"La demande de financement en reprise modeste, mais visible"
Organisée le 15 octobre à la Cité des échanges, la 6e édition de la Journée de la transmission d'entreprise et de la croissance externe a répondu aux attentes de de la Caisse d'épargne Nord France Europe. «La demande est là», indique Pascal Arnoult, membre du directoire chargé du pôle Banque des décideurs en région, qui constate une reprise «modeste mais visible» de la demande de financement sur le marché global des entreprises dans la région.
La Gazette. L’édition 2015 de la Journée de la transmission a-t-elle répondu à vos attentes ?
Pascal Arnoult. La Journée de la transmission, dont c’était la 6e édition, n’est pas encore une institution, mais elle s’en rapproche ! Le record du nombre de rendez-vous organisés a été battu. De 150 il y a deux ans, puis 165 l’année dernière, il est passé à 180 cette année.
Moment important pour les chefs d’entreprise et occasion de faire dans le pragmatique le plus total, cette Journée permet de mettre en face à face les représentants des cédants et les acheteurs potentiels. Elle est le premier rendez-vous d’une longue suite, puisqu’une transmission peut s’étaler sur de nombreux mois. Et ce premier rendez-vous est d’importance : c’est là que le contact va s’initier, où le sérieux du repreneur va être jaugé. C’est dire si nous sommes ravis d’être à l’origine de ce premier contact. La transmission d’entreprise, beaucoup en parlent, nous la faisons de la façon la plus pratique possible avec le concours de 26 cabinets régionaux spécialisés dans la transmission d’entreprise et qui sont les représentants mandatés par les cédants pour discuter avec les repreneurs potentiels.
Qu’en a-t-il été de l’élargissement de cette Journée à la croissance externe ?
De fait, cette année nous avons innové. Jusqu’ici c’était une Journée qui ne s’adressait qu’à des personnes physiques. Pour la première fois, y ont été conviées des personnes morales, des entreprises sur le thème du rachat d’entreprise, de la croissance externe donc. C’était une première passe et, comme toute première passe, les nombres ont été modestes avec une dizaine d’entreprises intéressées par la croissance externe, représentées par leurs dirigeants. Nous espérons doubler ce chiffre l’année prochaine, car il y aura une 7e Journée de la transmission et de la croissance externe.
À quels objectifs répond cette Journée ?
Au-delà d’être à l’origine du contact et de la mise en face à face entre acheteurs et vendeurs, l’objectif de la Caisse d’épargne Nord France Europe est de participer activement au financement de ces opérations de transmission avec ses outils. Le premier est Caisse d’épargne Nord France investissement (CENFI), sa société de capital-développement qui peut compléter les apports du repreneur en prenant une participation minoritaire dans le capital avec des tickets jusqu’à 1 M€ pour compléter l’apport du chef d’entreprise si sa cible est au-dessus de ses seuls moyens. Le second outil dont dispose la Caisse d’épargne est sa cellule de financement LBO, qui vient organiser le montage de la dette. Nous répondons ainsi aux deux composantes d’une reprise d’entreprise : l’apport en capital et l’apport en dette de la structure holding de rachats.
Notre finalité, c’est de donner davantage de visibilité à la Caisse d’épargne sur le marché des entreprises, marché sur lequel notre établissement est encore récent, mais sur lequel notre taux de pénétration s’accroît d’année en année. Cette année, par exemple, nous tablons sur pas moins de 200 ouvertures de comptes d’entreprise sur un tissu régional qui en compte, à plus de 1,5 M€ de chiffre d’affaires, entre 7 et 8 000. Partie de quasiment zéro il y a une quinzaine d’années, elle flirte sur ce marché avec un taux de pénétration de l’ordre de 11% et notre objectif est de doubler ce taux dans les trois prochaines années.
Vous contribuez ainsi largement au financement de l’économie régionale…
La Caisse d’épargne a la chance d’avoir beaucoup de fonds propres et beaucoup de dépôts, ce qui nous autorise à dire et à répéter que ce sont les dépôts de la région qui financent l’économie de la région et rien qu’elle. Notre volonté est que ces dépôts à la Caisse d’épargne aillent encore davantage vers le financement de l’entreprise aux côtés de nos marchés traditionnels sur lesquels elle a des parts de marchés très significatives, le logement social, l’économie sociale et solidaire, le financement des collectivités et des professionnels de l’immobilier. À cet atout de puissance financière, la Caisse d’épargne en ajoute un second qui est la gamme de produits extrêmement large proposée par l’ensemble du groupe BPCE et qui va du crédit-bail au factor, en passant par l’ingénierie sociale et salariale, le financement des exportations. La Caisse d’épargne n’est pas une banque isolée dans sa région, mais l’une des maisons mères du 2e groupe bancaire français.
Vous avez des fonds à consacrer au développement des entreprises. Qu’en est-il de leur demande ?
Sur la transmission, il y a une demande importante. De très nombreux chefs d’entreprise commencent à flirter avec l’âge de la retraite. Même s’ils peuvent rester aux manettes bien au-delà de l’âge légal de départ à la retraite, nombreux sont ceux dans la région qui cherchent des repreneurs. Il y a clairement une demande et nous avons de quoi y répondre. Le marché de la croissance externe est aussi un marché qui se redéploie, avec des opportunités à financer. Les conditions actuelles, particulièrement avantageuses, conduisent les chefs d’entreprise à regarder ces dossiers de croissance externe.
Sur l’économie régionale et le marché des entreprises dans sa généralité, nous constatons depuis le début de l’année une reprise de la demande de financement, certes encore modeste, mais elle est visible. Le moral des chefs d’entreprise s’améliore et ils ont des projets d’investissement. Les taux d’intérêt particulièrement bas ne peuvent que favoriser leurs décisions d’investissement. Les choses bougent. Je ne dirai pas rapidement, mais elles bougent dans le bon sens. On commence à voir des sociétés qui présentent des projets de comptes 2015 avec des chiffres d’affaires en hausse de plusieurs points, ce que nous n’avions pas forcément vu en 2013-2014. Nous dirons que l’ampoule devient un peu plus incandescente qu’elle ne l’était l’année dernière.