Enquête de conjoncture de la CPME
La crise du logement renforce les difficultés de recrutement
Une récente enquête de la CPME montre que les entreprises peinent toujours à recruter et que cela impacte fortement leur activité. La difficulté pour se loger à proximité de l’entreprise est mis en avant par un salarié sur cinq. Zoom sur les principaux résultats de l’enquête de conjoncture de l’organisation patronale.
Alors que près d’un dirigeant sur deux (46%) cherche à recruter, 85% des entreprises, de toutes tailles et de tous secteurs d’activité, rencontrent des problèmes pour embaucher, notamment les PME et les entreprises industrielles. Elles sont même 86% dans l’industrie ou le bâtiment et 87% dans les services, à éprouver ces difficultés. Une situation stable par rapport au premier semestre 2023, qui confirme la peine des entreprises à se développer.
C’est ce que révèle la CPME, Confédération des petites et moyennes entreprises, dans une récente enquête de conjoncture menée auprès de dirigeants de TPE-PME*. En cause notamment ? La difficulté d’accès au logement. Ainsi, un chef d’entreprise sur cinq (19%) signale que des candidats ont renoncé à venir dans leur entreprise en raison de difficultés pour se loger à proximité de l’entreprise, soit deux fois plus qu'il y a six mois. Pour rappel, ils n’étaient que 10% dans l’enquête CPME d’avril 2023 à citer ces entraves.
«Il est désormais plus qu’urgent d’agir», réclame l’organisation patronale. Car ces difficultés de recrutement ont un impact significatif sur l'activité. Ainsi, 53% des dirigeants concernés disent refuser des commandes ou des ventes par manque de personnel. Un «formidable gâchis» qui «exaspère les chefs d’entreprise qui ne s’expliquent pas comment ils se retrouvent dans cette situation alors que la France compte encore plusieurs millions de chômeurs indemnisés», note encore la Confédération.
Pour autant, moins d'un tiers des dirigeants (31%) confrontés à ces difficultés de recrutement considèrent que la régularisation des travailleurs étrangers, en balance dans le projet de loi immigration actuellement examiné à l'Assemblée nationale, pourrait apporter une solution à leur entreprise. A noter qu’ils sont cependant plus nombreux dans les secteurs d’activité les plus en tension, comme le bâtiment (47%) ou le transport routier (43%).
Près de la moitié des dirigeants craignent le départ de salariés
Côté rémunérations, plus d'un dirigeant sur deux (55%) prévoit une revalorisation des salaires dans son entreprise au 1er janvier 2024. Une proportion qui grimpe à 61% dans l’industrie et à 53% dans le bâtiment. En parallèle, 58% souhaitent verser une prime à leurs salariés – de partage de la valeur ou primes individuelles. Dans le bâtiment ou l’industrie, ils sont encore plus nombreux (respectivement 64% et 67%). Une presque obligation selon eux, puisque 49% des dirigeants redoutent le départ de leurs salariés, en l’absence de hausse des salaires. 14% signalent même le risque d’un conflit social dans leur entreprise. Dans les entreprises de 10 à 249 salariés, ils sont même 19% à s’inquiéter de ce risque de conflit.
Néanmoins, la diminution des allègements de charges entre 2,5 et 3,5 smic ne serait pas sans conséquence sur ces hausses de salaire. Elle aurait ainsi pour effet de les stopper pour 39% des chefs d’entreprises. Autre conséquence néfaste de cette remise en cause, une perte de compétitivité pour 51% des dirigeants, ou encore un impact sur le nombre de salariés pour 28%. A noter que le gouvernement, dans le projet de loi de Finances 2024 prévoit pourtant un plafonnement en valeur absolue des allègements de charges entre 2,5 et 3,5 Smic.
Autre réglementation qui fait débat, l’obtention de jours de congés payés pour les salariés en arrêt maladie. Sur ce sujet, les chefs d’entreprises employant au moins un salarié sont presque unanimes : la quasi-totalité (93%) d’entre eux considèrent comme anormal que des salariés en arrêt maladie bénéficient de jours de congés payés, au titre des périodes non travaillées. «Sur ce point, le gouvernement ne pourra donc pas mettre la poussière sous le tapis. Se contenter de ne pas surtransposer la directive européenne ne suffira pas», indique la CPME. Une jurisprudence que François Asselin a qualifié d’incroyable, lors d’une table ronde sur le thème «Entreprises en 2024 : urgences et priorités», organisée par la Délégation sénatoriale aux entreprises, le 9 novembre dernier : «Au-delà du coût, on est sur un combat de valeur : du non-travail produit des congés», s’était-il alors interrogé.
*Étude basée sur 1 418 réponses de dirigeants de TPE-PME interrogés via un questionnaire en ligne, auprès des adhérents de la CPME, du 26 octobre au 20 novembre 2023