La fourrure dans la peau
La boutique Tollet Cuirs & Fourrures à Nancy est bien plus qu’une institution. Elle abrite l’un des derniers fourreurs de la ville. Installée depuis 90 ans dans la cité ducale, la maison vient de s’offrir une nouvelle jeunesse. La façade défraîchie a fait place à une devanture bien plus actuelle. L’intérieur a également été entièrement repensé et modernisé. Fiers de leur nouvel écrin, fourrures et cuirs reprennent du poil de la bête.
Finie la devanture blanche et bleue flanquée de auvents fatigués… terminé aussi l’intérieur vieillot avec sa moquette à la couleur indéfinissable… La boutique Tollet Cuirs & Fourrures à Nancy vient de faire un bond dans la modernité. La façade s’est parée de rouge et de gris comme pour nous inviter à pénétrer dans un monde où l’élégance et le luxe ne font qu’un. L’intérieur de son côté fait la part belle aux teintes claires et aux boiseries afin de mettre en valeur les fourrures et autres peaux. Manteaux, vestes, pantalons, jupes, tout a trouvé sa place dans ce nouveau décor ! La propriétaire des lieux Fabienne Huguenin n’a pas eu de mal non plus à trouver ses marques. À la tête de la boutique depuis sept ans, elle aura patienté toutes ces années avant de tourner définitivement la page d’une belle histoire familiale. Le magasin existe depuis 90 ans. Le savoir-faire de ses artisans fourreurs se transmettait alors de père en fils. Puis, Pierre Tollet passe le flambeau à Fabienne après lui avoir transmis son savoir. C’est en effet à ses côtés qu’elle a appris le métier, à reconnaître les peaux et à les transformer. C’est peut-être aussi pour cela qu’elle n’a pas voulu aller trop vite, de peur de toucher à l’âme des créateurs. «Malgré tout, il y avait urgence. Il fallait vraiment faire quelque chose», explique-t-elle. Pour rénover le magasin, Fabienne Huguenin fait appel à l’architecte d’intérieur Isabelle L’Huillier.
Nouvelle clientèle
Mais le chantier s’est avéré plus compliqué que prévu. L’architecte d’intérieur se heurte à des contraintes administratives pour l’extérieur et à l’intérieur, elle doit composer avec une petite surface de vente de 65 m2. Autre difficulté pour elle : trouver suffisamment de place pour installer les nombreux portants tout en évitant l’effet de masse. Le résultat est à la hauteur des espérances de la propriétaire. La boutique, pourtant située en dehors du «triangle d’or» nancéien, attire l’oeil. Une nouvelle clientèle s’y arrête d’autant plus facilement que la fourrure est de nouveau à la mode.
De jeunes créateurs, comme Giorgio par exemple, ont dépoussiéré le vieux vison de mamie pour en faire des manteaux plus tendance avec des formes actuelles. Fabienne Huguenin quant à elle est très vigilante sur la provenance des peaux. «Toutes viennent d’Europe», précise-t-elle. Elle voit également beaucoup de jeunes femmes venir avec des manteaux ayant appartenu à leur grand-mère. Car elle ne se contente pas de créer, elle transforme aussi les anciens modèles. Avec ses ciseaux magiques, elle leur redonne une nouvelle coupe, une deuxième jeunesse, un peu comme elle l’a fait avec son magasin.
esther.bouvier