La cosmétique conjugue innovation et beauté «durable»

Derrière le glamour, les parfums et la cosmétique constituent une industrie florissante et très technique, voire, technologique. Florilège des inventions en cours présentées au salon professionnel Cosmetic 360 à Paris, placé, cette année, sous le signe de la responsabilité sociétale d'entreprise.

© funfunphoto
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Organisé par la Cosmetic Valley, pôle de compétitivité dédié à la cosmétique, et consacré à l’innovation dans le secteur, le salon Cosmetic 360 s’est imposé comme un rendez-vous international. Cette année, il a attiré plus de 5 000 professionnels, représentants de  grandes marques, PME, start-up ou laboratoires de recherche venus de 70 pays, d’après les organisateurs.

Au fil des stands, les visiteurs ont découvert nombre de nouveautés dont certaines concilient technologies de l’information et expertise traditionnelle du secteur. Et elles proposent de nouveaux usages aux consommateurs, notamment en personnalisant produits et services. C’est le cas de «Skin Consult AI» de la marque Vichy (groupe L’Oréal), qui conjugue connaissances en dermatologie, big data et intelligence artificielle. Dans le hall central, quelques journalistes assistent à une démonstration de cette application qui a déjà été testée par environ 100 000 utilisateurs en France et au Canada. Concrètement, l’internaute peut bénéficier d’un diagnostic de sa peau en ligne, à partir d’une  photographie de son visage. Sur cette base, des produits à utiliser lui seront recommandés. Au niveau du diagnostic, «nous avons un taux de 95% de précision, par rapport à l’œil d’un dermatologue», précise Laurie Jacquet, représentante du service digital de la marque. Ce service s’appuie sur un «atlas du vieillissement cutané», une base de données de 6 000 photographies compilée durant 15 ans avec des dermatologues, qui répertorie 25 signes du vieillissement (rides, peau distendue…). L’intelligence artificielle a permis le développement d’un algorithme qui a appris à repérer ces signes sur la photo de l’internaute, et à les comparer avec ceux figurant dans l’atlas, pour ensuite élaborer une préconisation.

Crème calibrée selon la météo

Un peu plus loin dans le salon, dans la zone réservée aux start-up, une petite société venue de Corée du Sud,  Toun 28 – une trentaine de salariés –  illustre une autre voie prise par  la cosmétique, celle de la personnalisation du produit dans sa conception même. «Chaque mois, nous vous envoyons votre produit, en fonction de la météo. Et si vous changez d’endroit, ce sera évidemment un autre produit. Nous mettons dix jours à les fabriquer, à base de produits naturels. Ils sont livrés dans de petits sachets biodégradables», explique Ahran Won, représentante de l’entreprise. Au démarrage, un salarié de l’entreprise vient évaluer la peau du consommateur, à l’aide d’un outil qui mesure une douzaine de paramètres, comme son degré d’hydratation. Active dans son pays, Toun 28 vise à présent le marché européen. Autre exemple d’innovation, toujours dans le sens de la personnalisation du produit, «Mink Printer» une imprimante de maquillage. Jaret Kim, la directrice générale de la start-up américaine Mink fait la démo : elle photographie des tomates cerise, envoie la photo au logiciel. Quelques secondes plus tard, l’imprimante, de la taille d’une box multimédia, recrache une feuille sur laquelle s’affichent les tomates. Alors, d’un doigt, Jaret Kim retire un peu de la matière de l’image pour l’appliquer sur sa joue. Déjà lancée Outre-Atlantique, la petite imprimante pourrait bien, elle aussi, débarquer en Europe…

Do it yourself

Autre exemple de nouveauté présentée à Cosmetic 360,  le Robot Beauty Mix, qui mise sur une nouvelle tendance de consommation : réaliser soi-même ses  produits. La petite entreprise française qui a conçu le robot a été lancée en février dernier. «On peut préparer soi-même son produit, que ce soit de la crème, du dentifrice, de l’après-rasage ou un stick pour les lèvres auxquels on peut rajouter des pigments pour faire du rouge à lèvres. Ce sont des produits bio, qui viennent de moins loin possible, sauf pour l’huile de jojoba, par exemple. C’est plus sain pour la peau et plus économique. Un pot de crème de 30 ml revient à 4 euros», témoigne Julien, stagiaire, sur le stand. La société propose une trentaine d’ingrédients et livre ses recettes sur Internet et commercialise déjà ses produits chez Nature et Découvertes.

Emballages en canne à sucre

Parmi les nouveautés très commentées sur le salon, figurait également celle de  Lyspackaging, une petite entreprise basée en Charente-Maritime : la «vegan bottle», un emballage élaboré à partir de matière végétale (la canne à sucre), biodégradable et compostable. La nouveauté se présente comme une alternative pour lutter contre la pollution des bouteilles plastiques, dans la lignée des préoccupations du secteur en matière de développement durable. Une démarche qui prend aussi la forme du retour … au verre, matériau très recyclable et qui fait aujourd’hui l’objet de techniques de fabrication de plus en plus performantes sur le plan énergétique.

Sur le salon, étaient présentes, pour la première fois, plusieurs entreprises de la Glass Vallée, cluster du flaconnage de luxe rassemblant 70 entreprises sur un territoire situé à la frontière de la Normandie et des Hauts-de-France. «La cosmétique et la parfumerie sont notre premier client. Les principaux verriers travaillent à 95% pour eux. Depuis trois ans, nous sentons une vraie dynamique, toujours dans le haut de gamme», témoigne Matthieu Soichet, représentant de Val Fi, spécialiste du décor sur verre. À la Glass Vallée aussi, le savoir-faire traditionnel se conjugue avec l’innovation.

 “La cosmétique et la parfumerie sont notre premier client. Les principaux verriers travaillent à 95% pour eux.”


 

L’innovation, dans le détail du salon

le groupe LVMH a soutenu un Hackathon «Sustainable beauty challenge», auquel ont candidaté 350 étudiants. © Anne Daubree

Au total, sur les 250 exposants du salon, 60% sont des nouveaux venus. «Lorsqu’on n’a pas d’innovation à montrer, on ne vient pas à Cosmetic 360», résume Marc-Antoine Jamet, président du pôle de la Cosmetic Valley, lors de la conférence de presse de présentation de l’événement. Pourtant, c’est chaque détail de l’organisation du salon qui se concentre sur l’innovation. Cette année, par exemple, le groupe LVMH a soutenu un Hackathon «Sustainable beauty challenge», auquel ont candidaté 350 étudiants. Les 35 sélectionnés, répartis en sept équipes, se sont lancés dans une compétition remportée par les élèves de l’Ipag Business school, une école de commerce. Leur projet concerne le recyclage des invendus de parfums. Autre exemple d’événement organisé sur le salon : «Open innovation», des séries de rendez-vous entre des grandes marques, comme Johnson & Johnson, les Laboratoires Pierre Fabre, ou Yves Rocher, à la recherche d’innovations, et des start-up venues du monde entier, qui proposent leurs projets.