Transport-Logistique : la crise sanitaire freine la dynamique de l’emploi dans la branche

Le constat général - dans la région comme au niveau national - est clair : l’année 2019 a vu une poursuite de la croissance de l’emploi de la branche des transports routiers et des activités auxiliaires du transport, mais la crise sanitaire est venue bouleverser ce contexte économique favorable.

Transport-Logistique : la crise sanitaire freine la dynamique de l’emploi dans la branche

Le 26 mars dernier, l’OPTL (Observatoire Prospectif des métiers et des qualifications dans les Transports et la Logistique) a présenté son rapport annuel relatif à l’activité de la branche des transports routiers et des activités auxiliaires du transport dans le Grand Est en 2019. Pour réaliser ces rapports annuels, l’OPTL exploite les statistiques disponibles relatives à l’emploi et à la formation dans la branche ainsi que les enquêtes annuelles réalisées depuis 1988 par les délégations régionales de l’AFT (Association pour le développement de la formation professionnelle Transport et Logistique) auprès d’un échantillon représentatif d’établissements, afin d’éclairer les spécificités de l’emploi dans la branche. En 2020, 213 questionnaires ont été recueillis et exploités dans le Grand Est. Que donnent à voir ces chiffres ?

L’emploi en progression en 2019

Entre 2018 et 2019, l’emploi a continué à progresser malgré un léger ralentissement de sa croissance. Au 31 décembre 2019, la branche comptait 64 082 salariés dans la région, soit une augmentation de 1,8 %. 1 120 emplois ont été créés dans la branche pendant cette période. Le mouvement suit la moyenne nationale qui a connu une hausse de 2,6 % avec environ 19 000 créations d’emplois. Le plus grand nombre d’emplois créés dans le Grand Est relève - pour 55 % - de la logistique, manutention et magasinage. Le Grand Est s’avère être la quatrième région de France en termes de répartition de l’emploi, avec des évolutions particulièrement positives en Lorraine et en Alsace. Le transport routier de marchandises y est plus représentatif qu’au niveau national en raison de la position transfrontalière de la région. L’emploi est plutôt stable avec notamment plus d’un tiers des salariés ayant plus de 10 ans d’ancienneté. La croissance des effectifs ne s’accompagne pas d’une augmentation des contrats courts. En effet, 7 740 embauches ont été réalisées en CDI contre 2 546 en CDD. Les CDI représentent 95,2 % des contrats signés dans la branche. L’on note néanmoins un turnover assez important en 2019, les salariés étant assurés - avant la crise - de retrouver un emploi facilement en cas de démission. Notons que l’emploi des jeunes est dynamique ainsi que la formation, l’essentiel des demandes de contrats d’apprentissage et de professionnalisation ayant été comblées, soit 367 contrats conclus.

La vitalité de l’emploi freinée par la crise

La crise sanitaire a bouleversé la dynamique observée en 2019. 78 % des établissements de la branche se sont trouvés impactés par les mesures gouvernementales liées à la pandémie. Les restrictions de déplacement imposées ont affecté l’activité, particulièrement celle du transport de personnes. Le contexte n’a été favorable ni au transport de voyageurs qui a subi l’arrêt des transports réguliers, ni au transport sanitaire. En effet, l’inquiétude liée à la sécurité sanitaire, les confinements et l’engorgement des hôpitaux ont engendré des déprogrammations et reports d’interventions et d’actes médicaux ou paramédicaux, les consultations à distance se sont développées, tout ceci pénalisant sévèrement ce secteur d’activité. Des points positifs doivent néanmoins être soulignés. La crise a mis en lumière le rôle essentiel joué par les emplois logistiques et de la conduite routière pour acheminer les marchandises parfois jusqu’au domicile, sécuriser l’approvisionnement des magasins et des consommateurs en biens de première nécessité et permettre aux entreprises de continuer à produire sans rupture de la chaîne. L’on a ainsi pu observer un accroissement de l’activité dans certains secteurs, notamment celui des prestataires logistiques et du transport de marchandises. Le contexte engendre une augmentation du nombre de travailleurs indépendants, tendance qui continuera sans doute à s’accuser dans le contexte que l’on connaît, avec le succès par exemple des activités de livraison à domicile ou encore de transport de repas. Le déconfinement a été suivi d’un rebond dans presque tous les secteurs d’activité. Dans le domaine du transport de voyageurs, seul le secteur du tourisme ne repart pas. L’on compte néanmoins peu de licenciements liés à la crise dans ce secteur en raison des aides apportées par l’État mais aussi de la répartition du personnel concerné dans les autres principaux domaines d’activité.

Un horizon en demi-teinte

Le contexte actuel suscite l’inquiétude et assombrit l’espoir d’une reprise économique solide et rapide. Les perspectives demeurent préoccupantes pour le transport de voyageurs et le tourisme en particulier. Il faut souligner cependant qu’en plus du phénomène de rattrapage qui pourrait s’observer dans la consommation des ménages, des créations d’emplois sont attendues dans la région avec le déploiement continu des plateformes logistiques et une activité de transport routier de marchandises qui s’avère indispensable notamment sur les «derniers kilomètres». Autant d’éléments laissant entrevoir un horizon 2021 non pas sombre, mais en demi-teinte.

                                                                                                                                                                  E.F