Entretien avec Valentin Belleval, président de l’agglomération Cœur de Flandre
«La dimension touristique du projet de Cité de la bière est fondamentale»
En décembre 2022, la Région Hauts-de-France lançait un appel à candidatures pour créer une Cité de la bière et faire briller cette culture historique de notre territoire. Annoncé le 17 novembre dernier, c’est finalement le projet porté par l'agglomération Cœur de Flandre sur la friche Nordlys à Bailleul qui a été retenu. Décryptage avec Valentin Belleval, maire d'Hazebrouck et président de l’agglomération.
Pouvez-vous présenter la genèse de ce projet d’envergure pour l'agglomération Cœur de Flandre ?
Lorsque la Région a lancé cet Appel à Manifestation d’intérêt, il était évident pour l’agglomération et le territoire en général de candidater, c’est une décision qui a été prise rapidement et quasiment à l’unanimité ! Comme je l’ai toujours dit, la candidature de la Flandre pour accueillir la Cité de la Bière ne date pas de 2022, cela fait 9 siècles que nous sommes intimement attachés à l’histoire de la filière brassicole dans son entièreté. Et la Flandre reste le seul territoire où l’on continue de cultiver du houblon !
C’est une culture ancestrale, ancrée dans notre territoire et aujourd’hui de nouveau une industrie florissante - je pense par exemple à la Brasserie du Pays Flamand ou à la Brasserie Bellenaert - autour d’un éco-système unique… c’était donc une évidence de porter notre candidature. Mais il ne fallait pas bâtir notre candidature par la Flandre et pour la Flandre, il était important de l’ouvrir à l’ensemble du territoire, à la filière sur l’ensemble de la Région ! Le choix de la friche Nordlys, une ancienne usine textile de 8 000 m² située au coeur de la ville de Bailleul - une locomotive culturelle et touristique du territoire, à proximité des infrastructures de transport - est également apparu comme une évidence. C’est un symbole de notre passé, un site exceptionnel à deux pas du centre ville où les visiteurs pourront poursuivre leur séjour dans la Flandre.
À quoi ressemblera la future Cité Internationale de la Bière ?
Le projet dispose d’une enveloppe globale de 20 millions €, dont 10 millions € alloués par la Région, et j’ai bon espoir que nous obtenions des aides financières de l’Etat et de l’Europe dans le cadre de la réhabilitation des friches industrielles. Notre objectif est de réhabiliter le site tout en préservant au maximum l’architecture de l’ancienne usine comme la cheminée, les grands volumes et les armatures métalliques, sa nature industrielle et symbolique de notre histoire.
Trois grandes parties composeront la Cité Internationale de la Bière : un musée qui aura vocation à proposer aux visiteurs (nous tablons sur 150 000 visiteurs par an) une plongée dans l’univers de la bière, en parallèle du projet de Route de la Bière porté par la Région, une expérience qui n’a pas vocation à être figée avec des collections permanentes mais au contraire d’offrir une vraie immersion dans le monde brassicole ; l’agglomération vient de lancer un marché pour sélectionner un programmiste qui imaginera une mise en musique en fonction de ce que l’on veut en faire.
En parallèle, nous avons prévu une partie professionnelle ouvert aux artisans pour la recherche et le développement de leur projet, dans l’esprit d’un «Euratechnologies de la bière», avec la possibilité d’organiser des ateliers pour le grand public ; et enfin un espace de restauration en rooftop avec une partie privatisable qui pourra être proposée aux acteurs économiques pour l’organisation de séminaires et autres évènements professionnels.
Comment ont été associés les acteurs du marché, notamment les nombreuses brasseries du territoire Coeur de Flandre ?
Ils ont évidemment leur place dans ce projet, ont été associés pour nous expliquer ce qu’ils attendaient d’un tel lieu et ont été très moteurs pour monter le projet via notre comité de soutien, comme pour accompagner et appuyer notre candidature auprès de la Région Hauts-de-France. Ils nous accompagnent toujours aujourd’hui dans toute la phase de préfiguration, le but étant qu’ils aient leur place dans cet équipement. Plusieurs brasseries du territoire ont d’ailleurs créées un brassin collectif pour l’occasion, la Coop, qui symbolise leur savoir-faire et leur capacité à travailler ensemble ! Nous avons également associé les chambres consulaires, de commerce, d’artisanat et agricole, et les syndicats de la filière.
Ce projet s’inscrit pleinement dans la politique de développement touristique du territoire déployée par l’agglomération Coeur de Flandre…
La dimension touristique du projet de Cité de la bière est fondamentale ! C’est une aubaine pour vendre le territoire à l’échelle de la Région, ce sera un atout supplémentaire, un lieu de plus à visiter et donc un moment de plus à passer sur le territoire. Nous allons d’ailleurs transformer l’office de tourisme pour lui donner plus de moyens, plus de capacité pour commercialiser ces produits et porter en partie l’exploitation de la Cité de la Bière. Nous avons une identité culturelle, gastronomique, des paysages… nous travaillons énormément pour structurer le développement du tourisme sur le territoire, tout cela amène de la cohérence et va générer des retombées sur l’ensemble de la filière.
Un mot sur le calendrier pour conclure, quand sont attendus les premiers visiteurs ?
La Cité Internationale de la Bière devrait ouvrir ses portes en fin d’année 2027, le temps de dépolluer la friche et de réhabiliter le site. Dans la foulée de l’annonce par la Région quant au choix de notre projet, nous avons lancé un comité de pilotage pour garantir sa dimension régionale. Dans l’attente de l’avancée des travaux, nous allons continuer à alimenter l’écosystème, avancer sur le volet numérique par exemple, s’entourer d’ambassadeurs, être présent, véhiculer l’image de la Cité de la Bière sur les évènements privés et publics… commencer à installer la Cité de la Bière sur le territoire !