Urbanisme et développement économique en jeu
La Flandre intérieure fait faux bond à l’Audomarois
C’est un petit coup de tonnerre qui a résonné dans l’Audomarois : alors que les trois territoires (Communauté de Communes de Lumbres CCPL, Communauté d’Agglomération de Saint-Omer, CAPSO, et Communauté de Communes de Flandre intérieure, CCFI) marchaient du même pas depuis des années, cette dernière vient de décider de baisser drastiquement ses subventions à l’Agence de l’Urbanisme de l’Audomarois et à l’agence de développement économique SOFIE. Retour sur un mystérieux éclat.
Changement de stratégie territoriale ? Le conseil communautaire de la CCFI a adopté, le 15 décembre dernier, son adhésion à l’agence d’urbanisme de Dunkerque alors qu’elle travaille depuis plusieurs années avec celle de la CAPSO. Une semaine plus tard, cette dernière accompagnée de la CCPL et de l’agence de développement économique territoriale SOFIE tenait une conférence de presse tonitruante : «nous suspendons toute collaboration avec la CCFI» ont déclaré conjointement Joël Duquenoy, président de la CAPSO, Christian Leroy, président de la CCPL et François Motte, président de SOFIE. En jeu, les moyens des structures en questions qui se retrouvent amputés annuellement de plusieurs centaines de milliers d’euros : la CCFI passera de 340 000 à 100 000 euros de participation dans l’agence d’urbanisme de Saint-Omer et réduirait de moitié son obole dans l’agence Sofie (de 200 000 à 100 000 euros). Le président de la CCFI et maire d’Hazebrouck, Valentin Belleval, l’avait annoncé lors de son conseil : «nous travaillerons à enveloppe constante sur les deux structures».
Stupéfactions des deux côtés
Déjà mariés «économiquement» via l’agence de développement économique SOFIE, et plus encore via l’agence de l’urbanisme, les territoires mutualisaient leurs besoins via des outils qui font leurs preuves, notamment pour la réalisation des Plans Locaux d’Urbanisme. Après le conseil communautaire de la CCFI, la stupéfaction est grande. Joël Duquenoy, président de la CAPSO, ne décolère pas : «On apprend ça le 15 décembre à la faveur d’un Conseil Communautaire, sans concertation et avec effet au 1er janvier. En 40 ans de vie d’élu, je n’ai jamais vu cela». Jean-Pierre Bataille, maire de Steenvoorde et ancien président de la CCFI n’en est pas revenu : «Je suis stupéfait de la brutalité avec laquelle on change de partenaire», a t-il déclaré à l’occasion de ce conseil. «Comment peut-on croire que l’agence d’urbanisme de Dunkerque (l’AGUR) va reprendre les dossiers des Plans locaux d’Urbanisme et être opérationnel rapidement ?» a-t-il interrogé.
Valentin Bellaval s’est lui aussi dit «sidéré» mais par les réactions de ce changement de partenaire : arguant que la situation sanitaire n’avait pas permis de se réunir plus souvent, il a avancé l’argument suivant : «les nouveaux partenariats ne sont pas excluant. Nous avons cette possibilité juridique de travailler avec deux agences d’urbanisme». Concernant l’agence de développement économique Sofie, Valentin Bellaval a indiqué «être fatigué de financer une agence dont les subventions ne servent qu’à financer les agents qui y travaillent et pas le développement économique du territoire».
Exclusion à suivre
François Motte, président de Sofie, raconte une toute autre version : «Le 16 septembre, nous rencontrons le président de la CCFI et deux vice-présidents qui m’affirment que rien ne changera dans les deux prochaines années pour Sofie. Trois mois plus tard, sans jamais avoir réussi à joindre un membre de l’exécutif de la CCFI malgré de nombreuses demandes, c’est le directeur de cabinet du président de la CCFI qui appelle ma directrice pour annoncer que la participation de la CCFI passera de 2 à 1 euro par habitant et ce, dès janvier 2021. (…). Le président de la CCFI connaît peu Sofie, il n’est jamais venu à un seul conseil d’administration en 5 ans. Nous ne laisserons pas tomber les entreprises de Flandres. Je ne laisserai pas dire que le travail de l’agence Sofie ne sert à rien sur le territoire de la Flandre intérieure. Je convoquerai un conseil d’administration en janvier avec pour unique ordre du jour l’exclusion de la CCFI». Celle-ci pèse pour 40% des habitants des trois territoires et devrait apporter une profondeur stratégique au Dunkerquois qui regarde plus la métropole que la côte. Une antenne de l’AGUR sera ouverte à Hazebrouck tandis que son maire sera aussi vice-président de cette agence.