La filière houblon s’organise dans les Hauts de France

Avec plus d’une centaine de brasseurs dans la région, les producteurs de houblon voient se dessiner une opportunité. Ils sont accompagnés par la Chambre régionale d’agriculture pour relever les défis de cette production qui nécessite des investissements conséquents.

Le fort développement des micro-brasseries ouvre un marché à la production locale de houblon. © Aletheia Press/L.Péron
Le fort développement des micro-brasseries ouvre un marché à la production locale de houblon. © Aletheia Press/L.Péron

Avec la multiplication des brasseries artisanales partout en France, la demande en houblon explose. Face à cette demande croissante, les producteurs se sont organisés au sein d’une interprofession en 2020, InterHoublon. Une initiative qui devrait permettre de réorienter la production française, exportée à 70%. Dans ce contexte, la région Hauts-de-France, historiquement productrice, entend profiter de cette opportunité, même si elle se trouve loin derrière l’Alsace qui concentre plus de 90% des 500 hectares (contre 800 hectares avant 2010) consacrés à cette culture. En 2020, ce sont ainsi 60 à 65 tonnes qui ont été produites régionalement sur une quarantaine d’hectares.

Investissements et main-d'oeuvre

«On compte une quinzaine de producteurs et une coopérative, CoopHouNord, sur la région», souligne Simon Ammeux, agriculteur élu au sein de la Chambre régionale d’agriculture et en charge de la filière houblon. «On constate un intérêt grandissant chez les futurs et les jeunes installés avec de plus en plus de projets en bio.» Il faut dire que c’est une voie de diversification qui s’avère viable économiquement sur sept à huit hectares. «Mais l’investissement est conséquent : 700 000 à 800 000 euros.» Les équipements nécessaires sont nombreux : câbles et poteaux pour soutenir la plante qui monte à plusieurs mètres, cueilleuse et séchoir pour traiter la fleur ou cône…

Si la production est rentable, elle est gourmande en investissements et en main-d’œuvre. © Aletheia Press/L.Péron

«Au niveau de la Chambre d’agriculture, nous proposons des formations, mettons à disposition des techniciens. Nous travaillons également sur la relation producteurs-brasseurs et sur la mise en place de contrats à long terme», poursuit Simon Ammeux. Un gage de sécurité face aux aléas.

Mais la Chambre consulaire teste également des actions coordonnées dans un programme impliquant des partenaires régionaux et nationaux. «Le problème pour cette production, c’est qu’elle est très gourmande en main-d’œuvre et que les producteurs ont du mal à trouver des salariés», poursuit Simon Ammeux. Un dossier sur lequel travaille également la Chambre d’agriculture.

Une production qui renaît

Le houblon, qui donne son amertume à la bière, est traditionnellement cultivé en Alsace, dans le Nord et le Pas-de-Calais. En 2010, une crise entraîne une forte érosion des surfaces (-50%), ce, jusqu’en 2015. A cette période, les brasseries et surtout les micro-brasseries (moins de 1 000 hectolitres par an) se sont multipliées sur tout le territoire, entraînant un renouveau de cette culture. La filière brassicole compte plus de 130 000 personnes pour un chiffre d’affaires de 15 milliards d’euros (données 2019).

Selon Brasseurs de France, en 2020, on comptabilise 2 300 brasseries dans l'Hexagone, soit le nombre le plus important d’Europe. On observe une forte concentration en Auvergne-Rhône-Alpes (368), et de la Nouvelle-Aquitaine (244). Mais les Hauts-de-France comptent tout de même 178 établissements. La France est ainsi le huitième producteur européen de bière. En parallèle, un nouveau marché est apparu, celui de la bière bio, seul segment qui a tiré son épingle du jeu lors de la crise sanitaire... et qui est lui aussi en demande de houblon certifié bio.