La course au senior...
C’est le mantra hexagonal du moment : le plein-emploi et l’employabilité des seniors. Sur ce dernier point, en Europe, seuls la Suède, le Danemark, l’Allemagne, l’Estonie et les Pays-Bas dépassent le taux de 70 %. Dans notre pays, il est de 56 %.
Avec cet objectif gouvernemental de le porter à 65 % d’ici trois ans. Le 30 janvier dernier, le Premier ministre Gabriel Attal, dans son discours de politique générale, annonçait la suppression de l’allocation spécifique de solidarité (ASS), la basculant vers le RSA. Pour l’exécutif, la mesure a un avantage budgétaire puisque le RSA est à la charge des départements quand l’ASS est versée par France Travail. Le transfert de plus de 320 000 bénéficiaires de l’ASS représente pour l’État une économie de quelque 2 Mds€. Pour toucher l’ASS, il faut avoir travaillé au moins cinq ans sur les dix dernières années. Montant mensuel pour une personne seule : de 545 à 563 €. 58 % de ces demandeurs d’emploi de longue durée ont plus de 50 ans. Une enquête de Review Jobs nous renseignait sur la perception des salariés seniors par l’ensemble des salariés avec cette conclusion qui interroge : «les salariés seniors sont jugés compétents, investis, impliqués… mais près d’un tiers des jeunes estiment toutefois qu’un senior ne pourrait s’adapter au contexte spécifique de leur entreprise et de leur métier et n’y trouverait pas sa place finalement.» Dernier paramètre, en 2023, selon l’Insee, les plus de 50 ans ont créé plus de 150 000 entreprises. Les anciens cadres sont 37 % à être devenus micro- entrepreneurs, 50 % à avoir créé une entreprise. Les entrepreneurs de plus de 60 ans représentent 27 % des créateurs : 51 % d’entre eux étaient chômeurs ou inactifs au moment de leur création. Entrepreneuriat rebond, entrepreneuriat contraint de fin de carrière : derrière les froides statistiques, les chiffres bodybuildés, les effets d’annonce et les coups de com’, il y a une évidence, trop souvent négligée : celle de vécus de femmes et d’hommes. Des réalités humaines…