La force du groupement
Repris en douceur grâce au passage par le dispositif Ardan (Action régionale pour le développement d’activités nouvelles) de l’un de ses nouveaux cogérants, le bureau d’études TE3Ci de Saint-Nicolasde-Port affiche aujourd’hui une certaine sérénité dans l’approche de son développement. Un développement basé, notamment, sur la mise en place d’un véritable groupement de partenaires lui permettant d’attaquer des marchés quasiment impossibles à toucher en solo.
Les bureaux sont en open space dans un des petits immeubles de la ZAC de la Croisette à Saint-Nicolas-de-Port comme un signe extérieur d’ouverture dans le travail et d’une hiérarchisation des responsabilités à l’horizontale. Sur les écrans des ordinateurs, des plans en 3D, esquisses de projets en cours et d’autres en phase de finalisation avant livraison. Aux alentours, sur les plans de travail adjacents des myriades de documents, de croquis, témoins d’une effervescence version matière grise intense. En ce lundi matin de fin novembre, c’est dans la salle de repos autour d’un café que les équipes de TEC3i, bureau d’études en ingénierie et conception mécanique, discutent et échangent sur les affaires en cours «comme à chaque début de semaine, on fait le point d’une façon plutôt conviviale avant d’attaquer réellement les choses sérieuses.» Alexandre Gornet est l’un des cogérants avec Thomas Leboube de cette société fondée en 2003 par Bernard Leroux et reprise progressivement par les deux acolytes. Un passage de relais en douceur via, notamment, le dispositif Ardan (Action régionale pour le développement d’activités nouvelles). «C’est Bernard Leroux qui m’a proposé d’intégrer la société et de suivre le dispositif Ardan-Entreprises pour reprendre sa société et lui permettre de passer la main en douceur», explique Alexandre Gornet. Les deux hommes se connaissent bien pour s’être rencontrés lors de déplacements au sein d’un groupement d’entrepreneurs lorrains à l’export. Le fondateur de l’entreprise est toujours présent dans la société qu’il a créée mais aujourd’hui comme collaborateur-salarié et il laisse les deux jeunes repreneurs (Alexandre Gornet a la quarantaine et Thomas Leboube, la trentaine) mener à bien le nouveau développement de l’entreprise. Un développement palpable depuis un peu plus d’un an suite à une importante remise à plat de certains volets de la gestion de la structure et des modalités de travail au sein de la société. L’activité principale demeure l’étude, la conception et la réalisation d’ensembles mécaniques, de machines spéciales et de maquettes de contrôle pour le secteur industriel. Avec la récente embauche de nouveaux collaborateurs (dont un chargé d’affaires et un dessinateur-projeteur), des prospectives sont faites sur le secteur de l’écoconception.
Collectif et transparence
«Nous ne devons plus vendre que du plan mais apporter à nos clients du clé en main et ce d’une façon optimale.» Une chose rendue possible avec la mise en place récente d’un véritable groupement et réseau de partenaires. 2SM Ingénierie (calcul et bureau d’études en structure métallique), A2FI (atelier de serrurerie, ferronnerie et fabrication industrielle), Créative Industrie (production de pièces en matériau composite par fabrication additive), J.Tricot (électricité industrielle, automatisme, supervision et télégestion), MLSI (Manutention levage, déplacement et transfert de biens d’équipements), MLT Usinage de Précision et Ras2i (réseau assistance et systèmes informatiques industriels) travaillent de manière collective avec TEC3i. «Nous agissons en mutualisation et tout le monde est autonome sur son activité et prend ses responsabilités. C’est un collectif où tout s’opère en transparence. Il existe aujourd’hui une bonne ambiance car tout le monde se connaît. Nous sommes apporteurs d’affaires des uns et des autres.» Un collectif pour répondre à des marchés quasiment impossibles à obtenir (ou difficilement) en solo. Cette «chasse en meute» a d’ailleurs été remarquée par le C2IME (Commissariat d’investissement à l’innovation et à la mobilisation économique). «Ils sont fortement intéressés par ce groupement de huit partenaires que nous avons mis en place. Aujourd’hui, c’est une façon pour nous de faire la différence.» Une différence dans l’approche des marchés et également
palpable dans l’approche managériale et entrepreneuriale. Les deux cogérants assurent avoir repris l’entreprise non pas pour avoir l’étiquette de patrons, «cela on s’en moque un peu», mais pour avoir cette liberté d’entreprendre et d’exercer leur activité professionnelle selon leurs propres visions et convictions. «Au-dessus de nous, il y a le soleil et rien d’autre.» Ce qui ne les empêche pas d’avoir les pieds sur terre, loin de là !
emmanuel.varrier