La doctorante, les prothèses et le plafond de verre
Nom : Legrand. Prénom : Mathilde. Signes particuliers : doctorante spécialisée en biomécanique au sein de l’Institut des systèmes intelligents et de robotique du CNRS à Paris et travaillant avec l’Institut régional de réadaptation Ugecam Nord-Est de Nancy. Elle vient de recevoir le Prix Jeunes Talents L’Oréal-Unesco récompensant les jeunes chercheuses.
«En tant que chercheur, c’est gratifiant et également en tant que femme de savoir que vous avez votre place dans les métiers scientifiques et techniques ! Quand vous êtes en plein dans vos travaux de doctorant, vous avez un peu le doute !» Mathilde Legrand vient de recevoir, la semaine dernière à l’occasion de la fête de la science, le Prix Jeunes Talents de l’Oréal-Unesco qui récompense chaque année de jeunes chercheuses dans le monde. Une distinction pour son travail de recherche réalisé en collaboration avec l’Institut régional de réadaptation de l’Ugecam Nord-Est à Nancy. Spécialisée en biomécanique, la jeune chercheuse (et jeune maman depuis quelques jours : ndlr) travaille actuellement au sein de l’Institut des systèmes intelligents et de robotique du CNRS sur les outils de contrôle pour les prothèses de bras à destination des personnes nées sans bras ou amputées. «Pour mes travaux, je réalise mes recherches avec l’Institut régional de réadaptation de l’Ugecam Nord-Est à Nancy pour notamment tester une prothèse que je développe.»
Robotique de réadaptation
La thésarde entend proposer un contrôle toujours plus simple et compréhensible pour les utilisateurs en laissant de côté les méthodes de machine learning au profit de l’analyse du comportement humain. «J’ai intégré cette dimension humaine de mon expertise à l’occasion de mon master en biomécanique à l’École polytechnique fédérale de Lausanne. J’y ai découvert la robotique de réadaptation, les prothèses et exosquelettes notamment, et des considérations éthiques et technologiques jusqu’alors inexplorées», explique celle qui affiche un parcours «traditionnel» de classe prépa et école d’ingénieurs. «Aujourd’hui, je termine ma thèse que je n’ai pas encore soutenue. Mon souhait est de poursuivre par la suite en recherche et développement en robotique de réadaptation. Les projets que nous développons prennent du temps et les process sont très longs avant les dépôts de brevet.» Son champ d’investigation est vaste et ses travaux pourraient prendre un petit coup d’accélérateur du fait de sa reconnaissance par la fondation l’Oréal et l’Unesco. «Cela va lui permettre de financer ses recherches via une bourse de recherche d’un montant de 15 000 € et elle bénéficiera d’un programme de formation au leadership, complémentaire à son parcours scientifique, afin d’avoir les moyens de briser plus facilement le plafond de verre», explique la Fondation l’Oréal. Mathilde Legrand fait partie des vingt doctorantes et quinze post-doctorantes récompensées cette année par la fondation (et des 3 000 femmes scientifiques récompensées depuis la création du Prix Jeunes Talents pour les femmes et la science en 1998). Aujourd’hui, les femmes représentent 28 % des chercheurs en France et le plafond de verre reste particulièrement persistant dans le domaine de la recherche. 90 % des postes à responsabilités dans le secteur de la recherche sont occupés par des hommes. Les choses évoluent, lentement et on l’espère sûrement…