La frontière, enjeu capital pour les transporteurs et logisticiens

De nombreux webinaires sont organisés autour de l'échéance du 1er janvier 2021. Ce jour-là, la frontière sera rétablie entre le continent européen et le Royaume-Uni...

© brainwashed 4 you
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Quelle que soit l’issue des négociations entre l’Union européenne et le Royaume-Uni, de nouvelles formalités seront à remplir avant de passer la frontière franco-britannique. Les contraintes, nombreuses et très techniques, vont s’imposer au premier jour de janvier prochain. Les entreprises de transport se préparent depuis plus de deux ans, conseillées par les différents organismes (Douanes, Région, CCI, etc.). De nombreux webinaires sont ainsi organisés pour réunir les acteurs du secteur, qui ont tous des questions nécessitant des réponses rapides.

Une conjoncture préoccupante

L’enjeu est effectivement de taille pour les entreprises régionales de la logistique : chaque année, plus de 5 millions de camions traversent la Manche. «Même si nous avons perdu 80% du trafic transmanche et qu’aujourd’hui, uniquement 10% des plaques qui franchissent la Manche sont françaises, la situation est pour le moins anxiogène», confie Sébastien Rivera, secrétaire général de la Fédération nationale des transporteurs routiers dans le Pas-de-Calais. Le ralentissement des flux, aussi faible soit-il, pourrait avoir un impact sur la rentabilité de certaines entreprises de transport, déjà en tension. «Une minute d’attente pour un camion, c’est un euro de perdu, d’autant plus que nous ne sommes qu’un maillon de la chaîne. Nous dépendons du tunnel, des ports et de nos clients pour que le trafic soit bon.» Sans compter les recrutements ou la sous-traitance à prévoir pour gérer ces nouvelles formalités et obligations…

Des entreprises inégalement préparées

Le rétablissement de la frontière obligerait les entreprises exportatrices à procéder au dédouanement de leurs marchandises et à entreprendre de nouvelles démarches. Une «frontière intelligente» doit être mise en place afin que chacun des acteurs – exportateur, transporteur, destinataire… – puisse limiter le temps passé à franchir la frontière. Il s’agit de préremplir l’ensemble des déclarations douanières, d’identifier les camions, leurs plaques et les marchandises. Les entreprises devront obtenir un numéro EORI, qui vise à sécuriser les échanges commerciaux et à identifier les entreprises exportatrices. «Nous n’avons pas calculé le coût exact, mais il faudra de toute manière investir ou sous-traiter», précise Sébastien Rivera. Chaque entreprise de transport aura, selon le type de marchandises qu’elle a à sa charge, des formalités supplémentaires à remplir. Les entrepreneurs, s’ils se sont préparés, ont encore des questions pratiques auxquelles ils aimeraient avoir rapidement des réponses. Lesquelles dépendent pour beaucoup des négociations encore en cours. Les transporteurs ne sont pas tous préparés de la même façon : «Avec les différents reports que l’on a connus, certaines sociétés s’attendent à voir une nouvelle date d’entrée en vigueur du Brexit, même si j’en doute fortement», explique Sébastien Rivera. Le Brexit pourrait même avoir un impact néfaste pour les entreprises qui ne franchissent pas la Manche. Les embouteillages probables lors des premières heures du Brexit pourraient perturber la circulation dans la région, surtout sur l’A16. «Même si la préfecture va essayer de différencier les flux, il n’y a pas tant d’itinéraires bis que cela…»


Calendrier prévisionnel

La période transitoire, qui aura duré un an, n’est en fait pas totalement terminée. Ce processus de transition, voulu pour qu’il n’y ait pas un choc au moment de la mise en place effective du Brexit, devrait continuer tout au long du premier semestre 2021. Ainsi, le 1er janvier prochain, les marchandises qui franchiront la frontière devront faire l’objet de formalités douanières (la déclaration de douane ainsi que le paiement des droits de douane). Les marchandises comme l’alcool et le tabac seront contrôlées, ainsi que les animaux. En avril, les contrôles de produits d’origine animale feront l’objet d’une notification préalable. Enfin, en juillet, les transporteurs devront faire des déclarations et s’acquitter des droits de douane. Les produits sanitaires et phytosanitaires seront, quant à eux, contrôlés plus régulièrement.


L’importance des échanges entre les Hauts-de-France et le Royaume-Uni

Le Royaume-Uni est la troisième destination des exportations régionales. Le pays représente 8% du volume d’exportation régional. Dans le sens inverse, les Hauts-de-France importent uniquement 3,4% depuis l’outre-Manche. Il s’agit du pays avec lequel la région a le plus grand excédent commercial, avec 1,881 milliard d’euros en 2019.