La “voiture écologique” n’est pas seulement électrique

CO2, baisse de la production, embouteillages… l’automobile souffre. Deux parlementaires livrent des pistes pour une voiture “écologique” et répondant aux besoins. Non sans s’attaquer à quelques idées reçues.

Les embouteillages, un phénomène dont beaucoup de villes se plaignent.
Les embouteillages, un phénomène dont beaucoup de villes se plaignent.
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Les embouteillages, un phénomène dont beaucoup de villes se plaignent.

Volante, autonome, électrique, écologique ou intelligente, la “voiture du futur” excite l’imagination depuis que l’objet existe. à quoi ressemblera l’automobile demain ? Si l’on se fie à Fabienne Keller, sénatrice (UMP, Bas- Rhin), et à Denis Baupin, député (EELV, Paris), qui viennent de publier un rapport parlementaire sur les “Nouvelles mobilités sereines et durables”, l’évolution pourrait décevoir les amateurs de science-fiction. Certes, il est bien question, dans ce texte de 261 pages, d’“électronique embarquée” et de “nouvelles technologies de l’information et de la communication”, comme dit encore, 20 ans après la démocratisation d’Internet, Denis Baupin. Mais l’essentiel des évolutions attendues concernent l’usage de la voiture, écrivent les deux élus qui, au-delà de leur positionnement politique, partagent une même vision des transports. Tous deux ont mené, l’une comme maire de Strasbourg entre 2001 et 2008, l’autre comme adjoint en charge des transports à Paris, pendant la même période, des politiques similaires visant à limiter la circulation automobile et à promouvoir le vélo. L’industrie automobile connaît aujourd’hui un paradoxe. Ses produits ne se vendent plus aussi bien qu’avant, en tout cas en Europe, mais bénéficient toujours d’un “story-telling” positif, associant “vitesse et puissance”, constate le député. L’environnement économique et sociétal n’est pas très favorable au modèle de la voiture individuelle pratiqué depuis une cinquantaine d’années. Les parlementaires évoquent bien sûr les émissions de CO2 et la pollution, notamment aux particules fines, mais aussi, pour l’élu parisien, les encombrements et, pour la sénatrice, de nouveau candidate à la mairie de Strasbourg en mars prochain, les difficultés de déplacement des personnes âgées, moins motorisées que les plus jeunes. Les voitures neuves coûtent cher, équipent surtout les flottes d’entreprise ainsi que les ménages aisés, et les réparations sont de plus en plus coûteuses. Pour Fabienne Keller, “avoir une voiture est un luxe, surtout si on ne s’en sert pas”. Denis Baupin préfère pour sa part parler de “mobilité” plutôt que de “véhicule”.

Partager une voiture. Dès lors, il n’est guère étonnant que, dans ce rapport consacré à l’automobile, les auteurs prônent également la facilitation de l’accès aux transports publics, “l’information multimodale” comme dit Denis Baupin en reprenant le jargon des spécialistes, et le vélo – “le plus simple, qui n’encombre pas” assure Fabienne Keller. Il est aussi question de covoiturage, le fait d’utiliser un véhicule pour transporter plusieurs personnes se rendant au même endroit et d’autopartage, recours ponctuel à une location auprès d’un organisme auquel on a préalablement adhéré. Pour encourager ces modes encore marginaux, les élus proposent d’accorder des avantages concrets à ceux qui les pratiquent : parkings à un prix réduit, lieux de rencontre entre covoitureurs, voies réservées sur certains axes ou péage minoré. L’une des quelque cent recommandations du rapport consiste à “fixer nationalement l’objectif de deux personnes par voiture au même niveau d’ambition, de visibilité et de moyens que celui des ‘2 litres aux 100 km’”, avancé récemment par le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg. L’avenir du pétrole. Les parlementaires n’oublient pas pour autant de s’intéresser à l’objet automobile. Ils prônent des véhicules “de très petite taille” – une ou deux places –, afin de réduire la consommation, le bruit et le volume des matériaux utilisés. Contrairement aux idées reçues, le pétrole et ses dérivés ont encore un avenir. “Les débats sur l’automobile, dans l’Hémicycle, montrent que les députés confondent encore véhicule électrique et véhicule écologique”, indique Denis Baupin. Or, l’impact environnemental de ce mode de propulsion “est relatif” et “dépend beaucoup de la manière dont l’électricité est produite : charbon, pétrole, gaz, nucléaire ou énergies renouvelables”. Le député s’inquiète aussi du recyclage des batteries en fin de vie. Les auteurs savent que leur rapport ne fera pas l’unanimité parmi les industriels et les élus qui ne jurent que par la mobilité électrique. Pour le moment, souligne l’élu parisien, “les projets de véhicules innovants demeurent, pour les constructeurs, relativement marginaux, car le modèle économique n’est pas rentable”. Les parlementaires ne disposent d’ailleurs que de moyens limités pour faire adopter leurs recommandations. Le document, publié par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, composé d’une quarantaine d’élus des deux chambres, “a vocation à éclairer les choix des parlementaires”, indique Denis Baupin.