La Fresque du climat, "l’étincelle du changement"
Les ateliers de la Fresque du climat proposent de comprendre collectivement le dérèglement climatique. Plus de 200 000 personnes dans le monde l’ont déjà découverte, notamment en entreprises, à l’université ou en collectivités. Jérôme Duwat, son représentant régional, nous explique comment elle peut amorcer le changement vers une démarche RSE.
Quarante-deux, c’est le nombre de cartes qui composent cet outil collaboratif créé en 2018 par le Français Cédric Ringenbach, issu des travaux du GIEC, le groupe d’ experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Ce sont 42 visuels et mots clés illustrant les éléments les plus saillants du rapport du GIEC pour comprendre en peu de temps l’impact du dérèglement climatique.
Emotion et créativité
Avec un animateur, 2 m2 de papier et 3 feutres, l’atelier s’organise en trois temps : d’abord relier les cartes pour comprendre les relations de cause à effet entre les différents éléments, puis un moment de créativité pour s’approprier le sujet, et un temps de relecture pour inviter les participants à poser des émotions. «Il y a parfois des peurs, des angoisses ou du déni qui peuvent s’exprimer. L’idée, c’est d’accueillir ces émotions pour ensuite accompagner les personnes dans l’identification d’actions du changement», témoigne Jérôme Duwat. Compter 150 euros HT/personne.
Objectif : 1 million de personnes
Cette Fresque assez généraliste a fait des émules puisque certains ont imaginé des Fresques plus spécifiques, liées au numérique, à la construction ou à la biodiversité. Elle a été traduite en 25 langues et l’objectif est de former 1 million de personnes dans le monde d’ici fin 2021. On compte près de 300 animateurs dans les Hauts-de-France qui ont déjà sensibilisé des entreprises comme Leroy Merlin, Decathlon, Nacarat, Harmonie Mutuelle, Bayer, Damartex, Ramery, le Crédit mutuel. Mais aussi le monde universitaire avec l’Université de Lille, l’Edhec, Yncrea, les Arts et Métiers. Des structures déjà engagées ou non dans une démarche RSE. L’outil a été également parrainé par la MRES (Maison régionale de l’environnement et de la solidarité), qui propose des ateliers aux particuliers.
Des réfractaires
«Mais c’est compliqué de toucher les PME, qui, souvent, n’ont pas le temps ni le budget. Egalement, du côté des élus, il y a une forte inertie au changement. Enfin, si les étudiants semblent être moteurs durant les ateliers, les professeurs de leur côté participent peu et n’adaptent pas forcément leurs cours à cette thématique», souligne le représentant régional. Et de citer Jean-Marc Jancovici, le créateur du bilan carbone, qui travaille, avec les écoles d’ingénieurs INSA à Lyon et de commerce Audencia à Nantes, sur de nouvelles fiches pédagogiques intégrant les enjeux climatiques.
Revoir le modèle de croissance
Pour Jérôme Duwat, les chefs d’entreprise n’ont plus le choix de s‘intéresser au changement climatique.
«Ils sont pris en tenaille entre les consommateurs, de plus en plus avertis, qui demandent des comptes, et les jeunes cadres 25-35 ans qui ne veulent plus bâtir des modèles de croissance infinie. C’est notamment vrai dans la grande distribution. S’ils veulent viser une neutralité carbone, ils doivent envisager un modèle décroissant, en déportant la création de valeur sur d’autre leviers.»
Selon lui, il ne s’agit plus d’acheter pour revendre mais de s’intéresser à l’économie circulaire, l’économie de fonctionnalité, vendre les produits différemment en créant une autre valeur à leurs clients et en apportant une autre aventure à leurs collaborateurs.
S'appuyer sur l'intelligence collective
Comment cette Fresque peut-elle inciter à une démarche RSE ? La force de cet exercice, pour son représentant régional, c’est de s’appuyer sur l’intelligence collective.
«On connaît tous un bout du sujet. Mais, finalement, c’est par les échanges ensemble que l’on peut constituer la Fresque, mutualiser la connaissance, favoriser la mémorisation et trouver des solutions. Cette Fresque est un levier essentiel pour amorcer une vision du changement dans les organisations et les modèles économiques. Mais elle ne suffit pas : c’est juste l’étincelle du changement."