La crise du logement va-t-elle impacter l'emploi ?
Le logement constitue un véritable frein à l'emploi, alertent les syndicats patronaux depuis plusieurs mois. Mais le sujet constitue aussi un véritable casse-tête en matière de politiques publiques locales a montré un débat organisé par Intercommunalités de France.
Avec la crise actuelle de la construction, du logement, l'enjeu n'en devient que plus prégnant. Le 31 janvier dernier, à Paris, une table ronde était consacrée à « réinventer le lien emploi-logement », lors de la « Journée finances » organisée par Intercommunalités de France. Ce lien, il a été identifié par le monde entrepreneurial depuis longtemps, rappelle Bruno Arcadipane, président d’Action Logement. Piloté par les partenaires sociaux, l'organisme investit massivement dans le logement social et intermédiaire grâce à la PEEC, Participation des employeurs à l'effort de construction (0,45% de la masse salariale des entreprises employant 50 salariés et plus). « Ce combat date d'il y a 70 ans. A l'origine d'Action Logement, ce sont des entreprises du nord de la France qui s'étaient réunies pour fournir des logements à leur salariés », rappelle Bruno Arcadipane. Actuellement, le premier bailleur social de France mène divers projets, par exemple, à Dunkerque, ou dans la région de Grenoble, où il construit une résidence à proximité d'une zone industrielle où sont implantées STMicroelectronics et d'autres entreprises de la tech.
Mais lors de la table ronde, deux témoignages d'élus locaux ont illustré combien les enjeux peuvent différer selon les territoires. Ainsi, en Île-de-France, à l'Est de Paris, le territoire de l'établissement public territorial Paris Est Marne et Bois ( 520 000 habitants) connaît une problématique spécifique, d'après Gilles Carrez, président de la commission des finances de l'établissement public. « Nous avons un énorme déficit d'emplois », explique-t-il. Les élus locaux sont mobilisés sur le sujet et espèrent beaucoup de l'amélioration prévue des transports.
« Les riverains ne veulent pas de projets de logements »
Mais l’État et la métropole du grand Paris, selon Gilles Carrez, verraient bien cette zone géographique jouer le rôle de lieu de résidence pour des personnes qui travailleraient ailleurs au sein de la métropole... En résulte une pression pour remplacer les pavillons par des immeubles, ce à quoi s'opposent habitants et élus. « La situation est conflictuelle. Accueillir des habitants nouveaux, c'est déstabiliser les budgets locaux. Les habitants déjà hostiles à la densification trouvent cela injuste ! », relate Gilles Carrez.
Autre exemple, totalement différent, celui de la communauté de communes du Grand Figeac (Occitanie). Le territoire, qui réunit 92 communes et 45 100 habitants, conjugue une densité urbaine très faible et des îlots qui concentrent des emplois industriels, notamment dans l'agroalimentaire et l'aéronautique. Ici, comme ailleurs, « La première préoccupation des chefs d'entreprise, c'est le logement », confirme Vincent Labarthe, président de la collectivité . Mais l'enjeu se complique de la nécessité de fournir des habitats adaptés aux différentes populations, cadres et ouvriers. En outre, « nous avons aussi un problème de logement saisonnier pour les destinations très touristiques comme Rocamadour », ajoute Vincent Labarthe. Pour Audrey Linkenheld, sénatrice du Nord (PS), les collectivités font face à une situation complexe : « Elles ont de plus en plus de difficultés car elles ne disposent plus de la taxe d'habitation qui constituait une incitation à faire des logements. Par ailleurs, aujourd'hui, les riverains ne veulent pas de projets de logements. Il est plus fréquent qu'ils fassent un recours plutôt qu'ils applaudissent. L'équation est extrêmement difficile » .