La filière chauffagiste doit recruter 2 500 techniciens pour faire face à l’excédent d’activité

C’est une exception française. La région Hauts-de-France est, depuis 1967, alimentée par du gaz naturel venu de Groningue aux Pays-Bas. Devant la perspective de l’épuisement du gisement à l’horizon 2029, les pouvoirs publics ont décidé que les 1,3 million de foyers concernés seraient désormais approvisionnés avec du gaz de Norvège, qui arrive en France par gazoduc jusqu’à la station d’atterrage de Loon-Plage, sur le port de Dunkerque. Ils ont chargé le distributeur GRDF de prendre en charge cet immense chantier. «Utiliser du gaz norvégien signifie également que tous les foyers vont recevoir du gaz H (haut pouvoir calorifique) à la place du gaz B (bas pouvoir calorifique). Il y a donc des modifications à apporter sur les installations en place dans les foyers, mais aussi les entreprises ou les bâtiments communaux. Ces travaux, ce sont les entreprises chauffagistes qui vont devoir les réaliser», détaille Didier Cousin, directeur territorial GRDF pour les Hauts-de-France. «Nous avons calculé que pour supporter l’activité supplémentaire qui va s’étaler sur les dix prochaines années, la filière, qui rassemble plus de 6 000 entreprises dans notre région, aura besoin de 2 500 techniciens en plus.»

Grâce à la mise en place de zones tests à Doullens dans la Somme, puis à Dunkerque et dans les villes voisines de Grande-Synthe et de Gravelines qui concernent 80 000 foyers, GRDF a pu éprouver le système développé pour que le changement de gaz se passe sans encombre. «Nous avons testé l’efficacité de notre communication pour que les techniciens puissent passer à deux reprises dans tous les foyers concernés pour effectuer les travaux, de nos recours lorsque nous avions des difficultés à entrer en contact avec certains habitants, et enfin de la plateforme élaborée avec le GEIQ BTP des Hauts-de-France, Pôle emploi, les organismes de formation et les organisations professionnelles syndicales de la filière chauffagiste pour attirer des candidats à l’emploi et pour pouvoir les former le cas échéant», précise Pierre Guerbé, chef du projet «changement de gaz» chez GRDF. Cette plateforme est matérialisée par un site internet, www.emploienergieavenir.fr, sur laquelle chacun peut postuler, quel que soit son niveau de formation. Sur les zones tests citées plus haut, le GEIQ BTP a rencontré 180 candidats qualifiés après un premier contact via le site ; 44 ont été embauchés directement et 37 sont actuellement en formation à l’AFPA ou au GRETA. Le GEIQ a également accompagné 26 entreprises dans leurs recrutements. Le basculement en gaz H, dans l’agglomération dunkerquoise, s’est opéré le 27 octobre dernier. Sans difficulté particulière. Le chantier va maintenant se poursuivre dans les agglomérations de Calais et de Saint-Omer.