«La croissance est nécessaire pour assurer la pérennité»

De la création de la micro entreprise artisanale à Berlémont en 1922 par Pietro Tommasini, le grand-père de l'actuel dirigeant, à 2022, le groupe centenaire a parcouru du chemin. Dans les années 1950, la deuxième génération prend la relève et se développe fortement dans l'Avesnois en tant qu'entreprise de gros œuvre. Entre déploiement géographique, diversification de l'activité et opérations de croissance externe, Tommasini s'impose au fil des décennies comme un acteur important de la construction en région et plus encore comme une référence de la requalification de friches.

Aujourd'hui, l'entreprise familiale intervient dans quatre domaines d'activité : le gros œuvre à travers Tommasini Construction, la promotion de logements à travers son entité Dubois Promotion mais aussi sur la menuiserie et la couverture via Dubois Couverture et Tommasini Menuiserie (cf encadré). « Nous avons toujours souhaité que nos entités restent indépendantes pour garder conscience de ce qu'est chaque marché. Avec ces 4 entités, nous couvrons un spectre intéressant des métiers du bâtiment». 

Au cours des dernières années, le groupe a porté davantage ses efforts sur la promotion. «Dubois Promotion pèse aujourd'hui 35 M€ de chiffre d'affaires, soit quasiment l'équivalent de Tommasini Construction». Une stratégie complètement assumée : «La guerre du foncier nous a amené à nous diversifier. Aujourd'hui, l'attractivité de la MEL est telle que pour un appel d'offres public, on se retrouve face à 35 promoteurs, la concurrence est féroce» témoigne Olivier Tommasini.

Rives Blanches, Grands Moulins de Paris, Quai 22

Dubois Promotion connaît actuellement une forte activité et couvre une grande partie des villes moyennes de la région telles que Bailleul, Arras ou encore Valenciennes. L'entité, qui suit une belle trajectoire de croissance a réalisé des opérations d'aménagement d'envergure dernièrement. On pense au programme de 250 logements du côté des Rives Blanches et d'Euratechnologies à Lomme, 250 logements également dans le quartier Sainte-Hélène à Saint-André ou encore un programme de logements dans la zone des Grands Moulins de Paris à Marquette-lez-Lille. 

Dubois Promotion est aussi engagé dans le futur programme Caby à Saint-André où l'ensemble passera de 95% d'artificialisé à 50% de végétalisé. Une ancienne friche à réhabiliter dont le groupe a le secret. «Nous réalisions 50% de chiffres d'affaires en moins il y a encore 6 ans. Aujourd'hui, nous sommes positionnés comme un moyen promoteur avec l'équivalent de 150 logements par an» résume le dirigeant.

Condé-sur-Escaut : signature du gros contrat de l'histoire

Si la partie promotion booste le groupe, le gros œuvre, lui, a décru mais se relève depuis 2019. Connu pour avoir construit de nombreux musées en région à l'image du LAM de Villeneuve d'Ascq, du musée Matisse au Cateau-Cambrésis ou encore du musée de la bataille de Fromelles, Tommasini Construction ne fait pas que ce genre d'ouvrage. Le constructeur est également spécialisé dans des équipements publics à l'image du pôle culturel Pont des Arts à Marcq-en-Baroeul, équipements hospitaliers, bureaux, logements collectifs et collèges (Villeneuve d'Ascq, Bavay, Le Quesnoy, Lille-Wazemmes...). 

Récemment, Tommasini construction a décroché le plus gros contrat de son histoire : un ensemble composé d'un Ephad et d'une école primaire de 15 classes à Condé-sur-Escaut. Ce contrat sous la forme de MPGP (marché global de performance) de 29 M€ inclut la conception et la construction. «Au fil des années, nous avons intégré des compétences assez pointues et on est capables de faire des choses complexes. On a tout intérêt à aller vers des sujets qui demandent plus d'ingénierie» témoigne le chef d'entreprise. Aujourd'hui, le groupe centenaire cherche le parfait équilibre entre ouvrages complexes et ouvrages plus classiques.

Pénurie de candidats à l'emploi

Contrairement aux principales entités, Dubois Promotion et Tommasini Construction, les activités de menuiserie et de couverture sont «limitées par l'incapacité à recruter. Nous stagnons au même niveau depuis quelques années» regrette le dirigeant qui est confronté à une pénurie de main d'oeuvre. «Ces métiers n'attirent plus les jeunes malheureusement». Face aux crises à répétition qui secouent actuellement le secteur du bâtiment, le groupe centenaire préfère rester confiant : «Nous avons le moral et sommes optimistes, ce qui ne veut pas dire qu'on ne prend pas de coups. Mais aujourd'hui, nous privilégions la rentabilité plutôt que la croissance absolue» conclut Olivier Tommasini. Pour l'heure, le principal défi à relever pour l'ETI familiale est de préparer la quatrième génération.