La folle semaine qui a bouleversé la campagne américaine

L'Amérique a vécu cette semaine au rythme d'un feuilleton insensé, qui rebat, pour l'heure, les cartes du duel entre Joe...

Des pancartes anti-Trump pendant une manifestation devant la Cour suprême des États-Unis, le 1er juillet 2024 à Washington © Drew ANGERER
Des pancartes anti-Trump pendant une manifestation devant la Cour suprême des États-Unis, le 1er juillet 2024 à Washington © Drew ANGERER

L'Amérique a vécu cette semaine au rythme d'un feuilleton insensé, qui rebat, pour l'heure, les cartes du duel entre Joe Biden et Donald Trump.

Jeudi 27 juin, 21H00. Le président américain et son prédécesseur républicain ont rendez-vous sur CNN pour leur premier débat de la campagne. Donald Trump doit rassurer les électeurs sur sa condamnation au pénal et ses récentes diatribes, Joe Biden sur son état de santé. 

Le président démocrate de 81 ans s'est retiré durant six jours avec des conseillers pour plancher sur cette confrontation. Mais sur scène, il apparaît confus, mâche ses mots, s'emmêle les pinceaux. Donald Trump enchaîne les mensonges, plein d'aplomb. 

Des dizaines de millions d'Américains assistent, médusés, à l'échange entre les deux hommes.

A peine le débat terminé, un torrent de messages de démocrates anonymes et paniqués se répand dans la presse. Ils exhortent le président, qu'ils ont trouvé trop vieux, à se retirer pour éviter un naufrage face aux républicains en novembre.

Nous livrer à Trump

En meeting en Caroline du Nord, Joe Biden concède dès le lendemain qu'il ne "débat pas aussi bien qu'autrefois". Mais, rassure-t-il, "je peux faire le boulot".

Pas assez pour convaincre les riches donateurs du Parti démocrate, chez qui le doute s'est installé: et si le président n'était pas en mesure de diriger le pays ces quatre prochaines années?

Par le biais de tweets, certains d'entre eux réclament des gages concrets attestant de la vivacité du dirigeant, dont la Maison Blanche ne cesse de faire état.

Retranché à Camp David, la résidence de campagne des présidents américains, le clan Biden serre les rangs, espérant que l'orage passe.

Une première digue cède mardi.

La ténor démocrate Nancy Pelosi, ancienne présidente de la Chambre des représentants et encore très influente au sein de son parti, estime qu'il est "légitime" de s'interroger sur l'état de santé de Joe Biden. 

Dans la foulée, un premier élu démocrate, le Texan Lloyd Doggett, appelle le président à renoncer à briguer un second mandat, l'exhortant à ne pas "nous livrer à Trump en 2024". 

Un deuxième parlementaire lui emboîte le pas 24 heures plus tard, tandis qu'une poignée d'autres expriment, pour la première fois publiquement, de vives réserves sur l'âge du capitaine.

Bombardée de questions de reporters, la porte-parole de la Maison Blanche tente mardi, puis mercredi, d'éteindre l'incendie, évoquant tour à tour "un rhume" et "le décalage horaire" consécutif à des voyages pour justifier la contre-performance de son patron.

Joe Biden n'envisage "absolument pas" de retirer sa candidature, balaie-t-elle toutefois d'un revers de main.

Popcorn

La tempête est telle que la saga judiciaire de Donald Trump et les spéculations sur la possibilité que le républicain passe par la case prison, sont complètement reléguées au second plan.

Depuis sept jours, Washington ne bruisse que de rumeurs sur les grandes manoeuvres du Parti démocrate. 

Sur les réseaux sociaux, dans les soirées mondaines, chacun y va de sa théorie sur qui de la vice-présidente Kamala Harris ou de tel ou tel gouverneur en vue, pourrait, s'il le fallait, remplacer le président au pied levé.

A coup de communiqués assassins, l'équipe de campagne de Donald Trump se délecte, elle, de "l'effondrement total du Parti démocrate".

Elle trinque aussi à la Cour suprême, qui a offert lundi à Donald Trump une victoire sur une question d'immunité présidentielle, dont une des conséquences immédiates a été de retarder de plusieurs mois le prononcé de sa peine à New York.

"Si j'étais dans l'équipe de campagne de Donald Trump, je regarderais le feuilleton des démocrates en mangeant du popcorn, en me disant +c'est génial! Je n'ai pas à défendre mon patron qui est inculpé pour avoir payé une star du porno+", commente Peter Loge, politologue de l'université George Washington à l'AFP.

Donald Trump, dont on attendait qu'il annonce d'une minute à l'autre le nom de son candidat à la vice-présidence, partage tout juste quelques publications sur les réseaux, se murant dans un inhabituel silence.

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