La Fédération du bâtiment lance un plan d'urgence local
Confrontée à une baisse constante de son activité depuis 2008, la Fédération du bâtiment de Picardie tire la sonnette d'alarme. Elle souhaite la mise en place d'un plan d'urgence local décliné en 16 propositions.
Le secteur du bâtiment, l’un des plus touchés par la crise financière, tourne au ralenti depuis 2008. « La situation est encore plus préoccupante dans notre région », s’inquiète François Delhaye, président de la Fédération du bâtiment de Picardie. La région a perdu 4 500 postes dans la construction depuis le début de la crise, entraînant un recul de l’emploi de 11,5 % contre 6,8 % au niveau national. 800 entreprises picardes ont ainsi disparu depuis 2008. Face au profond repli de l’ensemble des segments de marché, les présidents des quatre fédérations départementales et régionale souhaitent que des mesures d’urgence soient prise par les acteurs du territoire : services de l’État, bailleurs sociaux, collectivités locales, conseil régional, établissements bancaires et assureurs-crédits. Pour François Delhaye, « c’est l’affaire de tous et il est urgent de réagir, de manière collective, pour faire face à cette période critique ».
9,5 % des actifs picards
Le premier objectif du plan d’urgence est de favoriser le démarrage rapide de chantiers. La Fédération du bâtiment de Picardie et les trois fédérations départementales en appellent à l’État et aux parlementaires pour ne pas dénaturer ou reporter les mesures annoncées. « La loi sur l’accessibilité, qui devait être appliquée en 2015, a été reportée. Pour nous c’est un nouveau coup dur », regrette François Delhaye. Pour le président de la Fédération du bâtiment de Picardie, les maires ont eux aussi un rôle à jouer : « Ils doivent accélérer les délais d’instruction des permis de construire et débloquer les projets qui sont prêts. » Deuxième axe, le développement des projets structurants pour notre territoire. Malgré une baisse de leurs dotations, les élus locaux « doivent prendre leurs responsabilités en privilégiant l’investissement au fonctionnement. Il en va de l’attractivité de nos territoires. » Le plan d’urgence local vise également à simplifier la vie des entreprises et de consolider leur activité. « Les maîtres d’ouvrage doivent écarter les offres anormalement basses et le recours à l’allotissement doit être considéré comme la norme, comme le prévoit le Code des marchés publics. » François Delhaye et ses homologues départementaux souhaitent par ailleurs que la lutte contre le travail illégal, et plus particulièrement les fraudes au détachement de travailleurs étrangers « deviennent des axes prioritaires pour les services de l’État ».
Avec 34 500 salariés, le secteur de la construction accueille 9,5 % des actifs picards. « En 2008, on comptait 39 000 emplois. Les chiffres actuels nous font faire un bond en arrière de dix ans », regrette Gérard Diruy, président de la FFB Somme.
Des chiffres qui ne reflètent pourtant pas tout à fait la gravité du problème. « De nombreuses entreprises sont en sureffectif car dans cette grande famille du bâtiment, les dirigeants ont souvent du mal à se séparer de leurs collaborateurs qu’ils ont formé tout jeunes. On stocke du besoin. La seule chose positive, c’est que nos enfants auront du travail… »