres dettes engendrées par la crise de la Covid-19 s’additionnent la hausse des taux, l’inflation, l’augmentation des prix de l’énergie. Autant d’éléments qui expliquent cette remontée en flèche des défaillances d’entreprises. Au début de l’année, à l’occasion de la rentrée solennelle du tribunal de commerce de Nancy, son président Yves Lesage assurait «que les cessations de paiement n’étaient pas encore à l’ordre du jour.» Une question de temps et de localisation. À quelques kilomètres de là à la même époque son homologue de Bar-le-Duc, Xavier Hospital assurait «que le début du bal des défaillances a commencé.» Confirmation aujourd’hui et quand on sait que les assignations de l’Urssaf reprennent progressivement, il est fort à parier que le nombre d’ouvertures de procédures collectives tombe comme à Gravelotte dans les semaines à venir. «Si aujourd’hui, la volumétrie des défaillances peut paraître conforme aux attentes, il demeure que le rythme ne ralentit pas. Les assignations Urssaf ne gonflent pas encore les ouvertures. L’Urssaf reprend ses procédures de recouvrement pour lui permettre à la fois de répondre à sa mission de financement et de protection sociale mais aussi garantir l’équité entre les entreprises. Dans ces conditions, le niveau de défaillances devrait, comme envisagé il y a quelques mois avoisiner, voire, dépasser le seuil des 55 000 cette année», assure Thierry Millon, directeur des études Altares. Le contexte actuel, les incertitudes grandissantes par rapport à la guerre en Ukraine et le spectre d’une réelle crise financière, notamment mise en avant par l’économiste Jacques Attali dans une de ses chroniques dans les Echos la semaine dernière, laissent présager des temps délicats. Le fameux mur des faillites, tant redouté, semble commencer à s’ériger...