La convention CIFRE est un premier pas vers l’emploi
Le dispositif est encore mal connu. Il est pourtant financé par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche. L’université Picardie Jules Verne a donc décidé de parler du dispositif CIFRE, convention signée entre un doctorant, un laboratoire de recherche et une entreprise. Cette année, la journée de présentation était délocalisée à l’Insset (Institut supérieur des sciences et techniques) de Saint-Quentin.
Pour ce jeune doctorant, le dispositif lui a changé la vie et lui a surtout ouvert les portes d’une thèse. « C’est vraiment quelque chose de très enrichissant. On a une vraie expérience de l’entreprise », explique-t-il. Malgré une grande appréhension à travailler en entreprise, il a choisi le dispositif CIFRE pour financer sa thèse. Cette convention entre un doctorant, une entreprise et un laboratoire de recherche rapproche deux mondes qui ont besoin l’un de l’autre pour évoluer. Il offre des perspectives de carrière à ces futurs doctorants, aussi bien en entreprise qu’en université, puisque environ 10 % des futurs doctorants peuvent choisir de devenir maître de conférence. La majeure partie choisit la voie de l’entreprise, et bien souvent l’entreprise qui les a embauchés au cours des trois années de doctorat.
Construire le projet
Les animateurs de cette après-midi dans l’auditorium de l’Insset mardi 11 décembre avaient donc pour but de présenter ces différents avantages aux éventuels futurs doctorants de l’université saint-quentinoise. Philippe Gautier, chef de service adjoint à l’association nationale pour la recherche technologique, a d’ailleurs précisé quelques points nécessaires pour réussir à bénéficier d’une thèse financée par une convention CIFRE. « Pour avoir une convention CIFRE, il faut construire le projet. Le plus intéressant est le stage de mastère. Cela peut être la bonne opportunité pour entrer dans l’entreprise comme doctorant. » Pour présenter le dispositif, l’université Picardie Jules-Verne, organisatrice de l’événement via la direction de la recherche, de la valorisation et de l’innovation (DRVI), a mis tous les atouts de son côté car environ 75 % des dossiers présentés pour une convention CIFRE sont acceptés contre seulement 15 à 20 % pour une convention doctorale lambda financée par la région ou l’Etat.
Une vraie solution
Cette convention change la vision du doctorant. Ce dernier est embauché en alternance, travaillant à la fois pour un laboratoire et une entreprise. « Le doctorant n’est plus un étudiant, mais un salarié », a rappelé Christian Masquelier, directeur de l’école doctorale en science, technologie et santé d’Amiens. La convention est encore mal connue et très mal appréciée des futurs doctorants comme le rappelle le jeune doctorant qui témoignait : « Ce n’était absolument pas ce que j’avais prévu au départ. » Mais après deux ans de recherche pour faire financer son doctorat, le CIFRE lui a apporté une vraie solution avec aussi un salaire de plus de 23 000 € brut à la clef. Et les entreprises en recherche de tel partenariat sont très nombreuses. A commencer par le CETIM, dont l’un des représentants était présent cet après-midi. Ce centre de recherche pour les entreprises mécaniques françaises embauche une trentaine de salariés en ce moment-même dans ses locaux. « Vingt pour cent de nos ingénieurs ont une expérience de thèse », a-t-il expliqué aux étudiants. Si la convention change et met en avant la relation entre recherche et entreprise, la notion de qualité n’est pas oubliée pour autant.
Les grandes entreprises françaises l’ont bien compris puisqu’elles sont majoritaires dans les créations de convention CIFRE. Grâce à cela, les étudiants ont plus facilement accès à l’emploi puisqu’il faut moins de trois mois à un doctorant issu d’une convention CIFRE pour être embauché. Les étudiants de l’Insset présents n’ont pas hésité à poser beaucoup de questions pour essayer de glaner un maximum de précisions. La démarche se veut plus compliquée que pour la réalisation d’une convention doctorale classique. « Il faut aussi savoir se vendre. Il faut faire des candidatures spontanées. L’alternance peut être un bon biais », a rappelé Philippe Gautier. Une situation de recherche d’emploi à laquelle les étudiants ne sont pas encore assez préparés.